A la veille de la visite de travail qu’effectue le Président de la République Mohamed Bazoum dans la région de Maradi à partir de ce matin, le gouverneur de ladite région M. Zakari Oumarou a animé le samedi matin une conférence de presse. Au cours de cette sortie médiatique, le gouverneur Zakari Oumarou a brossé la situation globale de la région avant de présenter les principaux enjeux de cette visite du Chef de l’Etat. Une visite dont le sujet le plus crucial demeure la situation sécuritaire de la région.
En effet, depuis environ quatre ans, la région de Maradi connaît une forme d’insécurité. «Mais, il faut tout de suite préciser que la situation de Maradi est très différente de celle de Diffa ou de Tillabéry, même si il y a perte de vie humaine» a déclaré M. Zakari Oumarou. La différence fondamentale entre la situation sécuritaire dans la région de Maradi et celle des deux autres région citées plus haut réside dans le fait que Maradi est confronté à un banditisme armé. «Ceux qui s’adonnent à cette activité n’ont aucune revendication, ni politique ni religieuse. Il s’agit ni plus ni moins de voleurs qui opèrent précisément dans les départements de Guidan Roumdji et de Madarounfa», souligne le gouverneur de Maradi qui précise que même dans ces deux départements, il y a des communes qui n’ont jamais été touchées.
A un certain moment la situation a pris des proportions inquiétantes. Les bandits attaquaient nuitamment les villages pour voler du bétail. Ce qui a amené les autorités nigériennes et celles des états fédérés du Nigeria frontaliers à fermer les marchés au Nigéria qui reçoivent les produits volés. Mais les bandits ont commencé à kidnapper des personnes pour demander des rançons. «Ils ont alors découvert que c’est encore plus rentable», rappelle le gouverneur Zakari ajoutant que devant cette tournure des événements, l’Etat du Niger a, très vite, pris des mesures en renforçant le dispositif sécuritaire avec des agents et du matériel nécessaire. «Les forces de défense et de sécurité ont pris les choses en main dans cette zone accidentée et difficile d’accès où il est difficile de rouler même à moto», a-t-il rappelé.
Depuis lors, la situation s’est stabilisée et nettement améliorée selon le gouverneur. Mais la plus grande difficulté dans le traitement de cette situation réside dans une certaine complicité au sein même de la population. «Or tant que ces bandits continueront à bénéficier de complicité au sein de la population, toute la lutte qu’on aura à mener sera vaine», souligne le gouverneur de Maradi. C’est pourquoi les autorités mènent des actions de sensibilisation pour amener la population à dénoncer les complicités.
L’autre difficulté dans cette situation, c’est qu’à partir de la frontière jusqu’à 30 km à l’intérieur des états fédérés de Katsina, Zamfara et Sokoto, les bandits font leur loi. «Depuis deux ans, nous n’avons plus de frontière avec le Nigéria, mais avec les bandits», caricature le gouverneur. «Nous avons réussi à amener nos voisins du Nigéria à s’intéresser au phénomène avec la collaboration des deux forces armées, du Niger et du Nigéria pour des opérations de ratissage. Nous avons triplé nos effectifs et ce qui est là actuellement va être doublé à la suite de la visite du Président de la République», a ajouté M. Zakari Oumarou.
L’autre point tout aussi important évoqué par le gouverneur de Maradi est la situation des déplacés en lien avec le phénomène de l’insécurité. M. Zakari Oumarou a mis en doute les effectifs des réfugiés tels publiés par certaines structures intervenant dans le domaine. «Les publications faites par les humanitaires et agences des Nations unies ainsi que les ONG, font état de l’existence de plus de 102.000 réfugiés à Maradi. Ce que nous avons contesté. Le gouvernement a fait descendre tous les agents de l’état civil de la direction des réfugiés dans la zone pour reprendre le recensement fait par ces humanitaires», a-t-il déclaré. Ainsi à titre illustratif, on s’est retrouvé, après vérification des recensements, avec 300 réfugiés à Dan Kano (Guidan Roumdji) où les humanitaires ont annoncé le chiffre de 900. «En fait, beaucoup de Nigérians se font recenser pour bénéficier des distributions gratuites des vivres. Le nombre des réfugiés réels ne peut être connu qu’après cette opération de recensement qui est en cours», explique le gouverneur ajoutant que cette visite du Chef de l’Etat dans la région de Maradi est extrêmement importante et vivement attendue par la population. Cette visite était prévue juste après celle de Diffa, le 5 et 6 juillet, mais elle a été reportée selon le gouverneur à la demande des autorités régionales. «Nous avons préféré que les éléments des FDS s’installent avant la visite. On a fait un travail gigantesque au cours des deux semaines passées, et avec cette visite il n’y aura que des remerciements de la part des populations», déclare M. Zakari Oumarou.
Le gouverneur de Maradi est ensuite revenu sur l’impact de ce banditisme surtout si il n’est pas vite éradiqué sur l’économie locale et même nationale. «Maradi est une région qui joue un rôle important dans l’économie du Niger. C’est pour cette raison qu’on la qualifie de capitale économique. La déstabilisation de la région risquerait d’être fatale pour le pays. Il y a un projet de réalisation du chemin de fer qui va relier Kano, Katsina et Maradi. Nous ne voulons pas que ce projet soit compromis», a-t-il souligné. En outre la région de Maradi est, selon le gouverneur Zakari Oumarou, en train de devenir un pôle sanitaire avec son hôpital de référence. «Le Président de la République a pris les choses en main par rapport à l’exploitation de cet Hôpital dont les capacités dépassent nos besoins. Le Chef de l’Etat est en contact avec ses homologues des pays de la sous-région dont le Tchad, le Cameroun et le Nigéria pour que ces pays orientent leurs malades vers Maradi, ainsi que leurs chercheurs, leurs spécialistes pour pouvoir faire fonctionner cet Hôpital à plein temps. Une situation d’insécurité peut venir remettre tout cela en cause», a précisé M. Zakari Oumarou.
Enfin le gouverneur de la région de Maradi a notifié que la visite du Chef de l’Etat a aussi un aspect social. «La région est en deuil car c’est le 1er août qu’il y aura la Fatiha du 40e jour du décès du sultan du Katsina. De l’aéroport, le Chef de l’Etat se rendra directement à la cour du sultan pour les condoléances et la fatiha», a annoncé M. Zakari Oumarou.
Il faut noter que durant son séjour dans la région de Maradi, le Président Bazoum présidera une réunion du conseil régional de sécurité élargie aux membres du conseil national de sécurité. Il se rendra également à Gabi dans le département de Madarounfa où il y aura un meeting, une réunion avec les responsables. Le Chef de l’Etat va également visiter la zone de défense N°6 pour saluer les FDS. Au deuxième jour de la visite le Président Bazoum se rendra à Dan Kano dans le département de Guidan Roumdji. Les deux localités (Gabi et Dan Kano) symbolisent, dit-on, la zone d’insécurité dans la région de Maradi.
Siradji Sanda et Ali Maman,
Envoyés spéciaux à Maradi