Nigériennes, Nigériens,
Mes chers compatriotes
Depuis le 30 juillet dernier, nous vivons dans notre chair les sanctions d’une ampleur sans précédent prises contre le Niger et son peuple suite aux évènements du 26 juillet 2023.
Ces sanctions visent notamment à nous priver de ressources financières indispensables au fonctionnement de nos institutions, à entraver notre vie quotidienne et à étouffer notre économie et le petit commerce.
En outre, ces sanctions vont jusqu’à priver délibérément nos laborieuses populations de tout approvisionnement en produits alimentaires et pharmaceutiques.
Finalement, comme s’il y avait un plan visant le démantèlement de notre pays, la CEDEAO s’apprête à agresser le Niger en mettant sur pied une armée d’occupation en complicité avec une puissance qui est étrangère à notre espace communautaire et à notre continent.
Ces sanctions sont illégales parce que contraires au principe d’intégration, de solidarité et de libre circulation dans une communauté telle que la CEDEAO. Ce caractère illégal est du reste attesté par la jurisprudence en la matière.
Ces sanctions sont surtout inhumaines. Comment comprendre en effet qu’on laisse pourrir aux frontières, des produits alimentaires et pharmaceutiques de première nécessité destinées à des populations dans le besoin?
Comment comprendre que l’on impose à des populations des sanctions qui vont jusqu’à les priver de courant électrique, en laissant les malades mourir dans les hôpitaux ?
Ces sanctions ne sont pas pensées dans une optique de recherche de solution, mais pour nous mettre à genoux et nous humilier. Comme vous le savez, elles ont été prises sans consultation préalable ni des autorités de transition, ni des instances régionales, ni des parlements nationaux, ni des populations sœurs des pays de la communauté.
Nigériennes, Nigériens,
Mes chers compatriotes,
Ceux qui ont pris ces sanctions cruelles et menacent de tuer des milliers de Nigériens espèrent ainsi les diviser et imposer à notre vaillant peuple leur volonté.
Ils pensent pouvoir nous contraindre à accepter par la force ce qui est profondément inacceptable car contraire à nos intérêts vitaux et à nos valeurs cardinales. Ils veulent isoler notre pays à un moment où notre peuple a le plus besoin de la solidarité communautaire pour mieux faire face au terrorisme et à l’insécurité.
Ils ne semblent pas mesurer l’ampleur des contrecoups qu’une agression militaire contre le Niger aurait sur toute la région.
Ils semblent ignorer que c’est en grande partie grâce au professionnalisme et à la vaillance de nos Forces de Défense et de Sécurité que le Niger est resté le verrou qui empêche les hordes de terroristes de déstabiliser l’ensemble de notre région.
Heureusement, dans plusieurs pays voisins comme lointains, membres de la communauté ou non, des leaders visionnaires et des populations solidaires ont exprimé et expriment leur opposition à toute intervention qui ouvrirait une véritable boite de pandore.
Nigériennes, Nigériens,
Mes chers compatriotes,
Il est paradoxal que les réactions excessives entretenues par certains acteurs externes qui tentent d’imposer dans les médias une image caricaturale du CNSP et de son action soient autant en déphasage par rapport aux aspirations du peuple Nigérien.
La réaction populaire observée dans tout le pays démontre pourtant à suffisance que l’action des Forces de Défense et de Sécurité regroupées au sein du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie répond clairement à l’exaspération de l’écrasante majorité du peuple Nigérien qui se sent délivré.
Nigériennes, Nigériens,
Mes chers compatriotes,
Je réaffirme ici que notre ambition n’est pas de confisquer le pouvoir. Je réaffirme aussi notre disponibilité à tout dialogue pour autant qu’il tienne compte des orientations voulues par le peuple Nigérien fier et résilient.
Toute approche coercitive et ignorant la quête de souveraineté, de sécurité et de bonne gouvernance exprimée clairement par la population revient à ignorer les dynamiques profondes en œuvre dans les pays sahéliens abandonnés à leur sort depuis plus de 10 ans par ceux-là mêmes qui, au lieu de les aider à combattre les maux qui les assaillent, veulent aujourd’hui les agresser.
