Madame la Ministre, les femmes Nigériennes célèbrent ce 13 Mai leur journée Nationale à travers plusieurs manifestations, quels sont les résultats majeurs enregistrés en matière de promotion de la femme depuis l’institutionnalisation de cette journée au Niger ?
Depuis l’institutionnalisation de la journée au Niger, des résultats majeurs ont été enregistrés en matière de promotion de la femme. Il s’agit notamment :
– Des efforts fournis par l’Etat en vue d’abroger les dispositions discriminatoires à l’égard des femmes contenues dans certains textes de lois. C’est le cas de la loi n° 2014-60 du 5 novembre 2014 portant modification de l’Ordonnance n° 84-33 du 23 août 1984 portant code de la nationalité nigérienne qui reconnait désormais à la femme nigérienne le droit de transmettre sa nationalité à son époux étranger. Aussi plusieurs textes nationaux et internationaux en faveur des droits des femmes ont été adoptés ;
– Accès au service de soins ;
– L’amélioration sensible de la représentation des femmes aux instances de prise de décision. A titre illustratif, nous sommes parties d’une (1) femme députée en 1999 à 50 femmes députées en 2020 ;
– Amélioration du cadre organisationnel des femmes ;
– Augmentation du nombre de femmes entrepreneures, etc.
L’autonomisation des femmes reste une préoccupation importante au Niger où malgré les actions entreprises, le taux de pauvreté des femmes est élevé. Comment expliquer cela ?
Au Niger, le niveau de pauvreté particulièrement élevé touche prioritairement les ménages les plus vulnérables, dont ceux dirigés par des femmes. Les études récentes, situent à 45 ,1% la proportion de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté au Niger en 2014, contre 63 % en 1993. (Source INS NIGER2015). Malgré cette baisse sensible, la pauvreté affecte encore plus les femmes au Niger avec 70% en 2014 contre 73% en 2000.
Cette situation est due au fait que souvent, les femmes accèdent au statut de chef de ménage après une rupture qui rend le foyer instable (veuvage, divorce, absence de l’homme…) et qui la prive de l’homme, principal pourvoyeur de ressources. Il faut aussi souligner que les femmes ont moins accès aux moyens de production et à la terre, ce qui peut les rendre encore plus vulnérables à l’insécurité alimentaire si d’ores et déjà, leur foyer est déstabilisé.
Madame la Ministre, les femmes rurales sont les plus touchées par la pauvreté. Qu’est-ce que votre Ministère compte entreprendre pour faire de l’autonomisation de la femme une réalité dans les zones rurales au Niger ?
Pour parvenir à l’égalité de Genre et autonomiser toutes les filles et femmes du Niger, le Gouvernement du Niger, à travers mon Département Ministériel, a élaboré une Stratégie Nationale d’Autonomisation Economique des femmes et des filles. La mise en œuvre de cette Stratégie Nationale met un accent particulier sur :
– L’accès et le contrôle des moyens de production (terre, capital, intrants, technologie, temps) ;
– L’accès à l’information et aux formations « Le savoir est égal à pouvoir ». En effet, les femmes ayant moins l’accès à l´information sur les filières, le marché, les services et aux formations techniques et en gestion, ont moins de chance pour développer leurs Activités Génératrices de Revenus ou entreprises.
– L’accès au marché de travail formel et informel qui vise à satisfaire le manque de compétences et d’expérience professionnelle, l’insuffisance de l’offre de formation et la faiblesse du dispositif d’apprentissage, le manque d’opportunités de stages et d’emploi dans les secteurs publics et privés, le manque de réseaux de contacts pour connaître les opportunités d’emplois.
– L’accroissement de la scolarisation des filles et l’alphabétisation des femmes ;
– L’écart Fille-Garçon se réduit de plus en plus ;
– L’amélioration de la représentativité des femmes aux instances de prises de décisions du niveau local jusqu’au niveau national à travers le renforcement de leurs capacités en leadership, en genre aux techniques de communication, de plaidoyer et du lobbying ;
– Le renforcement des capacités institutionnelles et organisationnelles des structures Gouvernementales et non Gouvernementales chargées de la promotion de la femme et du genre.
Madame la Ministre la situation de la femme n’est guère reluisante dans le domaine de l’éducation. En tant que nouvelle Ministre de la Promotion de la Femme, quelles sont les stratégies que vous comptez mettre en œuvre pour faire évoluer la scolarisation de la jeune fille au Niger ?
Mon département ministériel contribue déjà à la promotion de la scolarisation de la jeune fille au Niger à travers l’allègement des tâches domestiques, la mise en œuvre de l’Initiative adolescentes « Illimin » qui a pour but de réduire le taux de mariage des enfants et de retarder les grossesses précoces. Ainsi 661 filles sont retournées à l’école ; 4 392 filles formées en électricité, réparation moto, cellulaires, installation panneaux solaires, plomberies, mécanique rurale, photographie et animation radio.
Ces actions seront poursuivies et je mènerai également des actions de plaidoyer en faveur de la promotion de la scolarisation de la jeune fille.
Madame la Ministre, la loi sur le quota qui a permis à une catégorie de Femmes Nigériennes d’accéder à des postes de prises de discisions semble souffrir aujourd’hui de non application effective. Comment expliquez-vous cette situation ?
Pour améliorer le niveau de la représentation des femmes aux instances de prise de décision, le Niger a adopté la loi n° 2000-008 instituant le système de quota dans les fonctions électives et nominatives en rehaussant le pourcentage aux postes électifs de 10% à 15% en 2014.
Le Niger s’est doté d’une loi le 7 juin 2000 avec comme principal objectif l’institution d’un système de quota à titre transitoire dans les fonctions électives (10%), au Gouvernement et dans l’Administration de l’Etat (25%), avec un décret d’application en 2001.
Cette loi a connu deux (2) révisions à la hausse en 2014 pour les postes électifs passant de 10% à 15% et en décembre 2019 de 15% à 25% pour les postes électifs et de 25% à 30% pour les postes nominatifs.
Aujourd’hui, nous avons une cinquantaine de femmes à l’Assemblée Nationale et le processus vient juste d’être entamé et se poursuit.
Réalisé par Idé Fatouma(onep)