La campagne nationale de vaccination qui s’est déroulée, du 13 au 16 juin dernier, avec un ratissage lors des journées du 17 au 18 juin. A Diffa, comme un peu partout sur l’étendue du territoire, cette campagne a vu la mobilisation de plusieurs acteurs pour son effectivité et sa réussite. Ces divers et multiples acteurs, chacun en ce qui le concerne s’est pleinement impliqués, à Diffa. Certains d’entre-deux témoignent :
Nafissa Karimou, une vaccinatrice au quartier Château de Diffa.
« Nous faisons de porte en porte, pour nous faire présenter les enfants de 0 à 5 ans, successibles d’être vaccinés et de bénéficier de la vitamine A, qui favorise une bonne croissance et leur évite la cécité nocturne et de l’Albendazole, qui protègent ces enfants des vers intestinaux. Comme à l’accoutumée, en nous introduisant dans une concession, nous saluons les occupants, nous nous présentons aux responsables des foyers et nous procédons à la vaccination, une fois que l’enfant ou les enfants nous ont été présentés. En général, tout se passe bien et nous prenons congé de nos hôtes, après avoir procédé à l’identification et au marquage (sur la porte principale)des ménages ».
Mme Falmata Mamadou, une réfugiée nigériane de 42 ans, originaire du village de Malam Fatori.
« Je suis contente que mes trois enfants soient vaccinés contre la polio. Chez nous, à MalamFatori, nos enfants recevaient des vaccins contre la polio et nous allons toujours continuer à les faire vacciner surtout que là-bas, leur papa était agent de vaccination ».
Fatima Cheffou, au niveau du CSI de Diffa, confie avoir trois enfants. « Saidou est âgé de 4 ans. Il vient d’être vacciné, ce matin, contre la polio, cette maladie qui rend les enfants infirmes et qui les empêche de se mouvoir normalement ». Elle ajoute que « les vaccinations régulières de l’enfant permettent d’éviter la polio ». «Cette fois-ci, en dehors du vaccin contre la polio, mon enfant a aussi reçu de la vitamine A et de l’Abdenbazole. Mes enfants n’a jamais raté la vaccination. J’en appelle aux parents et surtout aux femmes pourqu’elles face faire vacciner leurs enfants », lance-t-elle.
Maïgari,le chef du quartier administratif, fait le bilan, avec les vaccinateurs et le superviseur, après la première journée de vaccination du 13 juin : « En tout, ils ont coché 171, donc ils ont vacciné 171 enfants. Il reste encore quelques enfants à vacciner d’ici le 18 juin. Car il y a 197 enfants qui sont ciblés», constate Maigari. Il lance, par la suite, cet appel aux populations de son quartier en particulier et celles de tout Diffa, en général, celui d’« ouvrir grandement leurs portes aux agents de vaccination ».
Awal Sidi de la Radio communautaire Mounio FM de Kabléwa.
«Dans nos émissions, nous réservons une bonne partie à des programmes de sensibilisation en langue locale. A chaque campagne nous passons de longues heures à lancer des messages en faveur de la vaccination contre la polio, nous proposons aussi des programmes relatifs aux conséquences néfastes de la polio avec des témoignages de personnes ayant été victimes de cette terrible maladie et ceux des agents de santé du Centre de Santé Intégré (CSI) de Kabléwa et des environs ainsi que ceux du district sanitaire de Diffa. Nos messages portent car beaucoup de nos auditeurs reconnaissent que c’est grâce à nos émissions qu’ils se convainquent de faire vacciner leurs enfants. Nous en sommes fiers »,
Elhadj Abba Oumara, Relais communautaire frontalier de Kolomanga (Kabléwa).
«Lorsqu’il y a une campagne de vaccination en préparation, nous prenons contact avec le Maïgari, à qui nous expliquons de quoi il s’agit et il nous donne l’autorisation de parcourir le village pour l’annoncer à tous les habitants ainsi que le jour des passages des équipes de vaccinateurs. Je fais environs 4 jours pour parcourir une quarantaine de km, à cheval, pour toucher l’essentiel des villages frontaliers et les camps de réfugiés nigérians. Nous faisons plusieurs passages pour voir les enfants car les parents sont souvent absents. Dieu merci, avec cette sensibilisation, beaucoup de parents, qui au départ étaient réticents, présentent leurs enfants aux vaccinateurs et profitent ainsi pour leur assurer une meilleure santé. C’est cela ma satisfaction et ma fierté ».
