Suivre rigoureusement la femme de la grossesse à l’accouchement dans un centre de santé : tel est la stratégie adoptée au Sénégal pour qu’aucune femme ne perde la vie en donnant la vie. Le personnel de la santé, les religieuses et les Bajenou Gokh (marraine de quartier) qui se sont lancées dans ce combat, ne ménagent ni leur temps, ni leurs efforts pour atteindre cet objectif. Consultations gratuites, visites à domicile, causeries, prêches occupent tout leur temps.
C’est dans cet esprit que la clinique privée Yassine visitée mercredi dernier par les participantes à l’atelier Women’s édition a inscrit les œuvres qu’elle mène à Dakar. Située au quartier Parcelles Assainies de la capitale sénégalaise, cette clinique est gérée par une association de femmes musulmanes. Elle est dirigée par Mme Rokhaya Thiam, sage-femme d’Etat très engagée au point de quitter le public pour s’adonner uniquement à cette œuvre salutaire dans le privé.
D’un petit cabinet de soin, Yassine est devenu clinique en 2005. Dans ce centre doté aujourd’hui de tout le personnel adéquat, Rokhaya Thiam et son équipe (composée de plusieurs spécialistes) font toutes les consultations et traitent surtout gratuitement beaucoup de cas sociaux. La PF occupe une place importante dans les activités de cette clinique qui reçoit, discute et finit par convaincre même les farouches opposants à cette pratique.
Les femmes viennent en consultation, les hommes aussi à l’image de Masser Mar qui mercredi dernier, a amené son bébé de quelques mois en consultation dans cette clinique. Assis aisément sur le banc au milieu de plusieurs femmes venues en consultation, cet homme modèle attendait tranquillement son tour. C’est le premier bébé de M. Masser Mar qui croit à la PF et qui a déjà autorisé sa femme à utiliser une méthode. « C’est pour la santé de ma femme et de mes enfants» dit-il avant d’ajouter que son guide religieux (marabout) lui a expliqué que l’Islam n’interdit pas l’espacement des naissances. Réconforté, Masser n’a depuis lors aucune crainte, ni aucune gêne à se présenter à la clinique pour des consultations.
Preuve palpable que les leaders sont écoutés et ont une influence dans l’acceptabilité sociale. Point de doute donc sur le rôle important des leaders religieux dans nos communautés. Au Sénégal, il a été élaboré « un guide d’orientation des religieux sur le carnet de santé ». Ce guide est comme un outil de communication et de plaidoyer du carnet de la santé, de la grossesse à la naissance jusqu’à l’adolescence qui contient des informations nécessaires au suivi de la mère, du nouveau- né, de l’enfant et de l’adolescent. Il montre d’abord « la santé comme la grâce la plus importante après la foi. Citant des hadiths du Prophète Mohamed (PSL), le guide précise que la santé est un énorme bienfait de Dieu à l’égard de l’être humain, un bienfait indispensable pour permettre à l’homme d’accomplir sa mission sur terre ».
Les leaders religieux chrétiens apportent aussi leur contribution. Partant du fait que la bible n’est pas contre la PF selon Simon Ramde de l’Union des religieux et coutumiers du Burkina Faso. Dans sa présentation d’hier, il a souligné l’importance de la PF et en appelle à la responsabilité de tous.
Fatouma Idé Envoyée Spéciale(onep)