«Gérer un pays comme le Niger qui est en crise sécuritaire, évaluer en un an un Chef d’Etat, c’est très difficile. Parce que les défis sont multiples et multiformes. Qu’à cela ne tienne, des efforts importants ont été consentis.
Le premier point fort qui me marque dans cette première année du Président Bazoum, c’est l’approche du dialogue avec les acteurs sociaux. Les acteurs de la société civile, les magistrats, les leaders religieux, les syndicats, bref toutes les couches sociales ont été reçues et écoutées que ce soit à la Présidence de la République ou à l’occasion des grandes rencontres, afin de prendre en compte leurs aspirations. Je pense que c’est une très bonne chose. Autre chose que je peux dire aussi, c’est que même étant candidat à l’élection présidentielle, c’est l’un des rares candidats à avoir rencontré les organisations sportives et culturelles de la jeunesse, pour leur demander ce qu’elles attendent de lui s’il vient à être élu.
Pendant cette 1ère année de mandat, on peut aussi noter sa volonté affichée et cette promesse tenue de faire en sorte qu’il n’y ait plus de refugiés internes sur notre territoire. Ce qui est vraiment important parce que, aujourd’hui les déplacés, qu’ils soient de la région de Diffa ou de Tillabéri, ont regagné leurs localités respectives. Dieu seul sait, le nombre d’enfants qui ne pouvaient plus aller à l’école, le nombre des femmes qui n’avaient plus de foyer. C’est un point positif qu’il faut féliciter.
Le Président Bazoum a pu, en plus, poursuivre à imposer la diplomatie du Niger au plan international. Nous l’avons vu dans plusieurs pays africains, à des rencontres de haut niveau. Personnellement j’ai eu la chance d’être à ses côtés, à Nouakchott en Mauritanie, en février dernier, à la conférence mondiale sur la paix. Il était l’unique Chef d’Etat africain à être invité d’honneur à cette importante rencontre, nonobstant toutes les autres rencontres en Europe, en Asie tout comme dans les autres pays africains.
Il a aussi commencé à matérialiser cet engagement très fort qui est de faire de notre système éducatif sa priorité. Il a rencontré à plusieurs reprises les acteurs du secteur, les PTF y compris, pour voir comment relever le défi énorme. Pour cela, il faudrait que tous les citoyens nigériens puissent l’accompagner. Ce travail-là, le Président ne pourra pas le faire seul. Nous, au niveau du Conseil national de la jeunesse, nous sommes résolument engagés.
Nous avons attendu plus de deux ans le décret complétant et modifiant celui portant sur le Conseil national de la jeunesse. Il y a un mois et demi de cela, grâce à l’engagement du Président, le nouveau décret a vu le jour et un arrêté d’application suivra bientôt. Et nous allons mettre en place les nouveaux organes. Ce qui est très bon pour la jeunesse nigérienne qui représente quand même plus de 60% de la population.
Dans le domaine de la santé, le Président Bazoum a maintenu le cap, notamment dans la lutte contre la pandémie de la covid-19. Aujourd’hui, nous sommes en train de passer à une autre étape : lever toutes les mesures barrières contre la pandémie. Il faut le saluer.
Maintenant, qu’est-ce qui n’a pas marché ? Nous pensons que dans un pays où la jeunesse représente quand même plus de 60% de la population, il faudrait qu’on puisse sentir cette jeunesse aux postes de responsabilité. Nous sommes très loin de nos attentes sur ce plan. Et nous espérons que dans la deuxième année nous pouvons être concernés.
Dans presque tous les secteurs de la Fonction publique, le personnel vieillit, les gens sont en train d’aller à la retraite mais la relève n’est pas préparée. Et il faut dès maintenant régler cette préoccupation majeure, donner la chance aux jeunes stagiaires et appelés du service civique d’apprendre véritablement. L’âge de la retraite doit être maintenu à 60 ans. Nous avons des «tontons», nous avons des grands parents qui veulent toujours s’incruster dans l’administration de l’Etat jusqu’à 65 ans. Or quelqu’un qui a 60 ans qui part à la retraite, son poste budgétaire peut créer 2 à 3 emplois, pour notre jeunesse. C’est de cela que nous avons besoin, pour que cette jeunesse ne bascule plus vers les réseaux criminels et vers la migration. La meilleure façon de la préserver, c’est l’occuper par des emplois sains et permanents. Malheureusement nous avons des jeunes de 30 voire 35 ans qui vivent encore au crochet de leurs parents, malgré leurs cursus, leurs diplômes. A 40 ans, on tend la main aux parents, or la relève doit être aussi assurée au niveau de la famille (…).
Nous voulons une loi sur le quota de la jeunesse pour les postes électifs et nominatifs. C’est vrai, quand on regarde un peu l’entourage du Président de la République, son staff est relativement jeune. Mais ça ne suffit pas, nous voulons des ministres jeunes et davantage de directeurs généraux jeunes, des préfets jeunes, des jeunes gouverneurs. Le Président Bazoum et son gouvernement n’ont pas d’excuse. Regardez dans vos archives, à quel âge Bazoum a été ministre dans ce pays ; à quel âge beaucoup de ses collaborateurs ont eu des postes importants de responsabilité dans ce pays. Il n’y a pas donc des raisons qu’on ne puisse pas faire confiance à la jeunesse aujourd’hui».
Propos recueillis par Ismaël Chékaré(onep)