Monsieur le Directeur comment se porte le secteur du transport routier au Niger ?
Le transport routier, comme principal mode de transport au Niger, se porte bien. Il est en pleine reforme et en perpétuelle mutation. S’agissant de cette mutation et de ces réformes, nous avons élaboré une stratégie 2017-2025 qui est en cours d’exécution. Nous avons aussi élaboré plusieurs textes dans le cadre de la refonte d’une industrie de transport au Niger. Donc voilà ce qu’on peut dire du comportement et de la santé du transport routier au Niger.
Dans sa politique de modernisation du transport terrestre routier au Niger le gouvernement s’est montré favorable à la libéralisation de ce secteur. Et depuis quelques années on constate la création de sociétés de transport interurbain au Niger.
L’impact de la libéralisation du secteur ne peut être que positif. C’est un impact positif parce que tout simplement en libéralisant le transport on crée la qualité, on crée la concurrence, donc il y’a l’amélioration de la qualité du service. C’est dans ce sens que l’Etat a fait des efforts pour la création des gares modernes. Avec la création de ces gares modernes on a donné la possibilité au consommateur de choisir la compagnie de son choix. Puisque le transport est libéralisé, donc même le prix est libéralisé et la concurrence est aussi créée. Ce qui fait la différence des prix d’une compagnie à une autre. Cela, crée aussi, déjà le choix et chacun en fonction de ses moyens pouvais prendre la compagnie de son choix.
Aujourd’hui nous avons deux types de transport, il y’a des artisans transporteurs et des transporteurs qui sont organisés en ce qui concerne le transport des personnes. Autrement dit, nous avons le transport de marchandises qu’il soit public ou privé et nous avons le transport des personnes qu’il soit aussi public ou privé. A l’intérieur de chaque sous composante, nous avons des transporteurs qui sont organisés et régis par un régime normal, c’est-à-dire des sociétés qui sont très bien organisées, qui font leur déclaration, qui tiennent leur comptabilité et qui sont vraiment professionnelles. Les artisans transporteurs, c’est ceux qui sont soumis à un régime qui n’est pas normal du fait de la déclaration fiscale, c’est ceux qui payent la taxe synthétique et c’est eux aussi qui sont mal ou peu organisés.
En ce qui concerne le transport de personnes, le Niger fait aujourd’hui partie des pays les plus en chantier dans l’Afrique de l’Ouest du fait de la structure organisationnelle et de la modernisation dudit secteur. Pour arriver à ce niveau, c’était un combat mené par la société civile, qui défend les intérêts des consommateurs nigériens, et l’Etat qui a décidé de réorganiser le secteur pour créer la qualité.
De ce fait, pour encourager les investisseurs nationaux à s’investir dans le secteur, le code des investissements, qui offre beaucoup plus d’avantages, a été amélioré. Ce code a permis d’attirer beaucoup de partenaires nigériens à s’intéresser au secteur du transport, notamment le transport interurbain. Aujourd’hui on compte au moins 18 sociétés de transport interurbain créées, organisées et opérationnelles. Ces sociétés ont créé beaucoup d’emplois, elles font leur déclaration, elles sont sous un régime normal et elles offrent des services réguliers, c’est-à-dire elles ont l’autorisation de quitter Niamey à une heure fixe déterminée. Autrement dit, que le bus soit rempli ou pas, vous avez l’obligation de démarrer et de quitter, c’est ce qu’on appelle service régulier. A telle heure vous devez quitter, vous allez quitter. Ces sociétés continuent à servir les Nigériens et c’est de la qualité qu’elles offrent. Aujourd’hui, avec ces compagnies, chaque jour que Dieu fait la qualité s’améliore parce qu’il y’a la concurrence. Vous avez aujourd’hui des bus à l’intérieur desquels vous avez le wiffi et d’autres conforts. C’est cela le fruit de la concurrence. Ce qu’on n’avait pas auparavant.
De l’autre côté, on a les artisans transporteurs qui ne sont pas très bien organisés. Dans l’exploitation c’est le tour de rôle. C’est-à-dire, si le tour d’un véhicule arrive quel qu’en soit son état vous devez rentrer. C’est ce qui se passe dans les gares routières. Alors qu’on ne peut pas imposer à un consommateur le produit qu’il ne veut pas. La conséquence, en termes de perte de productivité de service, c’est que le transporteur ne peut pas rentabiliser ses investissements comme il le souhaite. En tout cas pas tout de suite. Parce que, s’il achète, il doit suivre le régime normal de dédouanement, c’est-à-dire qu’il ne bénéficie pas des avantages liés au code des investissements, parce que pour bénéficier de ces avantages il faut remplir un certain nombre de conditions. De l’achat, de la mise en consommation et de l’exploitation du véhicule, pour rentabiliser l’investissement et dégager une marge bénéficiaire, ça va prendre du temps. Le cout d’exploitation d’un véhicule est un problème. Aussi, ils n’ont pas de comptabilité, les conducteurs ne sont pas professionnels et la pluspart de nos transporteurs sont des analphabètes. Or on ne peut pas rentabiliser un véhicule quand on ne connaît pas son compte d’exploitation. C’est pour ces raisons, d’ailleurs qu’au Niger les banques sont réticentes à financer le renouvellement de la flotte nigérienne.
