Nigériennes, Nigériens,
Mes Chers Concitoyens,
C’est la dixième fois que je m’adresse à vous à l’occasion des cérémonies commémorant l’anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance. L’année prochaine, à la même date et à la même heure, le Président que vous aurez élu, le 27 décembre ou le 20 Février prochains selon le cas, vous présentera ses vœux à l’occasion du 61eme anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. En effet, point d’orgue dans la mise en œuvre du programme de renaissance, étape décisive dans le processus de consolidation des institutions démocratiques et républicaines, les élections locales, législatives et l’élection présidentielle 1er tour ainsi que le deuxième tour de l’élection présidentielle seront organisés respectivement le 13 décembre 2020, le 27 Décembre 2020 et le 20 Février 2021. Oui ça sera le point d’orgue. Oui ça sera une étape décisive ; ça sera ma plus grande réalisation, celle de la promesse la plus emblématique du programme de renaissance.
C’est pourquoi j’accorde une attention particulière à la préparation et au déroulement de ces élections qui du reste revêtent un caractère historique car pour la première fois en 60 ans d’indépendance, un Président démocratiquement élu passera le témoin à un autre président démocratiquement élu.
Pour assurer la transparence et la crédibilité du processus électoral nous avons veillé à la mise en place d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI), à l’élaboration d’un fichier électoral biométrique, et à l’arbitrage du contentieux électoral par une cour constitutionnelle ayant une composition de nature à assurer son indépendance.
Je me réjouis de constater l’engouement suscité par l’opération d’enrôlement biométrique des électeurs dans toutes les régions de notre pays, ce qui a permis d’obtenir un nombre d’enrôlés de 7,4 millions d’individus, quasiment équivalent à celui des élections de 2016. Ce résultat est le fruit du travail abattu par le comité du fichier biométrique et l’opérateur technique malgré des conditions de sécurité et de travail parfois très délicates.
Pour garantir et renforcer la transparence et la crédibilité des différents scrutins, j’ai demandé à l’OIF, la CEDEAO et l’Union Africaine l’audit du fichier biométrique en cours d’élaboration. Cet audit renforcera la confiance des acteurs politiques et renforcera notre processus électoral.
Je me réjouis aussi de l’établissement par la CENI d’un chronogramme des élections consensuel parce que conforme aux souhaits de tous les partis politiques. Cela confortera davantage la position de notre pays comme modèle de démocratie. Surtout, avec la légitimité et la stabilité des institutions qu’elles assurent, les élections transparentes constituent une des conditions de la poursuite de la transformation économique et sociale du pays. Aussi le Gouvernement est–il instruit pour que la CENI dispose des ressources dont elle a besoin pour l’organisation de l’ensemble des scrutins dans les délais convenus et dans les meilleures conditions de transparence.
Je lance un appel aux partis politiques, ceux de la majorité comme ceux de l’opposition ainsi que les non affiliés, à privilégier les débats d’idées, les débats programme contre programme. Ça sera leur contribution à la modernisation de la vie politique dans notre pays. Ça sera leur contribution à la promotion des valeurs et à une expression noble des suffrages. Les partis politiques doivent tirer, de nos trente années d’histoire démocratique, cette leçon évidente : le peuple nigérien rejette les archaïsmes politiques notamment les replis identitaires, il reste attaché à son unité et préfère voter pour des idées. Un débat sain et programme contre programme sera la meilleure façon de lui témoigner le respect qu’il mérite.
C’est le lieu de saluer l’accompagnement technique et financier de nos partenaires, pays amis et organisations internationales, dans la mise en œuvre de ce processus électoral historique pour notre pays.
Mes Chers Concitoyens,
Nous avons besoin d’institutions démocratiques fortes pour transformer à long terme notre pays. Nous en avons besoin dans l’immédiat pour relever le défi sécuritaire. En effet nous continuons à faire face à plusieurs foyers de menaces : Boko Haram, actif dans le lit du lac Tchad, les organisations terroristes et criminelles à nos frontières avec le Mali et le Burkina Faso, les bandits armés à la frontière entre la région de Maradi et le Nigéria et les trafiquants de tous bords dans le désert du Sahara notamment à la frontière Libyenne.
