La région de Zinder renferme un patrimoine culturel riche reconnu non seulement aux quatre coins du Niger mais aussi au-delà des frontières nationales. En effet, Zinder regorge de plus de 40 sites et monuments culturels disséminés au niveau de plusieurs communes de la région.
Pour donner un cachet particulier à la promotion de la culture dans la région de Zinder, des activités récréatives sont organisées périodiquement par le Ministère de la Culture et par certains promoteurs privés. Il s’agit par exemple du Festival Sadouwa, du Festival des chasseurs traditionnels, la fête des éleveurs de Tenhiya, la fête des éleveurs de Toungandé.
A ceux-là s’ajoutent d’autres activités culturelles phares de la région qui se résument à ’’Kara da kiyashi et le Wassan kara’’, deux activités fortement appréciées par les différentes catégories sociales où des thèmes sans tabou sont abordés pour inciter les uns et les autres à changer de comportement pour vivre heureux dans la société en obéissant rigoureusement aux règles de bonne conduite. «Aujourd’hui, force est de reconnaitre que ces activités tendent à disparaitre en l’absence de financements et de sponsors, car l’Etat lui seul ne peut pas assurer l’organisation de toutes ces activités qui couterait une somme de plus de 100 millions», explique le Directeur régional de la Renaissance Culturelle de Zinder M. Gambo Chégou.
Pour renforcer la solidarité au niveau des différentes activités culturelles, certains particuliers (élèves, Associations culturelles, ONG de développement) s’empressent de faire des représentations culturelles à la MJC dans le cadre des séances de sensibilisation pour faire comprendre au public que telle ONG compte intervenir dans telle localité pour mener des actions précises au profit des communautés de base.
Dans le cadre de la renaissance culturelle, l’Etat a plutôt pensé à la création des Ecoles de Formation artistique et culturelle (EFAC). «Dans ces écoles, les élèves apprennent tous les métiers liés à la culture. Les apprenants sont dans la quasi-totalité de l’effectif de l’établissement, des jeunes non admis au CFEPD. L’objectif de cette formation est de leur assurer la réinsertion sociale à travers la formation artistique et culturelle. Cet établissement qui est doté d’un régime de formation de quatre ans traverse des difficultés relatives à l’insuffisance de matériel de travail et d’enseignants spécialistes dans certains domaines techniques compte tenu du très bas niveau des élèves», a fait remarquer le Directeur régional de la renaissance culturelle.
L’EFAC de Zinder qui a ouvert ses portes en 2016, initie les élèves à l’apprentissage de la musique, de la danse, de la peinture, de l’art dramatique tout en intégrant dans la formation, le programme scolaire national dans l’optique de permettre aux élèves d’acquérir de solides connaissances pour favoriser leur esprit de créativité qui constitue, somme toute, l’élément fondamental pour leur épanouissement et leur réussite. C’est ainsi que plusieurs élèves ont été formés notamment en théâtre où en 2018 à l’occasion de la fête tournante du 18 décembre, ces derniers ont proposé à la tribune officielle une scène représentant certaines grandes personnalités nigériennes à travers un jeu de rôle fortement apprécié par le public.
La formation dans les EFAC satisfait par conséquent à la double préoccupation de fournir de l’accompagnement et d’assurer la formation aux métiers de la culture mais surtout l’insertion professionnelle des élèves. Les ressources du patrimoine culturel de la région ont pour noms de merveilleux sites touristiques, une vingtaine de mets très prisés mais aussi et surtout des contes, des légendes et des proverbes qui méritent d’être connus et vulgarisés. Cependant, la direction régionale de la renaissance culturelle ne dispose des représentations qu’au niveau de quatre départements seulement sur les dix que compte la région de Zinder. Elle est confrontée aux problèmes des ressources humaines et financières pour mener à bien cette gigantesque tâche qui consistera à dépoussiérer et à donner un second souffle au patrimoine culturel de la région dans sa diversité.
Le plan annuel d’investissement élaboré par la direction régionale de la Renaissance culturelle pour la période 2020 a besoin d’un budget de 122 Millions de FCFA pour mener des activités de terrain au niveau des 55 communes et des dix départements notamment l’identification du patrimoine culturel. «Pour réussir, nous avons envisagé de soumettre certains dossiers pour requérir l’appui des partenaires au développement surtout que nous ambitionnons d’institutionnaliser certaines activités en ressuscitant le ‘’Wassan Kara’’ et ‘’Kara Da Kiashi’’», a indiqué sans détour, le Directeur régional de la Renaissance culturelle. M. Gambo Chégou précise par ailleurs qu’à l’occasion de la première Edition de la fête tournante du 18 décembre en 2006, l’Etat a injecté plus de 150 millions de FCFA pour le Wassan kara.
En 2012, la société de téléphonie Orange Niger a sponsorisé la première édition de Kara Da kiashi à Zinder. Au titre du festival national du théâtre et de l’humour, la région de Zinder a eu le privilège d’obtenir le premier prix en théâtre. La région de Zinder est la capitale du théâtre avec notamment la troupe théâtrale de l’ORTN qui lui a conféré une audience internationale. C’est pourquoi, la région de Zinder a rarement raté le premier prix en théâtre lors des compétitions culturelles nationales, a fait remarquer le Directeur régional de la Renaissance culturelle de Zinder. «C’est pour renforcer la promotion de la culture que l’Etat a crée une école de formation Artistique et culturelle dans chaque région du Niger», précise-t-il.
L’EFAC de Zinder qui compte 101 élèves dont 33 filles a été installée sur le site du Musée Régional. Elle accueille les élèves des niveaux 6è et 3è pour une durée de formation de quatre ans. Les matières enseignées gravitent autour des techniques de danse, la dramatique, la calligraphie et la prise de vue. Avec l’appui du Fonds Commun, l’école a été équipée en tables-bancs, matériel de musique et en matériel de peinture. Il s’agira enfin de formation de permettre aux jeunes de créer leur propre troupe culturelle.
Le seul handicap de l’école a trait au manque d’enseignants spécialisés dans certains domaines pour parfaire la formation. La direction régionale de la Renaissance culturelle a formulé une requête pour bénéficier de l’appui de l’UNICEF pour mettre en œuvre son ambitieux programme culturel.
Le Conseil Régional de Zinder a pour sa part fourni cette année plusieurs lots de matériel scolaire à la Direction de la Renaissance Culturelle composés de cahiers et de trousseaux pour soutenir l’EFAC de Zinder. «Pour couvrir les autres besoins liés au fonctionnement de l’école, il faut remuer ciel et terre pour trouver les matières d’œuvre censées concourir à la solidification de la formation», soutient M. Gambo Chégou.
Sido Yacouba et
Haouaou Ibrahim Dan Zagui (ASCN)
ANP-ONEP/Zinder