À 24 h de l’expiration du délai accordé par les nouvelles autorités du Niger à l’armée française pour plier bagage, suite à la dénonciation des accords militaires qui liaient le Niger à la France, la société civile a promis de sortir. Pour joindre l’acte à la parole, ce sont des centaines de milliers de manifestants qui se sont rendus au niveau du camp militaire de l’Escadrille à l’appel du mouvement M62, le samedi 2 septembre dernier, cela malgré la forte pluie qui s’est abattue sur la capitale nigérienne. D’est en ouest, du nord au sud, c’est un tsunami d’individus qui avait failli s’abattre sur la base militaire, n’eut été le barrage des forces de défenses et de sécurité nigérienne.
En effet, de mémoire de nigériens, l’on n’a jamais assisté à une telle mobilisation ces 15 dernières années dans la capitale nigérienne. Sans distinction d’âge ou de sexe, venues de tous les quartiers, même les plus éloignés du point de rencontre, à pied, à vélo, à moto ou accrochés aux capots des véhicules, les populations de Niamey ont démontré leur ferme détermination à défendre l’honneur et la souveraineté du Niger devant les menaces de la CEDEAO et de la France.
Présent à ce mémorable évènement révolutionnaire, le ministre du Commerce et de l’Industrie du Niger, M. Seydou Asman accompagné des opérateurs économiques, est venu, apporter son soutien, car ‘’Labu Sanni no !”, autrement dit « C’est une question nationale ». Et aucun nigérien ne doit rester à la traine dans cette marche vers la souveraineté. Pour le ministre Seydou Asman, cette mobilisation est le point de départ de la plus grande révolution de notre pays, parce que dit-il, beaucoup de choses vont être revues pour que ça puisse uniquement profiter au peuple. Ce à quoi on assiste aujourd’hui est la remise en cause intégrale de certaines coopérations qui ne profitent pas du tout à notre pays, c’est notamment le cas avec la France.
Le cœur plein de joie face à la fougue d’une jeunesse qui rejette le colon, le ministre a déclaré « une joie inestimable m’anime, parce que j’ai trouvé hommes, femmes et une jeunesse debout. C’est une richesse à conserver. Quand vous voyez un peuple dans lequel la jeunesse est réveillée, ça veut dire que le développement est là-devant. Tous mes encouragements à cette jeunesse, elle n’a qu’à tenir bon et elle tient bon. C’est l’occasion formelle pour qu’on puisse défendre notre patrie, pour que notre pays sorte des difficultés dans lesquelles il se trouve. C’est le moment où jamais. Quand vous avez le peuple derrière vous, vous avez toutes les chances de réussir. C’est une chance en tout cas pour l’ensemble du peuple nigérien qui est désormais uni. Et c’est cela que nous recherchons ».
Pour, Mme Souleymane Falmata Taya, trésorière du mouvement M62, c’est un signal fort qui vient d’être donné. Ainsi rappelle-t-elle le délai d’un moi donné aux militaires français pour quitter prend fin le dimanche 3 septembre. « Ils pensent que ce sont juste des mots, nous voulons joindre l’acte à la parole. Nous nous sommes réunis ici, hommes, femmes, civils et militaires pour un seul objectif qui est le Niger ; nous devons nous battre parce que nous n’avons qu’une seule et unique patrie », a-t-elle martelé.
En outre, elle a fustigé, la gouvernance des autorités déchues qui avaient ouvert grandement la porte à l’installation de l’armée française. D’ailleurs là-dessus, elle n’a pas mâché ses mots et n’y est pas allée de main morte. « Elles sont arrivées sur le sol nigérien de façon illégale avec l’aval des valets locaux qui sont là, au nom des colons français. Bien avant le coup d’État la marionnette de la France disait que les terroristes sont plus aguerris que nos militaires. Nous avons compris qu’il ne parlait pas de ces terroristes, il parlait plutôt de la France, car dans l’habit de ces terroristes, il y a la France qui est aux commandes. Ce ne sont pas ces terroristes qui nous combattent parce qu’ils ne peuvent pas faire ce massacre de centaines de morts civils et militaires. Rien que les réunions que Macron convoque par-ci, par-là, nous savons qu’il y a anguille sous roche. Les Français ne sont pas au Niger pour aider les Nigériens, ils ne sont pas au Niger pour combattre le terrorisme, mais ils y sont pour semer la terreur avec leur mode impérialiste », a-t-elle déclaré.
« Aujourd’hui, dit-elle, le Nigeria dit qu’il va nous attaquer, ils ont le terrorisme chez eux, ils ont Boko Haram. Si le Nigeria existe aujourd’hui, c’est grâce au soutien apporté par feu Diori Hamani à l’armée nigériane pendant la guerre du Biafra. Nous n’avons peur de personne car nos FDS sont déterminées. Ce terrorisme ne vient pas du ciel, ça ne pousse pas de la terre, ça a été créé par la France, autrement, nous ne pouvons pas comprendre quelqu’un qui n’a jamais été à l’école faire des armements, des munitions, faire des embuscades », a-t-elle ajouté. Pour répondre aux détracteurs du Niger qui se font appeler « spécialiste de l’Afrique » assis à Paris, qui disent qu’il y a un sentiment anti-français au Niger, elle dit ceci : « Les Français ne doivent pas croire que les Nigériens s’en prennent à eux, mais c’est leur politique qui ne nous convient pas puisque nous sommes mariés entre nous, nous avons des enfants. Si leur politique était basée sur du gagnant-gagnant, on ne serait pas arrivés dans cette situation », a-t-elle conclu.
Hamissou Yahaya(onep)