Hama Sayadi Laouali, Chef CSI
Kablewa.
«Comme à Bosso, avec laquelle nous faisons frontière, un cas de polio a été détecté et il y a ici à Kabléwa des déplacés de cette localité. Nous avons donc décidé de prendre le taureau par les cornes. Ainsi, une semaine avant cette campagne de vaccination, nous nous sommes mobilisés avec les leaders communautaires, les Chefs des villages, les relais communautaires, les femmes leaders, brefs tous les acteurs liés à la santé de nos communautés. C’est en ce temps que commence la mobilisation qui se répercute au niveau de chaque village du CSI de Kabéwa. C’est donc ainsi qu’au jour J, les parents et les enfants se tiennent près à accueillir les équipes de vaccinateurs. Et tout le monde s’est mobilisé pour une réussite effective de cette campagne de vaccination. Le mieux, je pense, c’est de sauver nos enfants et leur assurer un meilleur avenir, c’est aussi cela notre devoir de parents. Une personne infirme peut mettre toute une famille à genoux, c’est ce qu’il faut retenir et évite »,
Elh. Warouma Arifa, Chef de canton de Goudoumaria.
« Depuis longtemps nous entendons parler de la poliomyélite et de ses conséquences désastreuses sur les enfants. Nous en avions vu des cas, dans nos localités, cela fait pitié et cela est révoltant. Surtout quand on sait qu’en injectant juste quelques gouttes du vaccin, on peut sauver à vie nos enfants. C’est cela qui a fait que je me suis personnellement engagé dans ce combat, pour booter cette maladie hors de notre territoire. Mieux, je sensibilise mes concitoyens pour qu’ils fassent vaccinés leurs enfants. En leur disant qu’un seul cas de polio constitue une épidémie ».
Malam Aboubacar Abdoulahi, 44 ans, prêcheur à la grande mosquée du quartier Dubaï de Diffa
« Je pense et je suis convaincu que nous, les leaders religieux, nous avons un grand rôle à jouer dans le cadre des actions en faveur d’une meilleure santé de nos populations. Je suis d’accord et je soutien les différentes campagnes qui visent à protéger nos enfants non seulement contre la poliomyélite mais aussi contre toute maladie qui peut entraver leur épanouissement et leur développement. Ce soutien n’est pas qu’intentionel car chaque fois que l’occasion se présente ou quand une campagne de vaccination est en vue, j’en fais le point central de mes prêches, tout en invitant les fidèles à faire vacciner leurs enfants, dans leur intérêt et dans celui de toute la communauté. Par la grâce de Dieu, nos appels sont entendus. En effet, les services qui se chargent de ces campagnes nous le font savoir, nous félicitent et surtout nous associent dans ces actions de sensibilisation et de mobilisation ».
Le Directeur régional adjoint de la Santé publique de Diffa, M. Mamadou Elhadj Ibrahim.
« Le démarrage de la campagne contre la polio couplée à la distribution de la vitamine A et de l’Albendazole est effectif dans la région de Diffa. Nous avons pu confirmer que tous les 6 districts de la région sont à pied d’œuvre dans la campagne.
Plaise à Allah, nous nous sommes mobilisés, nous avons déployés tous les moyens nécessaires pour atteindre notre cible. D’ailleurs nous irons au-delà de nos cibles, car il faudra tenir compte des déplacés et des réfugiés
Lors de cette campagne pour ce qui est de la lutte contre la polio (VPO), il y a 288.576 enfants de 0 à 5 ans à vacciner, et pour ce qui est de la vitamine A, la cible est de 248.000 enfants. Pour l’Albendazole, ce sont 286.000 enfants qui sont ciblés durant cette campagne ».
Des dispositions sécuritaires ont été prises en collaboration avec les autorités administratives. Nous avons aussi l’appui des autorités coutumières qui nous accompagnent. Pour la première journée, nous n’avons pas enregistré de cas de refus. Ainsi, nous avons enregistré une campagne de vaccination positive, un résultat à mettre à l’actif de l’opération de sensibilisation et de la forte mobilisation de tous les acteurs »,
Propos recueillis par Mahamadou Diallo(onep)