Le combat qui nous oppose aux organisations terroristes et criminelles prendra du temps. Nous devons continuer à nous y préparer en conséquence. Aussi continuerons-nous à accroitre les effectifs de nos forces de défense et de sécurité. Pour assurer la sécurité d’un territoire aussi vaste que notre pays nous devons, au cours des prochaines années doubler au minimum ces effectifs. Nous devons continuer à mettre l’accent sur la formation et l’équipement des forces spéciales et à renforcer la troisième dimension. Nous devons aussi continuer à renforcer nos alliances. Promouvoir l’intégration sécuritaire, dans le bassin du lac Tchad à travers la Force Mixte Multinationale – FMM, dans le Sahel à travers la FC G5 Sahel, doit rester une priorité incontournable. Notre pays continuera à apporter sa contribution à la mise en place et à l’opérationnalisation de la coalition Sahel de lutte contre le terrorisme. La mise en place de l’opération Takuba, la contribution des forces africaines en coordination avec Barkhane, les armées nationales et la FC G5 Sahel constituent d’autant plus une source d’espoir que la mise en œuvre de la feuille de route du sommet de Pau du 13 Janvier 2020, récemment actualisée par le sommet de Nouakchott du 30 juin dernier, nous ont permis d’enregistrer de grands succès contre l’ennemi. En particulier, la mise en place d’un commandement conjoint a fait preuve de son efficacité. Dans ce combat commun, nos forces de défense et de sécurité prennent leur part avec honneur et dignité, confirmant ainsi qu’elles méritent leur classement parmi les meilleures armées de notre continent. Elles ont toutes mes félicitations et tous mes encouragements. Ceux de leurs éléments tombés sur le champ d’honneur vivront toujours dans nos mémoires. Les travaux de construction du mémorial qui leur est dédié vont démarrer très prochainement. Le gouvernement est instruit pour que le Waqf, mis en place pour que leurs familles vivent dans la dignité soit rapidement opérationnel.
En sa qualité de membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, notre pays poursuit le plaidoyer dans le sens d’une plus grande attention de la communauté internationale sur la situation sécuritaire au Sahel, l’élargissement et le renforcement du mandat de la MINUSMA, la recherche d’un financement pérenne de la Force Conjointe du G5 Sahel, le financement du programme d’investissement prioritaire du G5 Sahel, le règlement de la crise Libyenne.
La lutte contre le terrorisme est globale : politique, militaire, économique et idéologique. Ce caractère global est reflété par les quatre piliers définis au sommet de Pau et confirmés par celui de Nouakchott : l’intensification de la lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités militaires des Etats du G5 Sahel, l’appui au retour de l’État et des administrations dans les zones menacées par les groupes armés terroristes, l’aide au développement. La mise en œuvre de ces quatre piliers nous permettra non seulement de vaincre militairement le terrorisme mais aussi d’assurer le développement économique et social des pays du G5 Sahel.
Mes Chers Concitoyens,
La présente commémoration de notre indépendance intervient dans un contexte sanitaire et économique particulier. En effet, depuis le mois de décembre 2019, le monde entier est confronté à la pandémie de la COVID-19 dont les conséquences sanitaires, économiques et sociales sont désastreuses.
Notre pays n’en est pas épargné avec 1138 cas enregistrés au 1er août 2020 dont 69 décès. Cependant, du fait des mesures prises par le gouvernement, le coefficient de contamination est très faible : il faut plus de quatre malades pour contaminer une personne saine. Le taux de guérison est appréciable au point où notre pays est cité en exemple. La preuve est désormais faite que nous pouvons réussir là où les pays les plus développés échouent.
La pandémie est donc sous contrôle grâce à l’anticipation du gouvernement et à la mise en œuvre courageuse des mesures barrières. Néanmoins nous devons rester vigilants. Nous ne devons pas crier trop vite victoire, surtout que l’OMS prévoit que la pandémie peut durer longtemps. Pour convaincre les plus sceptiques sur sa gravité, il suffit de rappeler que l’un des cinq piliers de l’islam, le pèlerinage à la Mecque, n’a pu être observé cette année. Dans l’histoire, il y a eu quarante annulations du Hadj depuis la première en 929. La dernière annulation a eu lieu il y a environ deux siècles. Cela prouve bien la gravité de la situation. Soyons en conscients et continuons à respecter les mesures barrières définies par le gouvernement qui s’attèle par ailleurs à minimiser les conséquences socio-économiques de cette grave pandémie.
Les prévisions de croissance économique de notre pays sont revues à la baisse avec un taux de croissance qui chute de 5,9% à 1% en 2020. Plusieurs entreprises du secteur formel et de l’informel sont affectées avec pour conséquences des pertes d’emplois et de revenus pour plusieurs travailleurs et leurs familles.
Je félicite le gouvernement pour le succès dans la prévention et la prise en charge de la COVID 19 et ses conséquences. En particulier il faut se réjouir des dispositions prises pour sauver l’année scolaire et académique 2019-2020.
Pour mieux atténuer les impacts économique et financier, le gouvernement a conçu un plan de riposte évalué à plus de 1400 milliards de FCFA. Il a notamment adopté des mesures fiscales dérogatoires et mis en place auprès des banques de la place, un fonds de garantie pour faciliter le financement des entreprises affectées à hauteur de 150 milliards de francs CFA à un taux concessionnel. Au niveau de l’UEMOA, nous avons dû suspendre le Pacte de Convergence. En effet, il n’est pas judicieux de figer les critères budgétaires face à une crise aussi grave.
