Au Niger la protection sociale est interprétée selon les priorités et les politiques nationales. Telle qu’elle est définie dans le document portant Politique Nationale de Protection Sociale au Niger de 2011, la protection sociale englobe en général tout un ensemble d’investissements publics et d’initiatives tant formelles qu’informelles, susceptibles directement de remédier aux risques, à la vulnérabilité et à la pauvreté chronique. La protection sociale comprend à la fois les régimes contributifs (régimes auxquels les bénéficiaires contribuent en partie, tels que les systèmes de sécurité sociale liés à l’emploi ; les systèmes d’assurance sociale et/ou mutuelles de santé) ; et les régimes non contributifs (à travers lesquels les transferts sociaux, en espèces ou en nature, sont octroyés aux bénéficiaires sans contrepartie).
Au plan opérationnel, la protection sociale comprend l’assistance sociale ou l’aide sociale aux personnes et ménages extrêmement pauvres (régimes non-contributifs), relève le Directeur de la Cellule Communication et Qualité de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), M. Dady Aliou. Ainsi, ajoute-t-il, ce mécanisme qui vise à prévenir, gérer et surmonter les situations qui nuisent au bien-être des personnes comporte des transferts réguliers, prévisibles (en espèces ou en nature, y compris les exonérations des frais ou les subventions générales des prix) de la part d’entités gouvernementales en faveur d’individus et/ou de ménages. Ces transferts, qui peuvent inclure, entre autres, les allocations familiales et les pensions sociales, visent à réduire la pauvreté et la vulnérabilité, à accroître l’accès aux services de base et à assurer un minimum de bien-être économique. Les filets sociaux de sécurité font partie de cette assistance sociale.
A cela s’ajoutent les services sociaux en faveur des groupes marginalisés qui ont besoin de soins particuliers ou qui sont refusés d’accès aux services sociaux de base à cause de leurs caractéristiques sociales particulières. Ensuite vient l’assurance sociale pour protéger les personnes des risques et les vicissitudes de la vie et contre leurs conséquences sur les conditions de la vie, de santé et enfin les mesures d’équité sociale pour protéger les personnes contre les risques sociaux tels que la discrimination et la maltraitance.
De manière générale, souligne M. Dady Aliou, la protection sociale permet d’élargir l’accès aux services publics et d’accroître l’investissement dans le capital humain, en particulier dans la santé et l’éducation, ce qui contribue à augmenter la productivité et rend plus facile pour les pauvres l’exercice d’une activité rémunérée. Citant la stratégie de la Banque Mondiale pour la protection sociale et l’emploi 2022, M. Dady Aliou, a souligné la nécessité que nos pays mettent en place des systèmes de protection sociale universels. « Les chocs risquent en effet de devenir plus fréquents à mesures que les économies et les sociétés évoluent sous l’effet de tendance mondiale de longs termes comme les mutations de la nature du travail, les changements démographiques, les dérèglements climatiques ou encore les situations de conflit et de fragilité. La vision de la Banque mondiale pour la protection sociale universelle est de faire en sorte que toutes les personnes bénéficient du soutien dont elles ont besoin et qu’aucun individu ou groupe ne soit laissé pour compte. C’est la pierre angulaire d’une politique sociale inclusive », a-t-il rappelé.
Les piliers du système et les actions
Les principes fondamentaux sur lesquels repose le système de la protection sociale au Niger sont les valeurs de solidarité nationale, les principes d’équité, les droits garantis par la constitution et les résultats à long terme préconisés par les stratégies de développement national et de lutte contre la pauvreté. « Ces fondements visent entre autres, les mesures de prévention, les mesures de protection, les mesures de promotion et les mesures de transformation. La prise en compte de ces quatre dimensions de la protection sociale est l’un des facteurs qui pourrait aider à briser le cycle de pauvreté et à contribuer à la croissance économique en raison de leurs synergies positives et interaction », a déclaré M. Dady Aliou.
La mise en œuvre du système de la protection sociale au Niger nécessite le respect de certaines obligations aussi bien par les employeurs que les citoyens d’une manière générale. Ces obligations qui incombent aux employeurs et aux citoyens prennent en compte la contribution aux systèmes de solidarité basés d’une part, sur les cotisations sociales à la double charge des salariés et des entreprises ainsi que les participations des citoyens au financement de l’intérêt général (impôts, taxes et autres devoirs civiques des citoyens). « C’est à travers une juste redistribution de ces biens communs que les systèmes de protection sociale posent l’espoir de soutenir les personnes vulnérables, démunies ou frappées à outrance par la pauvreté », a fait savoir M. Dady Aliou.
Mais quel bilan peut-on dresser aujourd’hui en matière de protection sociale au Niger?
À ce sujet le Directeur de la Cellule Communication et Qualité de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale cite entre autres, l’engagement des pouvoirs publics ; les politiques sectorielles de réduction de la pauvreté, les Objectifs de Développement Durable (ODD) ; un cadre légal (les instruments nationaux et internationaux visant la promotion et protection des droits disponibles) ; les initiatives existantes dans certains secteurs : sécurité alimentaire, pour les personnes handicapées dans le domaine de la santé et celui de l’éducation ; un espace budgétaire potentiel (production additionnelle d’uranium et exploitation récente de l’or et du pétrole); et des partenaires favorables : PTF, OSC, ONG nationales et internationales prêtes à soutenir les efforts nationaux.
Quelques recommandations pour l’effectivité de la protection sociale au Niger
Face à de multiples défis liés à la faible couverture de la sécurité sociale formelle, au cadre institutionnel et la coordination embryonnaire, la faible synergie entre stratégie et programme, la faible capacité technique des entités nationales à mettre en œuvre des actions efficaces et les allocations budgétaires insuffisantes, des voies doivent être prospectées afin de renforcer le système de protection sociale au Niger. Le Directeur de la Cellule Communication et Qualité de la CNSS recommande dans ce sens aux pouvoirs publics une meilleure répartition des retombées minières et surtout une bonne expression de la solidarité nationale à travers l’attribution de l’emploi au plus grand nombre, des investissements dans la modernisation de l’agriculture et de l’élevage, qui constituent des secteurs pourvoyeurs des biens et services suffisants pour les citoyens. « Il faut penser aussi à l’élargissement du système de la sécurité sociale à toutes les catégories sociales capables d’y contribuer. Enfin, il faut dissuader les fossoyeurs du système actuel de sécurité sociale, notamment les employeurs défaillants, les fonctionnaires, employeurs des services de salariés auxquels ils refusent leurs droits en se cachant derrière les titres de propriétaires de véhicules de transports urbains indépendants », a lancé M. Dady Aliou.
Mamane Abdoulaye (ONEP)