Le Ministère de la Justice en collaboration avec l’Agence Nationale de Lutte contre la Traite des Personnes et le Trafic Illicite de Migrants a organisé hier matin à la Faculté des Sciences Politiques et Juridiques de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, la 8ème édition de la journée nationale de mobilisation contre la traite des personnes et l’esclavage. C’est le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, M. Alio Daouda qui a procédé au lancement de ladite journée.
Ainsi, la date de 28 septembre de chaque année est retenue pour mobiliser tous les acteurs autour des activités visant à informer et sensibiliser les populations sur les risques récurrents de la traite de personnes et de l’esclavage, à promouvoir les mécanismes de la prise en charge des victimes et à vulgariser les données statistiques sur la traite des personnes et l’esclavage. Le thème central retenu cette année est : « L’exploitation de la mendicité des femmes et des enfants dans les grandes villes du Niger et dans les pays de la sous-région : défis et perspectives ». A côté de ce thème central est prévue une conférence débat sur le thème « Migration des femmes et exploitation de la mendicité des enfants au Niger : défis et perspectives ». Il est aussi prévu, un concours de plaidoirie en lien avec la traite des personnes mettra en compétition des étudiants de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’UAM.
En lançant ces activités, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, a rappelé que depuis 2015, le 28 septembre de chaque année est consacrée à la mobilisation contre la traite de l’esclavage fléau que ne cesse de compromettre la dignité humaine et les droits fondamentaux de l’Homme. « La traite des êtres humains comme l’esclavage ainsi que les pratiques qui lui sont analogues sous toutes leurs formes et manifestations constituent des atteintes graves à la liberté, à la dignité, à la vie des milliers des hommes et une violation flagrante et intolérable des droits de la personne humaine. Les victimes de ce crime odieux, le plus souvent des femmes et des enfants sans pour autant oublier que les hommes adultes et majeurs en sont également victimes, privés de leur vie normale, de leur liberté, de leur dignité et forcés de fournir des travaux et services divers pour le bénéfice directs ou indirects de ceux qui les exploitent », a-t-il ajouté.
Selon le ministre Alio Daouda, la traite des personnes impliquant les enfants se manifeste sur diverses formes au Niger notamment par la mendicité et l’exploitation de la mendicité des enfants talibés dans le cadre de la migration à visage d’apprentissage coranique et certains enfants de la rue, l’utilisation des enfants comme guides mendiants, l’exposition des enfants sous forme d’appâts humains sous le phénomène de la mendicité autour des carrefours des grandes villes, le travail domestique des jeunes filles, l’utilisation des enfants dans les mines, carrières et autres industries extractives artisanales. Quant à l’esclavage, sa forme la plus pernicieuse reste aujourd’hui encore la transmission de l’état de servitude au profit du maitre, de père en fils et de génération en génération.
Au vu de ce qui précède, le ministre en charge des Droits de l’Homme a reconnu que la survivance de ces deux fléaux constituent des défis majeurs pour notre pays et d’autant qu’il est plus que jamais établi que ces crimes alimentent des réseaux liés aux blanchiments d’argent, à la falsification des documents de voyage, aux trafics des drogues et même celui des armes. « Dès lors, la lutte contre ces fléaux nécessite une action concertée, une coopération étroite entre les institutions et les organisations de la société civile, les secteurs privés et les citoyens. En un mot l’implication des synergies de tous les acteurs concernés ou impliqués par le combat contre ces violations de la dignité humaine », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, le ministre Alio Daouda a salué au nom du gouvernement, les efforts de tous ceux qui se mobilisent pour s’attaquer à la problématique car l’urgence de la situation commande des mesures fortes pour lutter efficacement contre ces deux fléaux. « Il doit en être ainsi notamment en ce qui concerne le renforcement des moyens d’enquêtes et de poursuites judiciaires pour démanteler les réseaux criminels qui exploitent et aliènent leurs victimes. De plus, il faudra veiller à mettre en place des mesures de soutien et de protection des personnes victimes de la traite et de l’esclavage afin de les aider à se reconstruire et à retrouver leur dignité », a-t-il ajouté. Pour le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, la lutte contre les crimes organisés sous toutes leurs formes constitue un engament des plus hautes autorités de notre pays qui ont fait de la lutte contre le terrorisme, les crimes organisés et le trafic en tout genre leur priorité. C’est dans cette optique que le Niger a ratifié des conventions et traités et initié plusieurs dispositions juridiques dans ce sens.
Mamane Abdoulaye (ONEP)