Le ministre de la santé publique, de la population et des affaires sociales Dr Illiassou Idi Mainassara a rencontré, hier matin à l’hôtel de ville de Niamey, les agents de santé des différentes structures sanitaires de la région de Niamey. Cette rencontre a pour but d’échanger avec ces agents de santé sur la problématique de l’offre de soins dans les structures sanitaires publiques. Cela, afin de trouver des solutions palliatives à toutes les insuffisances relevées lors des différentes inspections des services sanitaires. Cette rencontre s’est déroulée en présence du gouverneur de ladite région et du Maire Central de la Ville de Niamey.
Dans son intervention à cette rencontre, le ministre de la santé publique a souligné un certain nombre de problèmes qui minent les structures sanitaires publiques. Il a notamment une insuffisance de la qualité des soins, une insuffisance dans la gestion des ressources humaines, les dépenses excessives imposées aux malades, l’insuffisance dans l’organisation des urgences, la non-fonctionnalité du système de référence/contre référence, le non-respect de la hiérarchie, de l’éthique et de la déontologie.
Détaillant point par point les différentes insuffisances relevées, Dr Idi Illiassou Mainassara a souligné que l’accueil reste à désirer. Ce qui a une influence sur la qualité des soins. Il a aussi évoqué les retards constatés de beaucoup d’agents sur les lieux des services et souvent sans motif valable. A cela s’ajoutent une rupture fréquente des médicaments et consommables, une difficulté d’accès aux médecins spécialistes dont le délai d’attente est trop long, une insuffisance dans la maintenance et l’organisation du travail ainsi que dans l’hygiène des locaux.
Concernant l’insuffisance dans la gestion des ressources humaines, le ministre a déploré l’absentéisme du personnel, une prolongation des congés et autorisations d’absence sans motifs valables. D’après des investigations récemment menées, il s’est avéré, selon le ministre, que certains médecins se sont absentés pendant 6 à 7 mois de leurs postes de service et cela en complicité avec le directeur régional de la santé publique (DRSP). Ce qui, a-t-il dit, n’est point normal et n’honore pas le métier. A ces maux s’ajoutent également le non-respect du calendrier de garde, l’utilisation des auxiliaires, des bénévoles et des stagiaires en lieu et place des titulaires pendant les heures de garde et de service, l’absence de garde pour une certaine catégorie de personnel. A titre d’exemple, le ministre de la santé publique a confié que pendant le mois de ramadan suite à une interpellation, une mission du ministère s’est rendue dans un district sanitaire où c’était les bénévoles et stagiaires qui prenaient en charge les patients pendant que le médecin est chez lui.
Cet état de fait, a-t-il dit, explique l’engorgement des hôpitaux car, il y a un dysfonctionnement des structures périphériques, cela malgré la concentration d’agents dans certains districts au détriment d’autres. Dr Illiassou Idi Mainassara a aussi déploré l’exercice illégal dans le secteur privé de la santé et l’absence de sanctions et de motivation des ressources humaines.
Enfin relativement aux dépenses excessives pour les malades, le ministre de la santé publique a dénoncé l’importance des dépenses hors tarifaires comme l’achat de médicaments à l’extérieur de l’hôpital, les dessous de table, l’inadéquation des traitements (chaque praticien prescrit son ordonnance, dysfonctionnement du plateau technique), le détournement des patients vers les structures sanitaires privées, la durée de séjour excessives, etc. Pour le ministre Idi Illiassou Maïnassara, tous ces maux doivent être éradiqués du système sanitaire afin de soulager les populations. Il a souligné que cela n’est point une tâche impossible car, avec une bonne volonté et un peu de sacrifice, on peut pallier tous ces maux.
En amont à l’intervention du ministre de la santé publique, le gouverneur de la région de Niamey M. Oudou Ambouka a indiqué que malgré le fait que le taux de couverture sanitaire est à 98% au niveau de la région, des défis restent à relever. Le principal est l’accès de la population aux services et soins de qualité qui reste une préoccupation majeure. Le gouverneur s’est dit persuadé que cette mission sur le fonctionnement des services de santé que mène le ministre de la santé va permettre d’améliorer les services et soins de qualités dans les structures sanitaires. M. Ambouka a réaffirmé son engagement personnel et celui de toutes les autorités administratives locales et coutumières de la région de Niamey à accompagner les formations sanitaires dans leur mission.
Pour sa part, le Maire central de la Ville de Niamey a indiqué que la responsabilité incombe à la fois aux populations et aux agents de santé afin d’améliorer les services de soins dans les structures sanitaires.
Après les interventions des autorités, certains professionnels de la santé représentant les structures, les ONG actives dans le domaine de la santé ont intervenu pour faire des suggestions allant dans le sens de l’amélioration des services de soins de santé dans la capitale.
Rahila Tagou(onep)