Du 4 au 7 octobre 2021, le Niger accueille, pour la 1ère fois, la conférence annuelle de l’Association des Barreaux Africains. C’est le Président de la République, Chef de l’Etat, SE Mohamed Bazoum, qui a présidé la cérémonie de lancement de cette activité. C’était en présence des trois anciens Chefs d’Etats africains à savoir Goodluck E. Jonathan du Nigeria, Ernest Bai Koroma de la Sierra-Leone et Issoufou Mahamadou du Niger, tous choisis pour avoir passé, démocratiquement le témoin à un civil à la tête de leurs Etats. Etaient aussi présents à cette cérémonie le président de l’Assemblée nationale, S.E. Seyni Oumarou, le Premier ministre, M. Ouhoumoudou Mahamadou, le Président du Conseil de ville de Niamey, M. Oumarou Dogari, les responsables du barreau africain et de l’UEMOA, ceux du barreau de France, ainsi que les corps constitués.
Placée sous le thème ‘‘La bonne gouvernance comme facteur d’atténuation des crises et conflits en Afrique. Rôle et contribution des barreaux’’, cette conférence enregistre la participation des centaines d’avocats, de magistrats, d’huissiers, de notaires et de greffiers de plusieurs pays africains. Des allocutions, dont celle du Président de la République, SE Mohamed Bazoum, des distinctions et de nombreux panels sont au menu de cette activité.
Dans son mot de bienvenue, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Niger, Me Oumarou Boubacar, a indiqué que le Niger accueille pour la toute 1ère fois, cette importante activité grâce au ‘‘soutien indéfectible’’ des autorités politiques et administratives nationales, qu’il a tenu à vivement remercier. Brossant le tableau que vit, tous les jours, l’Afrique et notamment la sous-région et qui justifient la raison du choix et l’enjeu du thème de cette conférence, Me Boubacar a évoqué les attaques criminelles et terroristes au Sahel, celles de Boko Haram dans le Lac Tchad, celles en Afrique de l’Est avec leurs lots de familles endeuillées ou déplacées, etc. «L’Afrique est-elle un continent maudit ? Cette question, nous rappelant la triste réalité de notre continent, est posée par les médias nationaux et internationaux, au regard des défis qui sont si nombreux qu’on peut légitimement se demander s’il y a encore de petites raisons d’espérer», s’est inquiété l’intervenant.
Selon lui, l’Afrique assiste aussi impuissante au dévoiement, à la perversion de la démocratie par des Chefs d’Etat qui pensent qu’il n’y a plus de vie après le palais présidentiel et qui se permettent de triturer la constitution, compromettant ainsi toute chance d’alternance démocratique au pouvoir. «Nous sommes aussi témoins de changement de pouvoir par des coups de force et des assassinats politiques. Nous vivons les impacts sévères des changements climatiques qui font des milliers de victimes, sans compter les inondations qui font des milliers de sans-abris et de démunis, ainsi que les sècheresses qui engendrent des famines, provoquant de nombreuses victimes, dont des enfants malnutris», a déploré Me Boubacar. Poursuivant son réquisitoire, le Bâtonnier a ajouté qu’il est à déplorer, partout sur le continent, le manque de perspectives pour une jeunesse désœuvrée et dépitée, poussée à l’ultime voyage parsemé d’embuches et de danger, à la recherche d’horizons plus cléments. «Nous reprochons aux gouvernements de maintenir les travailleurs dans une situation de précarité sociale, les obligeant parfois à violer l’éthique professionnelle et la loi, pour se maintenir à flot, alors que certains profitent des avantages indus. Nous condamnons aussi l’exploitation des jeunes enfants, surtout les jeunes filles, obligés d’abandonner l’école pour des travaux souvent au-delà de leurs capacités et dont ils ne profitent même pas des retombées financières».
Le Bâtonnier a ajouté qu’en Afrique on assiste aussi à la mise sous tutelle du pouvoir judiciaire, utilisé pour des règlements de comptes politiques ou pour museler les droits des défenseurs des droits de l’homme et la presse. «Je ne puis égrainer tous les maux qui assaillent le continent africain et dont la principale cause réside dans la mal gouvernance. Cette triste situation que je viens de décrire doit interpeller chaque africain et chaque africaine. C’est pourquoi l’Association des Barreaux d’Afrique, dont l’un des objectifs est de promouvoir l’Etat de droit a choisi le thème de cette conférence afin de susciter des échanges entre les avocats et les professionnels du droit sur la nécessité de promouvoir la bonne gouvernance sur le continent», a indiqué Me Boubacar. Pour le bâtonnier, la solution à tous les maux et les multiples défis du continent passe nécessairement par l’instauration d’une culture de la bonne gouvernance. «La mise en place des Institutions démocratiques doit s’accompagner d’une application équitable et universelle de la règle du droit. Les gouvernants doivent alors donner un repère et un modèle aux citoyens car, selon un proverbe français : ‘‘Les gouvernements sont les premiers gardiens de la morale des peuples», a estimé Me Boubacar.
Des messages de bonne volonté ont ensuite été livrés par le ministre nigérien de la Justice, Dr Boubacar Hassane, le Chef de mission EUCAP-Sahel Niger, Antje Pittelkau, le Président de l’Association du Barreau Africain, M. Hannibal Uwaifo et l’ancien Président du Nigeria, Dr Goodluck Ebele Jonathan. Des prix de leadership ont été attribués par le barreau africain aux anciens Présidents : Goodluck Jonathan (Nigéria), Ernest Koroma (Sierra Leone), Ellen Johnson-Sirleaf (Libéria) et Mahamadou Issoufou (Niger), ainsi qu’à Dr Abdul Samad Rabiu (Nigéria) et Juge Nevanathem Pillay (Afrique du Sud). Par ailleurs, 13 témoignages de satisfaction et d’encouragements ont été décernés à d’autres personnalités du Niger et d’autres nations.
(Lire l’intégralité de l’allucution de Président de la République en page 3)
Mahamadou Diallo(onep)