Dans plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine, le climat est dominé actuellement, voire depuis des mois, par l’ambiance plutôt électrique des échéances électorales. Malheureusement, une fois de plus, une certaine tradition qui veut qu’en Afrique, les élections soient synonymes de contestation, de violence et de souffrances, a été respectée. En effet, les deux premiers scrutins ayant ouvert le bal, à savoir les présidentielles en Guinée Conakry et en Côte d’Ivoire, n’ont pas été les bons exemples pour rassurer tous ceux qui vivent dans la crainte de la survenance de violences post-électorales. Dans ces deux pays, les élections ont très vite basculé pour dégénérer en scènes de violence, avec des dizaines de morts et d’innombrables blessés. Aujourd’hui encore, l’atmosphère reste tendue et ces deux pays qui n’ont pas encore fini d’enterrer des morts et de panser les blessures.
Chez nous au Niger, la crainte règne. Au lieu d’affûter leurs armes (comme programme politique) pour s’engager dans des compétitions électorales propres et saines, les états-majors des formations politiques préfèrent plutôt épuiser leurs énergies dans d’interminables querelles de clochers. Aujourd’hui, avant même la validation de la liste des candidats, l’atmosphère est devenue torride avec l’ébullition des antagonismes politiques sur fond de bataille juridique ardue entre certains ‘’candidats à la candidature’’ pour la présidentielle.
Face à la montée des tons, aggravée par les invectives et autres ‘’agitations haineuses’’ impliquant les militants des camps politiques opposés, le Comité des Sages a jugé utile de sortie médiatique, mardi dernier, à l’effet d’inviter ‘’l’ensemble des citoyens à créer un climat d’apaisement dans l’intérêt supérieur du Niger’’. Oui, nous devons faire preuve de retenue et nous inspirer de l’exemple de notre proche voisin, le Burkina Faso, où depuis des semaines, la campagne pour la présidentielle 22 novembre 2020 bat son plein dans la quiétude totale, sans la moindre ombre d’angoisse.
Au Niger, comme ailleurs dans le continent, l’heure est venue de rompre avec ce fameux mythe des ‘’élections qui précèdent les violences sanglantes » dont l’on s’acharne à coller à l’Afrique. Pour ce faire, il suffit simplement de faire preuve de responsabilité vis-à-vis de son pays et de son peuple, mais aussi de privilégier le dialogue comme seul moyen de règlement des différends politiques. Car, l’exercice du jeu politique n’a pas pour vocation de semer la terreur et la souffrance des enfants du peuple, mais plutôt de les conduire vers des lendemains meilleurs.
Assane Soumana(onep)