Alors que le Niger a été certifié libre et indemne par rapport à la circulation du polio virus sauvage, depuis 2016 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et après plusieurs années d’accalmie, en matière de notification de cas polio virus, 11 cas ont été détectés dans la région de Zinder et 2 cas dans celle de Diffa. A cela s’ajoute 14 cas repartis dans plusieurs localités de ces deux régions, entre octobre 2018 et juin 2019. Selon les experts, tous ces cas sont liés à ceux détectés au Nigéria. Cela indique, selon la même source, une circulation soutenue de poliovirus dans notre pays. Face à cette situation, le gouvernement nigérien avec l’appui de ses partenaires, dont l’UNICEF, a d’abord organisé 2 passages des journées locales de vaccination en octobre et novembre dans les régions de Diffa, Zinder, Maradi et Agadez), suivi d’un ratissage en décembre sur 8 districts sanitaires. Il a ensuite poursuivi avec une 2ème phase, qui faisait suite à 1 cas de PVDP découverts en décembre 2018 à Magaria (Zinder). Cette phase a ciblé 20 districts dans 3 régions (Zinder, Maradi et Diffa), et a été mis en œuvre de janvier à juin 2019 au cours de 3 campagnes et un ratissage. Cette résurgence de la poliomyélite dans la région de Zinder et Diffa recommande une synergie d’actions de la part des autorités nigériennes et leurs partenaires pour mener efficacement la riposte afin de libérer définitivement le pays de cette maladie qui compromet dangereusement l’avenir des enfants. Pour cette nouvelle campagne contre la polio (VPO), qui s’est déroulée du 13 au 16 juin derniers, avec deux jours de ratissage (les 17 et 18 juin), 5.927.429 enfants âgés de 0 à 59 mois devaient être vaccinés sur l’ensemble du territoire. Le Ministère de la Santé Publique, en collaboration avec plusieurs partenaires notamment l’UNICEF, a en effet lancé la campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite, qui est cette fois couplée à la supplémentation en vitamine A et au déparasitage. C’est ainsi que du 13 au 16 juin derniers, une vaste campagne de vaccination contre la poliomyélite couplée à la supplémentation en micronutriments (vitamine A) et au déparasitage par l’Albendazole, sur l’ensemble du territoire national, a été organisée. A Diffa, comme dans toutes les régions du pays, la campagne a concerné des enfants de 0 à cinq ans, avec pour objectifs de les protéger contre la polio et arrêter la circulation et la transmission du poliovirus dans le pays. Elle vise également à assurer aux enfants une bonne croissance et leur éviter la cécité nocturne (grâce à la vitamine A) et à les protéger contre les vers intestinaux (Albendazole).
A Diffa, 288.576 enfants ciblés et vaccinés contre la polio, 248.000 ont bénéficié de la vitamine A et 286.000 de l’Albendazole
Dans cette région, qui fait face à un défi sécuritaire, 288.576 enfants sont ciblés pour être vaccinés contre la polio, 248.000 autres ciblés pour l’absorption de la vitamine A et 286.000 pour l’Albendazole. Selon le Directeur régional adjoint de la Santé publique de Diffa, M. Mamadou Elhadj Ibrahim, à la date du 16 juin, « tous ces enfants cibles seront atteints, notamment avec les deux jours supplémentaires (17 et 18 juin 2019), consacrés à un vaste ratissage et cela malgré l’afflux des réfugiés du Nigéria dans la zone», a-t-il rassuré. «À Diffa nous avons l’habitude d’atteindre toutes nos cibles et même de les dépasser en prenant en compte les enfants des déplacés et des réfugiés. Donc, depuis plusieurs années, à Diffa, nous avons toujours vacciné plus que les cibles », a ajouté M. Ibrahim. Selon le Directeur régional adjoint de la Santé publique, des dispositions sécuritaires ont été prises par les autorités administratives et sécuritaires même au niveau des frontières, pour procéder à des vaccinations des enfants dans les zones frontalières Maïné-Soroa-Nigéria ; Goudoumaria-Nigéria, qui sont des zones très sensibles. « Des équipes s’y sont rendues et ont vacciné les enfants, nous avons les documents et les rapports des vaccinateurs. Il faut aussi noter l’appui des autorités coutumières qui nous ont aidé dans cette tâche» a-t-il reconnu. Et Mamadou Elhadj Ibrahim d’ajouter : «chaque enfant a le droit de recevoir deux gouttes de vaccin antipoliomyélitique durant cette campagne. De la vitamine A et de l’Albendaloze seront donnés à l’enfant selon son âge. La vitamine A, joue un rôle important dans la réduction de la morbidité et la mortalité infantile et l’Albendazole est indispensable pour protéger l’enfant contre les vers intestinaux qui sont responsables des parasitoses. Durant plusieurs jours, les vaccinateurs et vaccinatrices munis de leurs thermos ont fait le porte à porte, à pied, la seule stratégie efficace pour atteindre tous les enfants cibles. Dans la commune de Diffa, c’est une vingtaine de quartiers qui ont reçu les équipes de vaccinateurs, durant les 6 jours qu’a duré la campagne. Au niveau de la région, les communes urbaines de Maïné-Soroa et de N’Guigmi, ont aussi été visitées par les équipes de vaccinateurs. A cela s’ajoutent les communes rurales de Bosso, Chétimari, Gueskérou, Toumour, Foulatari, Goudoumaria, N’Guelbety, Kabelawa et N’Gourti. A Diffa comme ailleurs, la réussite de toutes ces campagnes de riposte et de prévention ont sollicité une forte mobilisation des différents acteurs dont : des gouverneurs, des préfets, des maires, des chefs coutumiers, des chefs de groupements nomades, des leaders religieux, des volontaires (vaccinateurs, relais communautaires), des regroupements et associations, des célébrités locales (musiciens, lutteurs, artistes, etc) tous ont contribuer d’une fàon ou d’une autre aux côtés des médecins et infirmiers pour la vaccination complète des enfants de 0 à 5 ans dans les région concernées. Tous ces divers acteurs, ont donné de leur disponibilité car étant convaincus que la riposte à une épidémie de cette maladie invalidante, qu’est la poliomyélite, coûte 10 fois plus chère que sa prévention. Et ont fait le leur cet adage qui avertit : ‘‘Vaut mieux prévenir que guérir’’. Cette campagne qui cadre parfaitement avec la stratégie nationale visant à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), s’inscrit aussi dans la droite ligne de la mise en œuvre du GIV (global initiative of vaccine), une initiative qui a permis de démontrer que la vaccination constitue un maillon central dans la résolution des problèmes de santé et l’amélioration du quotidien des populations. Ainsi, et selon le Ministère en charge de la Santé, « les leçons apprises et les acquis de ces initiatives vaccinales appellent à un plaidoyer et une mobilisation plus importante des fonds afin de mieux soutenir les services de vaccination par la disponibilité des vaccins, garantissant de ce fait un meilleur contrôle de l’élimination et de l’éradication de certaines maladies ».
Par Mahamadou Diallo, Envoyé spécial (onep)