Monsieur l’Administrateur Délégué, après près 7 mois à la tête de la Commune Rurale d’Ingall, quelle appréciation faites-vous de l’étendue de votre mission ?
Tout d’abord je salue cette initiative de l’ONEP pour avoir effectué un déplacement ici, à Ingall, pour s’entretenir avec les populations et rapporter de manière globale et fiable la vie du département en général et celle de la commune en particulier. Cela permettra à tous ceux qui ne connaissent pas Ingall de la découvrir à travers vos colonnes.
Pour répondre à votre question, je dirai, que la gestion des collectivités territoriales est une question très complexe. Car la mairie c’est l’Etat en miniature. Nous avons premièrement en face la gestion de l’administration, c’est-à-dire de plusieurs services décentralisés. Ensuite, vous avez la population à travers les différentes couches dont la chefferie traditionnelle, les leaders religieux, les ONG et associations ainsi que tout ce qui concerne le monde rural et bien d’autres que nous ne pouvons pas tous citer. De par cette diversité d’interventions, la gestion même en temps normal est très difficile et complexe, parce que les Administrateurs Délégués ont particulièrement hérité d’une gestion catastrophique des anciens maires élus. En effet, et comme vous le savez, les responsables antérieurs ont transformé et confondu la Mairie à un patrimoine familial et politique surtout. Ce qui ne rend pas facile nos tâches car tout est à refaire et dans tous les domaines.
C’est pour cette raison que nous sommes en train de rénover et de corriger les erreurs pour qu’après nous ceux qui vont venir puissent bien travailler dans une administration solide et organisée où chacun connait son rôle, pour l’intérêt général. Le premier chantier que nous avions commencé, depuis notre arrivée à la tête de la Mairie d’Ingall, c’est la réhabilitation de l’image de l’Administration Communale qui doit être au service exclusif des populations. Et plusieurs mesures ont été prises pour redorer l’image de la commune, la débarrasser de toute sorte d’emprises claniques et remettre le personnel au travail.
Quels sont les principaux défis auxquels la commune rurale d’Ingall est confrontée ainsi que les perspectives ?
Je dirai que les défis sont énormes, beaucoup de choses sont à refaire souvent même à changer pour le développement de la commune. Nous comptons mettre toutes les ressources nécessaires à l’actif avec l’appui des bonnes volontés, des personnes ressources, des partenaires techniques et financiers pour répondre à la vision politique éclairée du Président du CNSP et du gouvernement.
L’un des principaux défis des collectivités territoriales au Niger, c’est la gestion des voiries et celle de l’hygiène et l’assainissement. Où en êtes-vous sur ces sujets, notamment dans le chef-lieu de la Commune où la question se pose avec acuité ?
Comme dans toutes les communes du Niger, ce domaine est le problème majeur qui est d’actualité. Une ville présentable est l’objectif de tout responsable de la gestion d’une cité. Pour la voirie, le plus grand problème c’est d’abord les anciens quartiers où les maisons ont été construites de façon anarchique, c’est-à-dire, une trame urbaine ne respectant pas l’image d’une cité moderne. Même avec l’ilotage, certaines mesures n’ont pas été respectées par les responsables de la conception où même les places publiques ont été vendues. Tous ces problèmes conduisent à l’exiguïté des voies de passage, donc un problème d’écoulement des eaux en cas de pluie avec ses corollaires d’inondations récurrentes pendant la saison des pluies.
Pour l’assainissement, l’insalubrité est ambiante puisqu’une majeure partie de la population pense que seule la mairie doit dégager les déchets, même dans les concessions. C’est pour cette raison que les gens déversent les déchets et autres ordures partout. En fonction de nos moyens, nous faisons de notre mieux pour que la ville d’Ingall soit débarrassée des déchets. Nous procédons aussi par des séances de salubrité périodique pour dégager le maximum des déchets. Car l’hygiène c’est aussi la santé et la vie.
Quelles sont les dispositions prises par la commune dans la perspective d’y faire face en cette période d’hivernage ?
Comme je l’ai dit plus haut depuis mon arrivée nous sommes à pied d’œuvre pour rendre la ville propre. Ce qui nous a amené à rendre opérationnel notre tracteur en le réparant avec l’achat des pneus neufs à hauteur de 900 000 FCFA, nous avons acquis un pulvérisateur et ses accessoires pour un montant de 1 200 000 FCFA. Ce qui nous permet d’évacuer les déchets. En plus de cela, avec l’appui de nos partenaires nous avons bénéficié de beaucoup de matériel aratoire pour renforcer notre stock acheté sur fonds propres depuis que j’ai pris fonction. D’autres part, nous louons souvent les services de certaines entreprises à gros moyens pour faire la salubrité sur les dépotoirs et carrières les plus difficiles. Dans l’avenir, nous comptons acquérir d’autres engins plus lourds sur fonds propres de la commune pour le bien-être de la population.
Monsieur l’Administrateur Délégué, pour réussir une telle mission il faut des moyens humains et financiers. Avez-vous les moyens de répondre aux attentes de vos populations ?
Je peux vous dire que le problème ne se pose pas beaucoup. J’ai trouvé un effectif de 20 agents. A ma prise de fonction j’ai recruté seulement un manœuvre dont la procédure était en cours avec l’ancienne administration. Mais malgré tout nous comptons recruter d’autres agents pour certains services communaux où le besoin se fait sentir.
Pour les moyens financiers, nous avons pris des dispositions pour faire rentrer la Commune dans ses droits. J’ai trouvé beaucoup de domaines dans lesquels la commune n’avait pas fait de recouvrements pour des raisons politiques, surtout. Nous avons pris notre courage en main et cela a été corrigé à travers diverses mesures. Et je peux vous assurer que les recettes sont même multipliées par deux voire par trois à tous les niveaux. Puisque, à l’analyse de la situation nous avons compris que dans le temps, les collecteurs travaillaient pour eux-mêmes et leurs protégés. Une situation inédite ! Aussi nous avons apporté un aménagement dans la gestion de la collecte et la gestion des marchés. Ces mesures ont apporté un changement significatif dans le recouvrement des recettes. Je peux dire que la commune a les moyens de sa politique. Seulement il y avait un problème de gestion. Avec les dispositions prises et le suivi que nous avons instauré maintenant, nous avons les moyens de notre politique pour répondre aux attentes des populations. Il faut que cette population s’en patiente.
Quelles sont les principales sources de mobilisation des ressources financières pour la commune ?
D’abord, la commune d’Ingall, comme toute autre commune, se base sur les ressources prévues par les lois et règlements telles que les diverses taxes des marchés, les taxes municipales, les taxes publicitaires, la location du patrimoine mobilier et immobilier, les taxes de voiries et tant d’autres. Mais aussi souvent les apports des partenaires dans certains domaines.
Comment sont vos rapports avec la population ?
Dans ce domaine je pense que tout va mieux puisqu’aujourd’hui la population apprécie notre manière de gérer. Elle a compris que le langage que nous lui tenons est un langage de vérité. Et elle nous fait totalement confiance en nous apportant le soutien nécessaire. Aussi, cette population est impliquée dans toutes les activités, y compris dans la prise des décisions à travers les consultations et la concertation. Nous prendrons toujours en compte les aspirations de la population en priorité. Notre mode de travail est la transparence dans les actions et les actes.
Réalisé par Ali Maman ONEP-Agadez