Conformément à leur chronogramme d’activités de la session ordinaire au titre de l’année 2020, les conseillers du Conseil Economique, Social et Culturel (CESOC) ont eu droit le 1er juillet 2020 à deux grandes communications dont l’une sur la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF) et l’autre sur la valorisation des produits agricoles nationaux ; quelles dispositions faut-il prendre pour les rendre compétitifs dans le contexte de la ZLECAF ? Ces deux thématiques ont été respectivement présentées par le ministre, Conseiller à la Présidence chargé du Dispositif Institutionnel d’Amélioration et de Suivi du Climat des Affaires au Niger, M. Alma Oumarou, et le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, M. Albadé Abouba. Les deux communications ont été présentées en présence du président du CESOC.
En ce qui concerne le premier exposé relatif à la ZLECAF, il faut préciser que la Zone de Libre-échange est constituée de pays membres réduisant ou éliminant entre eux les droits de douane ainsi que les restrictions quantitatives à l’importation, mais conservant chacun leur propre politique commerciale vis-à-vis des pays tiers. En effet, selon Alma Oumarou, la ZLECAF est une conception africaine de l’intégration du Continent. Cette zone de libre échange tire son soubassement au niveau de deux sources principales. La première est le Traité de 1991 instituant la Communauté Economique Africaine dont l’objectif principal est de promouvoir le développement économique, social et culturel ainsi que l’intégration des économies africaines en vue d’accroître l’autosuffisance économique et favoriser un développement endogène et auto-entretenu. La seconde est justement l’Agenda 2063 « l’Afrique que nous voulons » ; cet agenda repose sur une vision africaine de transformer l’Afrique en puissance mondiale de l’avenir ; le cadre stratégique du continent qui vise à atteindre son objectif de développement inclusif et durable. Le contexte de la négociation, a dit le ministre conseiller, c’est que l’Afrique avec ses 55 pays est un marché fort fragmenté et les frontières constituent des barrières au commerce et des difficultés en matière d’investissements avec des réglementations nationales multiples et diverses. Le commerce intra-africain ne représente que 15 et 17 %. Alors qu’avec Europe, il se situe au-delà de 60% et en Asie autour de 50%. La part de l’Afrique dans le commerce international se situe autour de 4%. C’est fort de ce constat qui n’est guère reluisant que les Chefs d’Etats et de Gouvernements africains lors du 18ème Sommet Ordinaire de l’Union Africaine ont adopté la décision de commencer les négociations relatives à la ZLECAF en 2015 avec 2017 comme date indicative pour la conclusion d’un accord. S’agissant du profil commercial du Niger, M. Alma Oumarou a relevé qu’au niveau des exportations, l’Afrique est le premier marché à l’exportation du Niger en absorbant 53,1% de ses ventes en 2017, suivie de l’Europe (38,6%), de l’Amérique (7,4%) et de l’Asie (0,9%). Quant aux importations, l’Asie demeure la principale source d’approvisionnement du Niger avec 38,8% de la valeur totale des importations au titre de l’année 2017. Elle est suivie par l’Afrique avec 23,5% et l’Europe avec 22,6% (contre 21,1% en 2016). L’Amérique, elle, a livré 14,6% des importations du Niger en 2017. Par ailleurs, le profil macroéconomique du Niger fait ressortir que le Niger est fortement tributaire des matières premières, principalement de l’uranium, du pétrole et de l’or. Comme messages à retenir, le ministre Alma Oumarou a souligné que le Niger doit diversifier ses exportations pour trois raisons majeures : son processus de changement structurel est très lent et son marché interne est trop restreint par rapport au potentiel d’expansion de la production. Si le Niger ne rompt pas avec le passé, il restera une économie peu productive, dominée par l’agriculture de subsistance, les services informels et des exportations essentiellement minières et pétrolières.
Par rapport à la seconde thématique exposée par le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et l’Elevage, M. Albadé Abouba a précisé que cette session ordinaire du CESOC intervient dans un contexte où le Niger est soumis à une triple crise : sécuritaire, sanitaire et nutritionnelle qui risque d’être aggravée avec la perspective d’une invasion acridienne pouvant anéantir les résultats des investissements réalisés pour une bonne préparation de la campagne agro-pastorale. C’est pourquoi, la présente communication est articulée ainsi: Le contexte sociodémographique de notre pays ; les potentialités agro-pastorales du Niger et les perspectives de compétitivité dans le cadre de la ZLECAF. En outre, le Niger est un pays enclavé avec une population estimée à plus de 20 millions de personnes et un taux de croissance démographique de l’ordre de 3,9%. ‘’ Dans notre pays, l’Agriculture demeure le moteur de l’Economie car, elle contribue à plus de 42% au produit intérieur brut national et constitue plus de 44% des recettes d’exportations. Source d’emploi pour plus de 80% de la population active, le secteur agricole dans ses composantes d’Agriculture et d’Elevage conditionne fortement la croissance de l’économie et la réduction de la pauvreté. Cependant, la performance limitée des systèmes de production et leur sensibilité aux aléas et aux changements climatiques exposent une grande frange de la population à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle en dépit de l’ambition de faire de ce secteur la locomotive de la croissance économique et de la lutte contre la pauvreté’’, a indiqué le ministre d’Etat Albadé Abouba. Pour réaliser cette ambition, le gouvernement a entrepris d’actualiser la stratégie du développement rural par la préparation et la mise en œuvre de l’Initiative 3N depuis 2011. En plus, près d’une dizaine de politiques et stratégies liées au secteur ont été adoptéés et ou actualisées dans des domaines très variés.
Malgré toutes les contraintes auxquelles l’agriculture nigérienne fait face, il n’en demeure pas moins que le Niger dispose d’un important potentiel dans le secteur rural dont l’exploitation judicieuse peut induire une économie rurale dynamique qui permettra de réduire substantiellement la pauvreté en général et générer une croissance économique significative. En outre, des études ont montré que le Niger dispose d’avantage comparatif avéré dans une série de produits végétaux tels que le niébé ; le sésame ; l’oignon ; le poivron; la gomme arabique, ainsi que des produits pastoraux comme la viande, le lait et cuirs et peaux. La transformation de ces produits, a dit le ministre d’Etat, représente une source pérenne de création de valeur ajoutée notamment pour les jeunes et les femmes. En définitive, le ministre d’Etat voit dans la création de pôles de développement régionaux comme une alternative pour la production à grande échelle afin que nous puissions atteindre l’autosuffisance alimentaire et éventuellement exporter la production excédentaire. C’est en cela qu’on peut occuper les jeunes, a-t-il conclu.
Par Hassane Daouda (onep)