Un Ramadan dans le calme et en toute simplicité. Il va sans dire que le contexte particulier de crise sanitaire planétaire, dominée par l’expansion de la pandémie du Covid-19, allait peser de toutes ses pesanteurs sur le déroulement du Ramadan 2020. En temps normal, le Ramadan rime avec ferveur et accès de piété sur fond d’affluence générale vers les mosquées. C’est aussi l’occasion pour renouer avec les dépenses ostentatoires attisées par certaines pratiques qui frisent le zèle et la démesure.
C’est le cas par exemple du phénomène du cadeau du sucre, qui au fil des années, était en passe de devenir une véritable institution. C’est ainsi qu’on assiste à une remarquable valse des cartons de sucre distribués à tours de bras, allant tout naturellement des foyers les plus nantis vers les plus pauvres. La solidarité africaine joue pleinement son rôle.
Mais dans certains cas, ce jeu de la solidarité prend le ton de ‘’générosité obligatoire’’. En effet, s’inscrivant au départ dans le cadre des gestes de bonne volonté, le cadeau du sucre s’est hissé au rang des pures obligations, devenant du coup l’objet d’un véritable casse-tête pour certains. C’est surtout le cas quand cette pratique se joue entre les jeunes filles et garçons. Aussi, entre les filles, désireuses d’obtenir le geste tant attendu du bien-aimé, et les garçons, qui tentent à tous prix d’esquiver le coup (le coût !) du sucre, les manœuvres prennent souvent le ton du cruel jeu du chat et de la souris.
Pour cette édition 2020, Covid-19 oblige, l’heure n’est pas à l’enthousiasme et l’extravagance dans l’observance de ces pratiques ruineuses tendant à transformer le mois du ramadan en une période des folles dépenses.
Aujourd’hui, alors que les fidèles abordent la seconde moitié de ce mois béni, on a presque déjà tourné la page des réclamations du cadeau sucre pour s’inscrire dans la perspective des enjeux liés aux préparatifs de la fête de Ramadan. Et même là, c’est sans grandes ambitions…
En réalité, le constat qui se dégage, c’est que tout le monde a compris que ce Ramadan-là ne saurait être comme tous les autres au regard des vicissitudes du moment, avec tout ce cortège de stress, d’inquiétudes et d’interrogations qui nous absorbent en traversant cette zone de hautes turbulences et d’angoisse générées par la pandémie du coronavirus. La situation est telle que, pour nombre d’âmes qui vivent sur terre, tous les grands projets sont reportés, voire annulés, le seul défi étant finalement de sortir vivant de cette singulière année 2020.
Assane Soumana(onep)