A la vérité, la prise de pouvoir par les FDS, aussitôt fermement soutenue par nos vaillantes populations, s’inscrit dans un contexte de rejet des modèles sécuritaires et de mauvaise gouvernance faite d’injustice et de corruption mis en œuvre par des régimes qui se prétendent démocratiques mais qui en réalité, dévoient et discréditent la démocratie.
Le CNSP adhère pleinement au principe du libre choix des gouvernants par le peuple. Mais pour que le peuple puisse choisir ses dirigeants, il faut un système transparent dans lequel les opposants ne sont pas emprisonnés ou exilés, dans lequel une véritable alternance est possible et dans lequel la société civile peut librement s’exprimer et manifester, sans être inquiétée. Le soutien massif des populations au CNSP au Niger comme chez nos frères Malien, Burkinabè et Guinéen, entre autres, traduit non par le désir d’une gouvernance autocratique, mais un désir de démocratie véritable porteur de bien être pour tous. Nous en sommes parfaitement conscients.
Nigériennes, Nigériens,
Mes chers compatriotes,
En tant que Soldats nous connaissons le prix d’une guerre. En tant que Nigériens et Ouest- africains, nous trouverions tragiques d’aller en guerre contre nos frères d’armes aux côtés desquels nous étions engagés hier pour sécuriser notre région. Nos populations qui sont les mêmes de part et d’autre de nos frontières trouvent aberrant d’être opposées les unes aux autres. En somme, ni le CNSP, ni le peuple Nigérien ne veulent d’une guerre et demeurent ouverts au dialogue.
Mais que l’on nous comprenne bien. Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains veulent croire. En effet, ils trouveront face à eux 26 millions de Nigériens, les dignes fils de Dounama Dibbalami, Idriss Alaouma, Mohamed Kosso, Souleymane Dan Timtouma, Amadou Tanimoune Kourar Daga Ousmane Dan Fodio, Alpha Maman Djobbo, Kaocen Ag Kedda, Dan Kassacua Agoragui. Babari Soba, Aggaba Mohamed Almoubarak. Akazama Ari Kaloumbou Oueri Manto, Mali Béro. Soni Ali Ber et j’en passe.
Ainsi, forts du soutien de notre grand peuple, et avec l’aide de nos frères du Burkina, de la Guinée et du Mali, les Forces de défense et de sécurité du Niger ne se déroberont pas.
Pour ma part, une fois de plus, je tiens à vous réaffirmer, mes chers compatriotes, que tout comme les autres membres du CNSP et du Gouvernement, je suis au service du Niger et de ses seuls intérêts et que je ne trahirai jamais vos espérances, In Sha Allah.
Aussi, conscient de la nécessité de structurer le nouvel élan de patriotisme qui renait au Niger, j’engage toutes les forces vives de la nation à travers un dialogue national inclusif.
L’objectif de l’instance dédiée à ce dialogue est de consulter toutes les composantes du peuple nigérien sur les voies les meilleures permettant de poser les fondements d’une nouvelle vie constitutionnelle sur des piliers profondément ancrés dans nos valeurs traditionnelles et républicaines.
Dans cette perspective, le Gouvernement est d’ores et déjà instruit pour prendre les dispositions urgentes en vue de l’organisation de ce dialogue.
Dans ce cadre, les Forces vives qui y seront conviées s’attèleront, dans un délai de 30 jours à formuler des propositions concrètes devant conduire :
- A définir les principes fondamentaux devant régir notre transition ;
- A définir la période de la transition dont la durée ne saurait aller au-delà de 3. ans;
- A définir les priorités nationales durant la transition ;
- A rappeler les valeurs fondamentales devant guider la refondation de la République.
Nigériennes, Nigériens,
Mes chers compatriotes,
C’est donc entre Nigériens et dans le dialogue fraternel que nous allons trouver, j’en suis convaincu, les solutions adaptées à tous les défis qui se posent à nous.
Accompagner dans notre élan de sortie de crise et, ce, dans l’intérêt de tous.
Vive le peuple nigérien,
Vive le CNSP et le Gouvernement de Transition. Vive le Niger.