La période des vacances offre aux jeunes élèves du temps pour d’autres activités. Pendant ces vacances, certains enfants fréquentent des écoles coraniques ou suivent des cours de vacances, tandis que d’autres font du sport. Cependant, certains se retrouvent sans occupation et errent librement. C’est ainsi que ces derniers utilisent ce temps libre pour regarder la télévision, jouer à des jeux vidéo et s’adonner à des activités qui ne contribuent en rien à leur éducation.
Il est certes essentiel de pratiquer une activité relaxante pendant les vacances. Cependant, les passe-temps peuvent être un couteau à double tranchant. S’ils sont maîtrisés, ils sont très bénéfiques, mais sans contrôle, ils peuvent être une source d’addiction. Ces derniers temps, les jeux vidéo ont connu un essor considérable, représentant un moyen de gagner de l’argent pour certains, mais pour d’autres, cela devient peu à peu une véritable forme de dépendance, les rendant prisonniers de cette activité.
C’est la situation qui préoccupe Mme Idrissa Balkissa, une mère qui n’a plus le contrôle sur son fils de 14 ans obsédé par les jeux vidéo. Elle raconte que tout a commencé lorsque son fils était en classe de CE2, à l’âge de 9 ans. À la sortie d’école, son enfant ne rentrait pas à la maison, la forçant à passer de maison en maison à sa recherche. « Je le cherchais constamment, tant le jour que la nuit. Parfois, je croisais ses amis qui me signalaient qu’il était parti jouer aux jeux vidéo. Il lui arrivait parfois d’y rester jusqu’à tard la nuit, ce qui obligeait son père à aller le chercher à 22h, voire parfois à 23h », a-t-elle confié.
Cette mère ajoute que lorsqu’elle lui donne son argent de récréation, l’enfant le gardait pour jouer aux jeux vidéo et revient chaque jour à la maison la faim au ventre en réclamant de la nourriture. Elle prenait conscience de la gravité de ces actes en le punissant, en le menaçant et en le privant de nourriture. Mais malgré toutes les punitions et les conseils de la mère, le jeune garçon reprenait chaque jour les mêmes erreurs. « Son père et moi avions tiré ses oreilles mais en vain. Après une interdiction stricte de sortie, il a commencé à me voler mes petites économies, petit à petit, il a réussi à s’acheter sa propre console de jeux. Il branche la console de jeux sur notre téléviseur du salon, mais cela ne lui suffit pas, alors il convie tous ses amis pour y jouer. Je les ai réprimandés, et renvoyés sans succès. Il ne permet à personne de regarder la télévision, et il se dispute systématiquement avec ses sœurs qui souhaitent également en profiter. Il a été strictement interdit d’utiliser la télévision principale, mais il a trouvé une vieille télévision avec laquelle il s’adonne maintenant à son jeu vidéo sur la terrasse », a expliqué Mme Idrissa Balkissa les larmes aux yeux.
Ce jeune garçon rentre de l’école à 13h, sans prendre le temps de manger, il s’installe directement devant la télévision et joue jusqu’à tard dans la nuit. Il n’a ni le temps pour les études, ni pour le repos. Ce qui a fini par provoquer son renvoi de l’école cette année. Pendant ces vacances, son père l’a inscrit dans une école coranique de 8h à 18h, en attendant de trouver des solutions pour ses études. Mais dès qu’il rentre à la maison, il se précipite sur sa console de jeu. « Parfois, je me réveille à 2h du matin et je le surprends assis devant la télévision en train de jouer. Je lui coupe le jeu pour qu’il puisse enfin aller se coucher. Je ne comprends pas l’intérêt de ce jeu. Il a un impact négatif sur les enfants, les poussant à voler de l’argent à leurs parents pour y jouer, et les rendant accros, car un enfant absorbé par ce jeu ne peut se concentrer sur ses études», déplore cette maman.
Il est évident que l’exposition excessive aux jeux vidéo a un impact négatif sur le développement cognitif des jeunes. Les enfants qui jouent de manière excessive peuvent tomber dans la dépression, l’anxiété, la culpabilité, la colère, la solitude, la déception, une perte d’estime de soi, une perte de contrôle, ainsi qu’une propension aux idées suicidaires. Les jeunes sont fréquemment confrontés à de graves problèmes de santé mentale et de développement social en raison d’une exposition prolongée aux écrans, en particulier pour les jeux vidéo. Cette habitude peut affaiblir les muscles oculaires, entraînant des problèmes de vision tels que la vision floue, des difficultés de mise au point, la fatigue, des maux de tête et d’autres conséquences néfastes. « Les parents doivent surveiller attentivement les faits et gestes de leurs enfants. S’ils deviennent des délinquants, ils seront un danger pour la société toute entière, et les parents en paieront les conséquences», conseille, désabusée, Mme Idrissa Balkissa.
Assad Hamadou (ONEP)