Le ministre de la justice, Garde des Sceaux, M Ikta Abdoulaye Mohamed conduit depuis hier lundi une importante délégation nigérienne aux Pays-Bas (Hollande), pour une mission de travail à l’invitation de la ministre néerlandaise du commerce et de la coopération. Plusieurs activités figurent à l’agenda du ministre dont une table-ronde sur la Justice dans le cadre du forum Mondial sur la Justice qui se tient à la Haye du 30 mai au 2 juin 2022 et des visites et rencontres de travail et d’échanges avec des officiels, des partenaires au développement et des organisations de la société.
Dans la matinée d’hier lundi, le ministre Ikta Abdoulaye Mohamed a présidé la table-ronde sur la Justice axée sur la personne au Niger au siège l’International Development Law Organization (IDLO). Il faut rappeler pour le souligner que cette structure internationale d’appui à la Justice et à l’Etat de droit a ouvert un bureau à Niamey depuis un peu plus d’un an. Cette table-ronde est organisée par IDLO en partenariat avec l’Etat néerlandais à travers le ministère des Affaires Etrangères. La table-ronde a été l’occasion pour les participants d’analyser la Justice nigérienne dans le contexte géopolitique sous-régional au Sahel en termes de sécurité et de stabilité, mais aussi d’échanger sur les priorités des autorités nigériennes en la matière pour les prochaines années en termes de politique, de stratégie et du rôle du gouvernement vis-à-vis de la communauté internationale, a dit le ministre de la Justice. M. Ikta Abdoulaye Mohamed a rappelé que la situation sécuritaire et la stabilité au Sahel est et reste menacée depuis l’effondrement de l’Etat libyen, précisant que la particularité du Niger est que cinq de ses sept frontières sont affectées par la menace sécuritaire qui a aussi affecté le secteur de la Justice. Cela a amené l’Etat nigérien à fournir d’inlassables efforts et à déployer des moyens humains et matériels sans précédent pour assurer la sécurité de la population à l’intérieur de ses frontières, sa stabilité à travers de nombreuses initiatives en la matière soutenues par des partenaires. Parmi ces initiatives figurent en bonne place les réformes du secteur de la Justice pour lui permettre de répondre aux nouveaux défis liés. Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux a aussi rappelé les multiples péripéties sociopolitiques qu’a connues le Niger jusqu’en 2011 quand il a renoué avec la stabilité institutionnelle et a conséquemment mis un accent particulier sur la Justice qui reste et demeure un des piliers de la bonne gouvernance. Le ministre a indiqué qu’il a initié une série de rencontres avec les partenaires internes et externes du Niger pour davantage de dialogue afin de consolider les acquis, d’identifier les défis et les pistes de solution dans l’optique d’améliorer le secteur de la Justice. M. Ikta Abdoulaye a salué l’engagement des Pays-Bas en faveur de ce secteur important qu’est la Justice en devenant le Premier bailleur de fonds avec les organisations phares que sont IDLO et HIIL. Il faut rappeler que HIIL a lancé le 25 mai 2022 le projet d’innovation de la Justice axée sur la personne au Niger dont l’un des objectifs est de promouvoir et protéger les droits des justiciables. Evoquant la question du maillage territorial du pays en juridictions et de l’accès à la justice pour tous, le ministre a souligné le programme de recrutement des magistrats qui a amélioré le ratio Magistrat/habitants et des greffiers ainsi que la création des nouvelles juridictions. Quant à la situation pénale, M. Ikta a mis en exergue les efforts d’amélioration de la législation pénale et d’humanisation de l’espace carcéral. Il a salué les appuis apportés par IDLO depuis son installation et promis de veiller à l’application de la Justice de proximité avec l’appui du partenaire HIIL dont les bureaux viennent d’ouvrir leurs portes à Niamey.
Dans la même journée d’hier, le ministre et la délégation nigérienne ont participé à la réunion de Justice-Action-Coalition. A cette occasion, il a souligné avec force que le rôle premier de la Justice n’est pas exclusivement coercitif mais c’est celui de la préservation de la cohésion sociale, de médiateur dans les conflits entre les protagonistes, fussent-ils des personnes entre elles ou des personnes avec l’Etat. C’est, dit-il, fort de cette conviction que son département a engagé une révision du code pénal et du code de procédure pénale afin de conformer les textes juridiques du Niger aux instruments internationaux et de mieux prendre en compte « les droits humains dans notre législation ». Le ministre de la Justice a formellement annoncé que le Niger adhère aux « conclusions et recommandations de la réunion du 14 avril 2022 visant à faire avancer l’agenda de Justice-Action-Coalition » et qu’il trouve pertinente l’idée de faire de la coalition une structure permanente.
Zabeirou Moussa(onep)