La politique éducative actuelle au Niger met l’accent sur la scolarisation de la jeune fille dans la perspective de capter le dividende démographique à même de booster le développement socio-économique de notre pays. Cette politique s’appuie sur le développement du capital humain comme alternative crédible pour un développement durable. Si la scolarisation de la jeune fille ne se heurte pas à des difficultés en milieu urbain, il n’en est pas le cas en milieu rural où les obstacles persistent surtout pour le maintien de la jeune fille à l’école.
Il reste encore beaucoup d’efforts à faire pour la scolarisation de la jeune fille dans les villages nigériens. Ainsi, dans la commune rurale de Tagazar, il n’est pas rare de trouver des cas d’abandon liés soit au mariage précoce ou à d’autres occupations ou tâches qui empêchent à la jeune fille de poursuivre ses études convenablement.
Selon le directeur départemental de l’Education nationale de Balleyara, M. Hachimou Hamidine, le département comprend quatre inspections pédagogiques : une inspection de l’enseignement secondaire général ; une inspection de l’enseignement franco-arabe ; une inspection communale de l’enseignement primaire et une inspection d’alphabétisation et de l’éducation non formelle. Il faut préciser que seule l’inspection de l’enseignement secondaire général et celle de l’enseignement primaire communal disposent d’inspecteurs. Les deux autres (l’inspection de l’enseignement franco-arabe et l’inspection d’alphabétisation et de l’éducation non formelle) sont en instance parce que les activités pédagogiques sont rattachées à la direction départementale de Filingué où siègent les inspecteurs.
Quant aux effectifs des élèves au titre de l’année académique 2022, le directeur départemental nous donne des chiffres de façon désagrégée. En effet, à l’inspection de l’enseignement secondaire général, on compte 3784 élèves dont environ 2000 filles ; à l’inspection communale de l’enseignement primaire, les effectifs se présentent ainsi : 21.010 élèves dont 10.051 filles. A l’inspection de l’enseignement franco-arabe, on dénombre 4350 élèves dont 2300 filles. On constate que d’une inspection à une autre l’effectif garçons /filles varie. Au regard des chiffres avancés, on peut dire que la scolarisation de la jeune fille est satisfaisante à Balleyara. Par ailleurs, le directeur départemental de l’éducation nationale, M. Hachimou Hamidine ajoute que le vœu du Président de la République en matière du maintien de la jeune fille à l’école est bien accueilli. La population est sensibilisée et les autres acteurs s’y mettent dans la perspective de maintenir aussi longtemps que possible la jeune fille à l’école. Toutefois, les problèmes qui entravent à cette politique ne manquent pas tant les habitudes devenues culturelles ont la peau dure. La problématique est bel et bien réelle à Balleyara comme dans les autres contrées de l’intérieur du pays. Ainsi dix sept (17) cas de mariages ont été recensés cette année sans compter ceux déjoués par les services de la scolarisation de la jeune fille, a relevé M. Hachimou Hamidine. Ce qui fait défaut dans la lutte contre le phénomène des mariages des filles en cours de scolarité, estime le directeur départemental de l’Education Nationale de Balleyara, ce sont les textes qui ne sont pas précis en la matière notamment les sanctions infligées aux auteurs, co-auteurs et complices qui empêchent l’exercice plein et entier du droit des jeunes filles à la scolarisation. ‘’ Je pense que les sanctions doivent être claires pour que tout acteur qui se trouve dans ce cas sache à quoi il doit s’attendre. Certes, notre culture est sensible par rapport à la thématique, mais tout de même après la sensibilisation, il va falloir pour l’Etat prendre des mesures préventives, en l’ocurrence les textes appropriés pour la protection de la jeune fille en cours de scolarisation. Sur le terrain, ce sont ces textes qui nous manquent ’’, a souligné M. Hachimou Hamidine.
Sensibilisation pour une adhésion massive à la scolarisation de la jeune fille.
Dans le département de Balleyara, les services en charge de la scolarisation de la jeune fille initient de façon périodique une série de missions de sensibilisation de la communauté sur la question. En 2022, la direction départementale de l’Education Nationale a effectué quatre (4) missions terrain. Pour chaque mission, précise M. Hachimou Hamidine, au moins une vingtaine d’écoles ont été atteintes par la sensibilisation. Mais, cette action est insuffisante au regard du travail de longue haleine que la direction départementale est appelée à mener. Cependant, cette action n’est que le résultat des moyens roulants mis à la disposition du service départemental. Il faut préciser que les missions sont ciblées et touchent les acteurs que sont les associations des mères éducatives ; les Associations des Parents d’Elèves (APE) ; les Comités de Gestion et les élèves. Dans le cadre de ce travail de sensibilisation, il existe des ONG qui aident la direction départementale.
Par ailleurs, les filles qui sont victimes d’abandon lié soit au mariage ou tout autre facteur entravant sa scolarisation ont l’âge compris entre 13 à 15 ans dans le département de Balleyara. Lorsque les services éducatifs sont informés d’un cas de mariage d’une fille en cours de scolarité, ils utilisent d’abord les méthodes de sensibilisation qui privilégient la renonciation au mariage. Au cas où cette démarche s’avère infructueuse, l’option d’assigner l’affaire en justice est prise. M. Hachimou Hamidine souligne que rarement les services de protection de la scolarisation de la jeune fille font recours à la justice pour le règlement de ce genre d’affaire. Et l’un des facteurs entravant la scolarisation de la jeune fille en milieu rural, c’est le taux de réussite aux examens. Ce taux n’est pas satisfaisant à Balleyara. La cause de ce piètre résultat aux examens peut être liée, selon le directeur départemental de l’Education Nationale, à l’éloignement des établissements et les lieux de résidence des jeunes filles. A titre illustratif, il y a des jeunes filles qui marchent 4 à 10 km pour venir à l’école. Cette distance qu’elles parcourent chaque jour joue négativement sur leur performance scolaire. Certaines finissent par abandonner les bancs de l’école au profit du mariage. En définitive, le directeur départemental de l’Education Nationale conseille aux parents d’accepter d’inscrire leurs filles à l’école et de faire en sorte que celles-ci soient maintenues jusqu’à un certain âge. Toutes les études ont montré que lorsqu’une fille étudie, elle est beaucoup plus utile pour sa famille ; la société ; la communauté et la nation tout entière.
Hassane Daouda(onep), Envoyé Spécial