
Manifestation à la Place de la Concertation en soutien au CNSP le 27 juillet 2023
Dès le lendemain du 26 juillet 2023, les Nigériens sont sortis nombreux d’abord à Niamey, puis dans les autres régions du pays, pour soutenir les nouvelles autorités. Cette mobilisation a commencé par un rassemblement à la Place de la Concertation à Niamey où des discours ont été prononcés par des acteurs de la société civile. Des résolutions ont été adoptées, appelant les autorités du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie à revoir les accords militaires avec les partenaires.
Cette mobilisation citoyenne a démontré que les Nigériens sont prêts à se rassembler pour défendre les valeurs communes. Cela a encouragé la formation de nouveaux groupes d’entraide, visant à promouvoir d’actions locales, la sensibilisation à la citoyenneté, des collectes de fonds pour soutenir l’initiative, ou encore des projets de réhabilitation d’espaces publics. Cette mobilisation populaire a ainsi transformé une simple rencontre en un véritable mouvement citoyen sans précédent, ralliant des scolaires, des organisations de la société civile, des leaders religieux, des commerçants, des jeunes, des femmes, des personnes âgées tous contre les dirigeants de la CEDEAO, de l’UEMOA et de la France.
Ainsi, des veillées ont été organisées durant plusieurs mois, au rond-point de l’Escadrille, ou “Place de la Résistance“, au niveau du rond-point sixième, rond-point Telwa, au rond-point Gadafawa, au rond-point Francophonie et plusieurs artères de la capitale par des mouvements de la société civile et des citoyens, dont le M62 et le Front Patriotique pour la Souveraineté (FPS), pour le départ de l’Ambassadeur de France et de toutes les troupes militaires étrangères. Ce qu’il faut retenir dans l’engagement de ces milliers de citoyens qui ont passé des nuits blanches à l’Escadrille et au niveau des carrefours de la capitale, c’est l’expression de leur combat : « Laabu sani no » ou « Zancen kassa ne », littéralement traduit, « Le pays avant tout ». Autrement, il ne s’agit plus d’une « affaire » d’un parti politique, d’un groupe de personnes, d’une région ou d’un clan. Ce n’est même pas, non plus, une « affaire du CNSP », mais exclusivement une « affaire du pays, de la patrie ».
Cet engagement du peuple nigérien a permis au CNSP de prendre conscience davantage de l’attachement des citoyens à leur patrie et à la défense de sa souveraineté. Ce qui les a amenés à prendre très tôt des mesures énergiques allant dans ce sens, dont la dénonciation des accords militaires avec la France, le départ de l’Ambassadeur de France au Niger, la suspension des médias RFI et France 24.
Des régions, aux villages, et aux hameaux en passant par les communes et les départements, les citoyens se sont mobilisés durant des mois pour exprimer leur soutien aux nouvelles autorités.
De leur côté, les acteurs culturels ont aussi joué un grand rôle dans la motivation des populations à rester débout. Des chansons d’engagement ont été produites par des artistes nigériens et des artistes africains. C’est le cas de l’artiste guinéen Elie Kamano qui a produit un single devenu l’hymne de l’Afrique. Cela a contribué à galvaniser les citoyens nigériens à rester débout et à veiller sur les rond-points, les différents axes stratégiques et à la Place de la Résistance. Ils ont ainsi apporté une contribution inestimable dans la réussite de la lutte.
S’il y a un garant de la victoire du peuple nigérien dans ce combat, c’est bel et bien le Maître Suprême (Dieu) de l’univers, et ce, en exauçant les prières des populations mais aussi et surtout les invocations des leaders religieux qui ont su mettre la nation au-dessus de toutes autres considérations : des prières nocturnes, des ‘’Qunuts’’, les séances de lecture du Saint Coran, les appels à la cohésion, les prêches ont ponctué ces douze derniers mois de résistance du peuple nigérien.
Aïchatou Wakasso (ONEP)