Vous l’avez sans doute déjà remarqué : depuis quelques jours, par la grâce du mois béni du Ramadan, beaucoup de choses ont changé dans notre environnement immédiat. En effet, la ferveur religieuse, sur fond de réserve et de privation, étant de mise, c’est toute une vie nouvelle qui s’offre à nous durant tout ce mois. Observez un peu le spectacle autour de vous et vous noterez des signes révélateurs de grandes mutations comportementales des uns et des autres.
Les premiers signes apparaissent aux heures de prière où on observe une ruée des fidèles vers les mosquées. Ainsi, ces lieux de culte, dont la plupart restent clairsemés pendant presque tout le reste de l’année sont pris d’assaut par des vagues de prieurs pressés. Pour être sûr de se frayer une place au sein de la mosquée du quartier, alors il faudra désormais se lever tôt. Il se passe en effet qu’en cette période de grande dévotion, on ne distingue plus les prieurs assidus de ceux-là qui ne fréquentent les mosquées qu’au gré des circonstances.
Ignorant que « l’habit ne fait pas le moine, ces ‘’nouveaux venus’’ des maisons de Dieu, arborent boubou et gandoura et bonnet comme pour faire sensation. Ensuite on se précipite pour prendre place dans les premières rangées des fidèles, reléguant ainsi, les habitués des lieux, derrière, sinon carrément à l’extérieur de la mosquée. Face à la démesure de certains fidèles en herbe, les vrais ‘’rats’’ de mosquée n’ont d’autre choix que de garder patience jusqu’à la fin Ramadan.
Que dire du comportement de certains jeûneurs qui passent le plus clair de la journée à cracher par-ci par-là, histoire sans doute de montrer aux autres qu’ils observent assidûment le jeûne du Ramadan? Mais ces derniers n’en font même pas assez devant les invétérés mastiqueurs de cure-dent. Il s’agit de ces jeûneurs qui, pour afficher leur degré de dévotion à qui voudrait le savoir, usent à longueur de journée le fameux cure-dent, dans certains cas, une branche d’arbre à part entière. Comme si la dévotion se mesurait à la taille du cure-dent!…
Mais ce qui est surtout remarquable et avec ce mois béni du Ramadan, c’est le règne du bien sur l’emprise du mal. Ainsi, les démons de la zizanie et de la brouille se retrouvent aux abois, ne trouvant nulle part où ils peuvent s’épanouir. Etant entendu que, selon les récits, toutes les forces du Mal sont rudement ligotées et bâillonnées par des verrous en fer galvanisé durant tout le mois, il n’est pas étonnant de voir les impénitents bagarreurs du quartier apparaître sous la peau d’un véritable apôtre de la paix. Mieux, au cours de cette forte période d’exaltation des vertus de la solidarité, ne soyez pas étonné de voir le plus grand Harpagon de la ville prendre de sa fortune pour en faire cadeau à la veuve et l’orphelin. Oh, s’il pouvait en être ainsi de la vie de tous les jours !…
Assane Soumana(onep)
17/05/19