De par ces produits artisanaux qui sont connus partout au Niger et dans le monde, reflétant la richesse culturelle du terroir, la région d’Agadez regorge d’énormes potentialités agricoles grâce à la fertilité de son sol. Cette fertilité du sol facilite la pratique culturale et rend accessibles les produits maraichers faisant des communes de la région un véritable réservoir des produits appréciés par les nigériens au nombre desquels la pomme de terre, l’oignon, l’ail, les agrumes et légumes et une sorte de noix sèche de palmier doum communément appelé ‘’takodaré’’ sans oublier les feuilles de ‘’Focou’’. Tous ces produits constituent une source de revenus aux populations locales des zones éloignées et contribuent à faire face aux aléas de la vie quotidienne.
Les produits cultivés sont très prisés par les populations de toutes les contrées du pays ainsi que celles de l’extérieur voire les populations étrangères ayant séjourné dans la localité d’Agadez. Notons que les produits de la zone d’Agadez sont appréciés non seulement grâce à la qualité de l’environnement dans lequel ils sont exploités, mais aussi à leur goût naturel.
Les producteurs d’Agadez sont aussi spécialisés dans la production des plantes tels que l’Artémisia plus connu sous le nom de ‘’Tezaraggadé, et la plante ‘’Aghallashin’’ qui est une espèce végétale unique à la région d’Agadez au Niger. Elle a des vertus thérapeutiques traditionnellement reconnues par les anciens et les initiés. Grâce à leurs odeurs parfumées et attirantes, ces feuilles sont utilisées pour assaisonner le thé et servent surtout à des médicaments traditionnels dans le traitement de certaines maladies comme le rhume, la toux, etc. ‘’Takodaré’’ est une sorte de noix sèche de palmier doum dont seuls les pratiquants de cette activité génératrice de revenus vivant dans les zones reculées connaissent le secret. La noix sèche de palmier doum fait également partie des produits atypiques à la région d’Agadez. Elle symbolise pour de nombreux visiteurs leurs séjours dans la région. Ceux qui connaissent la localité ne tarissent pas de demander aux populations sur place ou celles de passage des cadeaux de noix sèche de palmier doum. Force est de constater que ces produits deviennent aujourd’hui de plus en plus rares sur les marchés locaux. Les légumes et les fruits se trouvant sur les marchés proviennent parfois du Nigéria voisin dont les prix coûtent excessivement cher. Pour ce qui est des produits locaux, il est à déplorer qu’ils ne sont pas à la portée de tous les ménages. Quant à certains vendeurs de ‘’Takodaré’’ qui résistent encore, ils sont juste positionnés au niveau des compagnies des transports, exposant quelques sachets des marchandises qu’ils disposent.
Agadez a aussi bénéficié pendant longtemps d’une situation géographique exceptionnelle compte tenu de sa proximité avec l’Algérie et la Libye faisant de la région un véritable carrefour en matière de commerce. Sa position géographique a favorisé la transaction des produits de première nécessité aux prix abordables notamment les pâtes alimentaires, l’huile, le lait en poudre (Lahda). On trouve aussi les dattes, les bonbons, les draps ‘’couvre lit’’, les salons arabes, les robes ‘’abaya’’, les véhicules et bien d’autres à moindres frais. Les anciens de la région se souviennent encore des années de gloire où le paquet du lait en poudre se vendait à 125 et 200 FCFA, le kilogramme de macaroni, spaghetti et couscous qui se vendait respectivement à 100, 125 et 200 FCFA. A l’annonce de l’arrivée des véhicules venant de la Lybie, les populations se bousculaient pour se rendre à la Douane en vue d’acheter divers articles contribuant à fructifier les chiffres d’affaires avec peu d’argent. Je me rappelle encore de notre discussion en 2013 avec mon cousin mécanicien à Arlit ; excellant dans la vente des véhicules, il s’approvisionne en véhicules à partir d’Assamaka à la frontière algérienne pour aller revendre à Zinder ou au Nigéria. Il m’a dit ceci avec assurance et un visage plein d’espoir : « ma sœur, dans peu de temps, le véhicule ne sera plus un luxe à Agadez ; grâce aux véhicules en provenance de la Lybie et de l’Algérie, chacun peut en avoir proportionnellement à sa bourse ».
Mais aujourd’hui, tout ceci n’est que bons souvenirs, car l’insécurité en Libye, la fermeture de la frontière algérienne et même l’abandon de certains secteurs productifs par les jeunes ont fait que la région se jette dans une situation qui ne dit pas son nom. Les populations sous une émotion inexplicable ont toujours en mémoire Agadez des années 90 offrant un cadre de vie agréable et le coût de la vie était meilleur. L’espoir est permis de dire que les choses s’amélioront un jour au bénéfice des braves populations d’Agadez.
Par Aïchatou Hamma Wakasso(onep)