L’impact de la COVID 19 sur le secteur rural est également au centre des préoccupations du gouvernement, résolument engagé dans la mise en œuvre de l’initiative 3 N. Pour atténuer cet impact, comme il est de tradition à l’approche de la saison hivernale, le gouvernement a mis en œuvre un plan de soutien renforcé, d’un montant de plus de 300 milliards de FCFA, en faveur des populations vulnérables pour leur permettre de mieux aborder la campagne agricole. Les ressources financières mises à disposition ont permis de financer les opérations de vente à prix modéré de céréales, de cash for work, de transfert inconditionnel d’argent en faveur des plus démunis, de distribution gratuite de vivres et la vente d’aliment pour bétail à prix modéré. Ce plan de soutien a également pris en compte les besoins de la campagne agricole 2020-2021 des cultures pluviales et irriguées notamment l’approvisionnement des producteurs en semences, en engrais et en produits phytosanitaires.
Des missions ministérielles sont dépêchées dans les différentes régions pour faire le point de l’installation de la campagne hivernale. Il en ressort que malgré l’arrivée tardive des pluies, la plupart des villages agricoles ont semé. Les perspectives de la campagne agricole sont bonnes. Du reste les experts météorologues annoncent une saison pluviale au-dessus de la normale.
Face à la pandémie et à la crise socioéconomique qu’elle provoque permettez-moi de saluer et de remercier les partenaires pour le soutien inestimable qu’ils nous apportent. Notre pays a besoin de leur soutien pour relancer plus rapidement son économie. Ils savent que l’humanité a un destin commun qui nécessite plus de solidarité, cette valeur cardinale de notre société, plus d’égalité, plus de justice et plus de liberté. Ces valeurs doivent être à la base de nos actions pour une meilleure gouvernance politique et économique de notre pays.
Mes Chers Concitoyens,
A l’instar de la fête du 18 décembre, celle du 03 août est aussi tournante dans les chefs-lieux de régions. Cette année, l’honneur revient à Agadez d’abriter les cérémonies commémoratives de la fête de l’indépendance. Agadez est l’un des poumons économiques de notre pays. Agadez a bénéficié d’importantes réalisations du programme de renaissance dans tous les domaines. En particulier le Programme Agadez Sokni a permis de renforcer les équipements de la ville d’Agadez et de lui donner un nouveau visage. Un vaste programme de réalisation et de réhabilitation des infrastructures routières pour désenclaver la région est en cours. Ainsi les travaux de construction de la route Arlit-Assamaka-Frontière Algérienne et de réhabilitation du tronçon Agadez-Embranchement Ingall de la RTA seront bientôt achevés. Les tronçons restants de la RTA, dont les études sont terminées et le financement acquis, sont au stade d’appel d’offres et les travaux seront incessamment lancés. Le tronçon Zinder-Tanout est en cours de réalisation tandis que les études d’impact environnemental du tronçon Tanout-Tiguidit viennent d’être terminées.
La réalisation de toutes ces infrastructures sera un pas important dans la concrétisation de la route Transsaharienne qui traversera notre pays du nord au sud avec une branche en direction du Nigeria via Zinder et une branche en direction du Bénin via Tahoua.
Mes Chers Concitoyens,
On a coutume de dire que « nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ». C’est conscient de cela que le Gouvernement attache une grande importance à la fête de l’arbre qui coïncide avec la fête de l’indépendance et dont le thème retenu pour cette année est : « Investir dans la restauration du patrimoine forestier, c’est investir dans l’avenir ». Ce thème est un aspect central de l’initiative 3N, cette révolution verte que nous mettons en œuvre depuis bientôt 10 ans, afin de protéger notre capital naturel. Ce thème est aussi au centre de notre contribution déterminée au niveau national (CDN) qui est notre contribution à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. Le Gouvernement attache une grande attention à la préservation et à la restauration du patrimoine forestier. C’est dans cette perspective qu’il cherche à promouvoir des énergies alternatives au bois, qu’il intensifie la plantation des arbres, qu’il mène des travaux de restauration des terres dégradées notamment à travers la Régénération Naturelle Assistée (RNA) qui a fait récemment l’objet d’un décret qui en réglemente la pratique. La préservation et le développement du patrimoine forestier exige des actions hardies en matière de lutte contre le changement climatique, et de gestion durable des terres. Cette incitation à planter les arbres et à les entretenir est conforme aux recommandations du Prophète (paix et salue sur lui) rapportées dans un hadith qui en substance dit que tout homme qui plante un arbre aura une rétribution ici-bas et dans l’au-delà.
Continuons donc à planter des arbres et à les entretenir. Continuons à développer des initiatives individuelles et collectives de reboisement notamment promouvons la régénération naturelle assistée sur l’ensemble du pays pour faire échec aux effets négatifs du changement climatique sur notre présent et notre avenir.
Permettez-moi de vous présenter mes meilleurs vœux à l’occasion de la fête de l’Aid El Kebir et de vous souhaiter joyeuse fête de l’indépendance.
Que Dieu bénisse le Niger et nous gratifie d’un hivernage fécond.
Je vous remercie.