Le transport classique lui n’a pas connu de changement jusque là. Quels sont les efforts fournis en vue d’améliorer les conditions et la qualité dans le secteur des transports terrestres ?
Par rapport au transport terrestre les autorités de la 7ème République ont mis en avant l’intérêt de désenclaver les zones les plus éloignées à travers la construction des routes et l’amélioration de la qualité de service fourni sur ces tançons.
Le gouvernement a décidé, à travers le décret N°2019-270, d’encadrer la profession de transporteur routier ainsi que l’exercice des activités connexes au transport, notamment les intermédiaires, (les transitaires et autres). C’est un décret d’accès aux conditions de transport. Il définit les conditions de l’exercice de la profession. Il définit des curricula, des modules de formations à l’endroit des transporteurs routiers et des intermédiaires pour qu’ils soient tous professionnels. Tout ce beau monde doit s’enregistrer pour avoir les autorisations d’exercer de la profession.
A la fin de chaque année, il y’a un bilan à faire pour que l’Etat sache ce qu’ils font. Le décret définit aussi les conditions de mise à niveau pour qu’on puisse capitaliser l’expérience de ceux qui ne sont pas instruits. Voilà ce dans quoi nous sommes et c’est pour cela que j’avais tantôt indiqué que le secteur est en pleine reforme pour aboutir à une industrie de transport de qualité, une industrie fiable. A travers ce décret, l’Etat veut permettre aux transporteurs de rentabiliser leurs investissements et dégager une marge bénéficiaire.
En prenant ce décret, l’Etat est conscient et a l’obligation de permettre à ceux qui investissent de rentabiliser leurs investissements. C’est pour cela que le Ministère des Transports a pris d’importantes initiatives. Nous avons comme base ce décret d’application de l’ordonnance 2009 qui a été modifiée en 2010 et qui a fait une ouverture en créant d’un fonds universel. Ce fond est géré par l’Autorité de régulation du secteur de transport. C’est cette autorité créée par l’Etat qui doit veiller à l’application et au respect des cahiers de charges, qui doit veiller à l’égalité d’exercer cette profession. Au-delà, ce fonds est collecté par l’autorité et est utilisé pour corriger certaines imperfections du fait soit de l’éloignement de certaines zones ou du mauvais état des routes ou pour des zones qui sont mal desservies. L’autorité peut utiliser ce fonds pour compenser et permettre de créer la qualité sur le tronçon. Si par exemple les coûts de transport sont élevés pour une localité quelconque, l’autorité peut regarder et prendre une partie de ce fonds pour compenser et permettre à certains transporteurs de desservir cette localité. Mais, je rappelle que la gestion des gares routières publiques, de part du code des collectivités territoriales, a été désormais confiée aux collectivités territoriales.
Le renouvellement du parc auto nigérien qui est très vieillissant est une des politiques à laquelle le gouvernement met l’accent, qu’en est-il aujourd’hui ?
On est obligé de toucher au renouvellement de parc. Et c’est pour cela que l’Etat a depuis un certain temps institué le contrôle technique automobile. Il s’agit de moderniser ce contrôle, pour contrôler l’âge du véhicule et la pollution, parce que tous ces éléments ont un impact sur la santé humaine. Aussi, l’Etat a créé une Agence nigérienne de la sécurité routière pour lutter contre les accidents de la route. Ainsi, c’est un ensemble de paquet des reformes que le ministère a engagé pour la modernisation du secteur. Le renouvellement du parc est d’actualité. Il y’a même un projet de renouvellement du parc qui a été créé et qui est en train de se mettre en place pour pouvoir, d’abord réorganiser les transporteurs afin de penser à regrouper toutes ces personnes pour qu’elles puissent se présenter auprès du guichet de financement pour pouvoir renouveler leurs flottes. Telle est l’objectif du Ministère des Transports. Au niveau du transport voyageur il y’a une grande avancée, avec les sociétés modernes qui, presque chaque année, renouvellent leurs parcs, parce que les responsables bénéficient des avantages du code des investissements. Maintenant en ce qui concerne les artisans transporteurs, il faut les regrouper, les réorganiser et le renouvellement du parc va s’imposer de lui-même. Je pense qu’en termes du renouvellement nous sommes là-dessus, l’Etat est conscient de cela, et l’Etat va pour pouvoir aboutir au renouvellement du parc auto. C’est d’ailleurs dans cet esprit que la loi 2014 portant code de la route a prévu à son article 5 que l’âge du véhicule à l’importation sera limité. Donc la limitation de l’âge interviendra et c’est dans le souci de corriger non seulement ou de palier les différents accidents et renouveler la flotte nigérienne.
Réalisée par Ali Maman(onep)