Le festival traditionnel Sarho du canton de Bambeye, dans la région de Tahoua est à sa 7ème édition du 9 au 11 janvier 2023. Lieu des retrouvailles entre les gardiens de diverses pratiques ancestrales que sont entre autres les ’’wazams’’, les ’’yan tawri’’, les ’’yan bori’’. Ce festival est un cadre approprié de démonstrations à la fois spectaculaires et mystiques dont seuls des héritiers initiés ont le secret. La semaine du festival, de ”Sarho” ramène tout Bambeye dans un passé profond riche en couleur à conter avec fierté.
Ces retrouvailles dans la diversité des cultures et traditions haoussa, Djerma, peulh, Kanouri, Touareg, Gobirawa, Goubawa, Arawa, Korfeyawa et Bororo, dont les peuples se sont installés sur le territoire de Bambeye, et y vivent en paix depuis la nuit des temps, sont placées sous le signe de la cohésion sociale et de la coexistence pacifique entre les communautés et marquent la fin des travaux champêtres et le début de la vaine pâture.
L’événement suscite beaucoup d’enthousiasme et d’engouement chez des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, fortement mobilisés autour du chef de canton et les chefs de villages pour magnifier et célébrer les valeurs traditionnelles, en présence de plusieurs invités de marque, parmi lesquels les autorités administratives régionales et locales, les chefs de canton de Tahoua, Kalfou et Illela, les chefs de groupement peulh de Tahoua et touareg de Telemces. Ce festival annuel est initié par l’honorable Elh Hamza Assoumane Bayéré, 4ème chef de Canton de Bambeye depuis son intronisation.
”Nous dépendons les uns des autres, les agriculteurs des éleveurs et vice versa, nous n’avons de choix que celui de rester unis et combattre avec la dernière énergie toute velléité de division, ainsi que tous autres sectarismes”, a déclaré le chef de canton de Bambeye, l’honorable Elh Hamza Assoumane. La cohabitation pacifique et l’harmonie ont, historiquement, toujours prévalu dans les relations entre les différentes communautés qui composent le canton, a-t-il relevé. C’est donc l’histoire d’un peuple épris de paix, fier et respectueux de la diversité de ses composantes qui est célébrée à travers le Sarho.
«Alhamdoulillah, nous avons vu la tradition de l’Ouest Ader dans toute sa splendeur, les valeurs dont nous sommes tenus de sauvegarder et valoriser tant», se réjouit le Chef de canton de Illela, sarkin Ader, l’honorable Habibou Yacouba Oumani qui se prononçait au nom de l’Association des chefs traditionnels du Niger. Il estime que le Sarho est un exemple à même d’inspirer les autres gardiens de traditions que sont les chefs traditionnels. Au-delà des cantons et sultanats, l’honorable Habibou Yacouba Oumani préconise des telles retrouvailles à l’échelle nationale.
Comme toutes les disciplines culturelles, le «Sarho» a ses propres règles. Celles-ci se résument aux valeurs d’unité, de solidarité, de cohésion sociale et de retrouvailles entre les filles et fils d’un même terroir. «Cette initiative de l’honorable chef de canton vient renforcer davantage la cohésion sociale. Cette dernière fait partie des préoccupations essentielles des plus hautes autorités de notre pays notamment SE. Mohamed Bazoum, Président de la République, Chef de l’Etat», a soutenu le maire de la commune rurale de Bambeye, M. Adamou Saadou. «Rien ne peut être mieux s’il n’existe pas une compréhension entre les communautés vivant ensemble», a-t-il ajouté.
Il faut noter que cet événement est organisé avec une importante participation des ressortissants de Bambeye, dont des députés, des operateurs économiques, la diaspora, ainsi que celle de certaines autorités administratives régionales et locales.
Le canton de Bambeye est situé à quelques 25 km à l’ouest de la ville de Tahoua et couvre les communes rurales de Tebaram, de Takanamatt et celle de Bambeye avec une forte population estimée à plus de deux cent mille (200.000) habitants. Il est limité à l’est par les communes de Tahoua, Kalfou et Affala ; à l’ouest par les départements de Filingué et Bagaroua ; au nord par le département de Tillia et au sud par le département d’Illéla.
Dans son allocution à l’ouverture du festival traditionnel, le gouverneur de la région de Tahoua, M. Moussa Issa a d’abord transmis les salutations du Président de la République qui encourage cette dynamique de sauvegarde des valeurs culturelles et traditionnelles. Il a ensuite saisi l’occasion de ces retrouvailles populaires pour évoquer les défis liés à l’éducation et à la sécurité qui constituent dans la zone des préoccupations majeures. M. Moussa Issa a essentiellement expliqué la politique de l’Etat en matière d’éducation pour la jeune fille précisément, une politique axée sur la création des internats. Par rapport à la question sécuritaire, il a appelé la population à plus de collaboration avec les forces de défense et de sécurité (FDS) afin de venir à bout de toute menace.
Après la cérémonie d’ouverture de la fête, la foule s’est dirigée vers le palais du chef de canton où, au sortir d’un déjeuner, il s’en est suivi une série d’animations avec des troupes traditionnelles. Tendé, Tighedima, Molo, Chorale, Orchestre. Autant dire que l’ambiance était vive et alléchante. Il y a eu également des combats de luttes sur ”lahda” ou pari qui a mis aux prises une trentaine de jeunes.
Ismaël Chékaré(onep),Envoyé spécial