Dix journalistes ouest-africains, dont l’âge est compris entre 25 et 35 ans, ont été sélectionnés pour le Programme de bourses sur le changement climatique (CCJF) 2022 de ‘’Media Foundation for West Africa’’ (MFWA). Les dix journalistes sélectionnés à l’issue d’un processus hautement compétitif se composent de cinq femmes et de cinq hommes, avec un participant pour chacun des pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Nigeria et Ghana. La session d’orientation qui marque le lancement officiel du programme s’est déroulée le 13 janvier 2023 dans les locaux de la fondation.
Le programme est une nouvelle initiative de la MFWA visant à promouvoir la sensibilisation et les réponses au changement climatique par le biais d’une augmentation et d’une qualité accrue des reportages dans les médias et la sensibilisation du public sur la crise climatique actuelle et ses effets connexes en Afrique de l’Ouest. Ainsi, les participants suivront un programme intensif de formation et de mentorat de cinq mois qui a commencé par une formation virtuelle de deux mois, déjà accomplie et un programme résidentiel de trois mois à Accra, au Ghana. Le programme comprend des enquêtes pratiques et des publications avec les projets journalistiques Fact-Check Ghana et ‘’The Fourth Estate’’ de la MFWA.
Pendant la formation, les participants entreprendront des enquêtes rigoureuses et une vérification des faits sur les questions liées au changement climatique et aux défis associés dans leurs pays respectifs. Les sessions de formation seront dispensées par des experts du changement climatique issus de différents milieux et institutions, ainsi que par des journalistes expérimentés dans le domaine de l’environnement et du changement climatique.
Pour se faire, ils recevront une formation pratique intensive pour être en mesure de réaliser des reportages critiques, de haute qualité, fondés sur des faits et approfondis, afin d’améliorer les conditions de vie et l’accès à l’information sur les questions liées au climat. À la fin du programme, les 10 participants seront les membres fondateurs d’un réseau régional de journalisme sur le changement climatique en Afrique de l’Ouest.
Pour cette première édition du ‘’programme Climate Change Journalism Fellowship’’ (CCJF), la MFWA a reçu plus de 400 candidatures provenant de 11 pays. L’édition est soutenue par la Deutsche Welle Akademie (DW Akademy).
Le Niger n’est pas épargné par les effets du changement climatique. Les feux de brousse, les sècheresses, les inondations de plus en plus fréquentes et la dégradation des sols entraînent des pertes agricoles et aggravent l’insécurité alimentaire
Au Niger, c’est Oumar Issoufou Adamou, journaliste à l’Office National d’Édition et de Presse (ONEP) qui participe à ce programme. Les conséquences du changement climatique sur le Niger, à savoir les inondations et les feux de brousse, motivent l’intérêt de ce jeune journaliste pour une formation sur le changement climatique.
Ainsi, à la date du 13 septembre 2022, les inondations au Niger ont fait 189 360 personnes sinistrées, 137 cas de décès et 20 339 maisons effondrées.
S’agissant des feux de brousse, sur la décennie 2010 à 2021, 1.273 cas de feux de brousse ont été enregistrés au Niger occasionnant 1.675.157 ha de pâturage consumé, soit 139.596 ha en moyenne chaque année. L’année 2021 a enregistré 49 cas de feux de brousse et les pertes s’estimaient à 900.000 tonnes de la production fourragère. «Le passage des feux de brousse est synonyme de cortège d’impacts indirects négatifs, notamment l’appauvrissement des sols, l’accélération du processus de désertification, et l’aggravation du ruissellement», déclarait la ministre de l’Environnement et de la lutte contre la désertification Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa, lors du forum national sur les feux de brousse en juin 2022.
Selon elle, la lutte contre les feux de brousse est une préoccupation de portée nationale, qui requiert une réponse inclusive, coordonnée, rapide et efficace. Pour se faire, Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa a souligné la nécessité de changer de paradigme sur les approches, stratégies et méthodes de lutte contre les feux de brousse, afin de les adapter au contexte de la décentralisation, du changement climatique et des innovations technologiques.
Les sècheresses, les inondations également de plus en plus fréquentes et la dégradation des sols entraînent des pertes agricoles et aggravent l’insécurité alimentaire. D’où la nécessité d’élaborer des projets d’adaptation de l’agriculteur au changement climatique et aussi de trouver des moyens pour atténuer les effets du changement climatique sur les productions agricoles. Le changement climatique est une menace majeure pour les communautés du Niger, où les moyens de subsistance de plus de 80% de la population dépendent de l’agriculture. Les températures au Sahel augmentent de 1,5 fois plus vite que dans le reste du monde, ce qui aggrave des conditions climatiques déjà difficiles et accentue ainsi la pression sur les communautés agricoles et les ressources. Situé au cœur du Sahel, le Niger n’est pas épargné. Les chocs climatiques et l’insécurité alimentaire contribuent à l’instabilité du Niger.
Les variabilités climatiques ont également un effet sur la santé de la population. Elles contribuent en grande à la fréquence de certaines maladies infectieuses. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le changement climatique est responsable d’au moins 150 000 décès par an, chiffre qui devrait doubler d’ici à 2030. Selon le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), le réchauffement climatique aura des répercussions sur la santé des populations vivant dans les régions tropicales. En Afrique par exemple, la hausse des températures favorise la prolifération de moustiques et les populations seront davantage exposées à des maladies comme le paludisme, la dengue et d’autres infections transmises par les insectes.
Au Niger, les variabilités climatiques sont à l’origine d’importantes catastrophes naturelles enregistrées récemment dans le pays. La pluviométrie a occasionné des inondations, la stagnation des eaux et la prolifération des moustiques, vecteurs du paludisme. Une telle situation entraîne l’augmentation de la transmission du paludisme qui constitue de nos jours un problème de santé publique. En effet, le paludisme demeure l’endémie majeure et la première cause de morbidité et de mortalité dans les groupes les plus vulnérables dont le couple mère-enfant et les femmes enceintes. Cette maladie fait des dégâts énormes surtout en période pluvieuse avec un taux très élevé de cas. Du 1er janvier au 7 octobre 2020, 2 449 858 cas de paludisme ont été confirmés dont 2 450 décès. Cette situation s’expliquerait du fait que la saison pluvieuse est marquée par des inondations et que les moustiques se développent au niveau des eaux stagnantes.
Notons que le Niger est l’un des pays le moins pollueur mais qui subit lourdement les effets du changement climatique. L’émission de CO2 totale en 2019 est de 2,15 miot dont 0,09 t par habitant (donneesmondiales.com/co2).
De ce fait, les politiques favorables à la lutte contre le changement climatique peuvent grandement contribuer à améliorer la situation économique, sociale et environnementale. En septembre 2022, le pays a adopté le document national de référence en matière d’adaptation aux changements climatiques qui servira d’outil de mobilisation des financements climatiques. Cinq (5) secteurs prioritaires sont ainsi ciblés pour lesquels des options d’adaptation ont été proposées. La Santé, l’Elevage, la Foresterie, les Transports et les Zones humides. Sur la base des options d’adaptation proposées, le Niger va élaborer des projets qui pourront bénéficier des financements auprès des différents fonds climatiques et autres partenaires Techniques et Financiers.
Oumar Issoufou(onep) (À Accra)