Depuis son premier album, intitulé « salut les enfants », sortie en 1996 où il dénonçait le travail des enfants, à travers le monde, Ali Atchibili n’a cessé de s’intéresser aux problématiques des droits des enfants. Avec 23 ans de carrière, et une multitude de titres, difficile pour lui de chiffrer ses propres compositions. Marié et père de jumeaux, Ali Atchibili poursuit sa carrière avec beaucoup plus d’engagement. Il devrait bientôt sortir son quatrième album « I mini in maka ».
Ali a connu et a commencé à monter sur scène depuis qu’il était en classe de 6ème, au CEG de Mirriah. Il a d’abord évolué dans la danse au sein d’un groupe de la place. Dans son aventure sur des scènes avec son crew, il rencontra feu Maman Barka, directeur de la Maison des Jeunes et de la Culture de Miriah à l’époque, qui l’a initié dans la musique. Cette grande figure de la musique moderne nigérienne encadra Ali Atchibili trois années durant, avant qu’il ne suive un orchestre, en tournée. Pendant qu’il préparait son BEPC, sa vive passion pour la musique l’emporte. Il s’est donné le mérite de lauréat du concours de la musique francophone du Niger, édition 1998, au CCFN de Zinder, avec sa toute première composition « salut les enfants », arrangée par feu Sani Aboussa.
Ali Atchibili a remporté le même prix avec sa chanson « espacement de naissances », à travers laquelle il brisa, à sa manière, le tabou sur le sujet, avec des images en illustration dans son tournage. Il fut resté un moment avec le fameux orchestre Jagaraya, avant de créer son propre groupe Zoumounta. C’est ainsi qu’il a entrepris une tournée au Nigéria et qui a duré 9 mois. A son retour, la vedette du Damagaram remporta le prix de la 2ème édition du festival national de la jeunesse, en 2003 à Dosso, avec toujours, un son qui prône les droits des enfants, en particulier la lutte contre le travail des enfants.
Ali Atchibili, a intégré ensuite la formation Super Haské, où, quelques années après, il prit avec succès la relève du très célèbre feu Sani Aboussa, jusqu’en 2007. Le groupe a remporté le prix Dan Gourmou de 2007, en traitant dans ses compositions de la scolarisation de la jeune fille ; du conflit éleveurs-agriculteurs et de l’exode. Suite à des incompréhensions internes, les membres de Super Haské se sont divisés. Fidèle à la philosophie de son illustre mentor Aboussa, Atchibili garde jalousement, jusqu’ici, la même dénomination de groupe avec ses partisans. Là encore, son aventure fut, très tôt, fructueuse. Des prix awards d’Orange Niger et de la chaine Arewa 24 et plein d’autres trophées.
Pour Ali Atchibili n’est pas d’avis que la musique ne nourrit pas son homme au Niger. « Cela est d’un pessimisme dépassé » estime-t-il. Ali a su faire de son art son métier. Il est question simplement de s’organiser, d’aimer ce que l’on fait et le faire avec sérieux, estime le musicien. «Aujourd’hui, Dieu merci, je suis dans ma propre maison avec ma famille. J’ai aussi une agence de communication Haské Com, spécialisée dans la conception des affiches, ici même à Zinder. J’arrive à subvenir, suffisamment à mes besoins », a confié la star du Damagaram.
Pour Ali Atchibili, la musique représente un moyen médiatique, et il est souvent sollicité par les acteurs communautaires pour animer des caravanes de sensibilisation et de mobilisation sociale. « Notre voix part loin, nous portons des messages bien réfléchis, centrés sur l’importance de la vaccination et tous ses enjeux sur la santé des enfants », explique le musicien compositeur. Entre réalité et concepts fictifs, Ali Atchibili véhicule des messages sur des valeurs de société. « On vit dans la société et on interprète ce que fait la société. C’est la pertinence des messages contenus dans les œuvres qui marque l’esprit d’artiste, même après son époque », dit-il.
Mahamane Chékaré Ismaël