Vaste décor impressionnant des tentes symétriques sur un terrain sablonneux propre, le site Gamou paraît attrayant, mais ses occupants ne semblent pas vivre «de joie» dans cet espace où ils ont été accueillis au moment où ils n’avaient pas d’habitations suite au inondations. C’est le silence total dans la cour. Pas de mouvements, ni d’enfants jouant dans la cour. Pourtant les ménages qui habitent le site ont des enfants.
Le site Gamou est un site transitoire pour les victimes d’inondations de l’arrondissement communal Niamey V qui l’occupaient depuis octobre 2020. Ce site comme celui de l’hippodrome qui a accueilli les sinistrés du quartier Saga de la commune 4 de Niamey, avaient servi de cadre pour assurer une assistance alimentaire et médicale dans l’immédiat pour les populations victimes d’inondations.
Le site transitoire de Gamou qui est un domaine militaire d’une superficie de 19 hectares abrite quelque 935 ménages sinistrés, soit une population estimée à 7.389 personnes. Tous ces habitants viennent des zones inondées de la Commune V, victime des inondations qui ont occasionné l’effondrement de plusieurs habitations et la submersion des maisons et des rizières pendant la saison pluvieuse 2020. L’accès au site pour tout visiteur est réglementé. La sécurité est assurée et les services sociaux de base sont disponibles : fourniture en eau, école et dispensaire.
Au petit matin sous l’ombre des tentes des femmes au visage anxieux regroupées par affinité discutent. Au centre de leurs discussions, où aller après avoir quitté le site? Sur le nouveau site dont elles disent entendre le nom ou dans leurs anciens espaces inondés au risque de revivre le même calvaire? Les sinistrés sont inquiets parce qu’ils ont été informés par l’administration du site «de se tenir prêts car le déménagement peut avoir lieu à tout moment».
Fati Boubacar parle de son séjour sur le site avec amertume. Tête baissée sur ses crochets, elle fait le tricotage tout en parlant de son activité. «Je fais du tricotage pour gagner de quoi faire bouillir la marmite car, l’assistance alimentaire (les 25 kg de riz pour 4 personnes) reçue il y a longtemps ne peut satisfaire leurs besoins alimentaires», dit-elle d’une voix à peine audible. Fati raconte que son mari est parti en exode et elle vit seule avec ses enfants, qui fréquentent l’école au centre-ville. Elle a toutes les difficultés pour subvenir convenablement aux dépenses liées à la scolarité de ses enfants. «La vie sur ce site est d’autant plus compliquée la nuit où il fait totalement sombre et frais», renchérit Hadiza Amadou qui se désole de l’abri qui ne les protège pas contre le froid. D’après ces deux témoins, beaucoup de femmes sont exaspérées de vivre sur ce site transitoire mais elles affirment également être pessimistes quant au nouveau site dont elles ont entendu parler et dont la viabilisation demeure un souci pour elles.
Si certains sinistrés se soucient de la viabilisation des parcelles promises par l’État, d’autres souhaitent se voir octroyer un espace quel que soit la superficie et ils vont se débrouiller pour se mettre à l’abri. Ces personnes ne veulent plus vivre les souffrances des inondations. C’est le cas de Souleymane Soumana qui dit attendre impatiemment le terrain à occuper. Il prévoit d’y construire un hangar dans l’immédiat pour mettre sa famille à l’abri et être loin des inondations pour toujours. Pour Boubacar Gado âgé de 86 ans, peu importe la distance, il souhaite, juste que la promesse des parcelles se concrétise pour aller s’installer sur le terrain qui lui sera affecté.
Les parcelles à octroyer aux victimes des inondations de la Ville de Niamey sont disponibles, selon l’administrateur du site Gamou, Colonel Garantché
1754 parcelles de 250 m2 chacune sont disponibles selon le colonel Boubacar Soumana Garantché, responsable en charge des sinistrés. «Ces parcelles qui se trouvent sur un site situé dans l’arrondissement communal Niamey V sont en cours de de viabilisation», précise M. Garantché.
Les principaux concernés, c’est à dire les victimes des inondations, disent qu’ils ont juste entendu parler de la promesse des parcelles et d’autres commodités à réaliser mais ils se disent pessimistes quant à l’aboutissement de cette promesse. Selon eux ce n’est pas la première fois que des promesses de parcelles leur ont été faites, sans suite. C’est justement pour cette raison qu’ils disent que certains d’entre eux ont regagné leurs anciennes habitations dans des zones inondables où ils ont déjà commencé à reconstruire des maisons en banco ou en ciment pour les plus nantis.
Pour leur part, les délégués des sinistrés, par la voix de leur président, M. Adamou Sibiri Namata, soutiennent que les parcelles sont disponibles, mais ils sont sans aucune idée quant à la date de l’attribution.
Issoufou A. Oumar(onep)