
Mme Aïssata Harouna Faran Maïga
Kollo est située à une trentaine de kilomètres de Niamey, réputée pour son potentiel agro-sylvo-pastoral remarquable. Les habitants de ce département ont pour principale occupation l’agriculture et l’élevage. Cependant, une attention particulière est accordée à la culture du riz. L’Etat apporte son appui à l’activité agricole en s’engageant dans des projets d’aménagement hydro-agricole, offrant ainsi un soutien aux producteurs dans leur travail. Dans cette entrevue, Mme Aïssata Harouna Faran Maïga préfet de Kollo, présente la situation socio-économique de la localité, en insistant sur la contribution des femmes au développement local tout en saluant la collaboration entre les autorités, la population et les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) pour garantir la sécurité.
Mme le préfet, la femme joue un rôle très important dans l’économie en milieu rural. Pouvez-vous rappeler les actions entreprises par l’Etat et ses partenaires pour soutenir la scolarisation de la jeune fille, l’émancipation des femmes et assurer leur participation active et pérenne au développement de votre communauté ?
Notre population est majoritairement rurale et les femmes représentent plus de la moitié. Pour la promotion de la scolarisation de la jeune fille, des comités de protection ont été mis en place dans les 11 communes que compte le département et les capacités des membres de ces structures ont été renforcées. Des caravanes de sensibilisation sur la scolarisation de la jeune fille et son maintien à l’école sont menées par les services déconcentrés de l’Etat, les structures communautaires (COGES) en partenariat avec les Organisations non gouvernementales (ONG) et les associations œuvrant dans le domaine.
En ce qui concerne le volet autonomisation, les femmes à l’échelle communautaire sont organisées en Scoops (société de coopératives simplifiées), nouvelle appellation des groupements féminins. Pour soutenir les efforts des femmes rurales, l’Etat a mis à la disposition des Scoops des 11 communes, des plateformes multifonctionnelles pour alléger les tâches domestiques (décortiqueuse, cuiseur, moulin, presse à huile…). Grâce à cet équipement, beaucoup se sont spécialisées dans des activités de transformations agroalimentaires et divers produits (couscous, pâte d’arachide, moringa, cosmétiques…). Mieux, il existe un bureau départemental des femmes entrepreneures disposant des textes statutaires et réglementaires pour mener en toute légalité leurs activités génératrices de revenus.
Votre département dispose des centres de formation professionnelle dont l’IPDR et celui de N’Dounga ; quel regard portez-vous sur la contribution de ces centres dans la lutte contre le chômage ainsi que la pauvreté dans la zone ?
Effectivement, le département de Kollo dispose de centres de formation professionnelle avec des filières répondant aux attentes pressantes du moment (agriculture, élevage, environnement, électricité, bâtiment…). Lesdits centres ont pour vocation de former des jeunes qui seront opérationnels dès la fin de leur cycle. Beaucoup s’en sortent plutôt bien grâce à l’initiative et à l’audace et contribuent de manière significative à la réduction de la pauvreté et du chômage. Nous encourageons beaucoup ces jeunes diplômés dans la création de l’emploi. Toujours est-il que les autorités du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) font de l’insertion professionnelle des jeunes une de leurs priorités.
Mme le Préfet, quel est l’état actuel d’insécurité dans le département de Kollo, compte tenu du fait que la région de Tillabéri est l’une des plus touchées par le phénomène du terrorisme au Niger ?
La sécurité est une réelle préoccupation pour nous. Dieu merci, la situation est plutôt calme. Le département de Kollo est de loin le moins impacté par les agissements des groupes armés terroristes opérant dans la région. Nous avons mis en place un dispositif local dénommé conseil de sécurité qui se réunit périodiquement et fonctionne de manière tournante dans les communes. Ce dispositif a le mérite de prévenir, d’anticiper et de gérer les situations qui se présentent (menaces, risques, crises, urgences…). C’est le lieu de remercier les autorités coutumières, les respectueux oulémas et les vaillantes communautés pour leur franche collaboration et leurs invocations pour la paix, la sécurité et la cohésion sociale.
Quel est l’état des lieux en matière de fraude fiscale et de trafic de carburant dans le département de Kollo, et quelles sont les actions entreprises pour y remédier ?
L’incivisme fiscal et la fraude d’hydrocarbures sont un frein pour notre économie et méritent des réponses appropriées à travers des stratégies et des approches multiples. Des campagnes de sensibilisations sont menées périodiquement par les autorités administratives et coutumières pour amener les citoyens à comprendre les enjeux du développement local. La fraude des hydrocarbures est préoccupante ; des patrouilles et des saisies des hydrocarbures sont menées en permanence par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) du département car il existe une corrélation entre la fraude d’hydrocarbures et les attaques des groupes armés non étatiques. Nous redoublons de vigilance dans tout le département ; car il s’agit de la sécurité de tous.
Propos recueillis par Mamane Abdoulaye (ONEP)