Ancien eldorado qui attirait de nombreux Nigériens, ville dénommée « petit Paris » pendant le boom de l’uranium des années 80, Arlit est une ville bâtie dans les plaines désertiques de l’ouest du massif de l’Air au nord d’Agadez. La ville dont la création est liée à l’exploitation de l’uranium découvert par le CEA, n’a cessé de s’étendre jusqu’à une époque récente. La construction de la route bitumée Tahoua-Arlit a permis de la relier aux autres régions du Niger.Chef-lieu d’une commune urbaine du département du même nom, la ville d’Arlit est située à environ 260 km au nord d’Agadez et à plus de 1000 km de Niamey. Il s’agit pour nous de constater les mutations, qu’a connues cette cité minière de sa création à aujourd’hui.
De loin, très loin, la première vue panoramique qu’offre Arlit ce sont ces semblants de montagnes, qui étendues sur plusieurs kilomètres pointent à l’horizon comme des pyramides égyptiennes. Lorsque l’on s’approche les installations de la Cominak au sud-ouest contrastent l’horizon comme une oasis dans la pénéplaine désertique.En 1967, voire1969-1971, il n’y avait que le reg désertiqueentouré d’une vaste étendue de plaine aride balayée par les tempêtes de sable et soumis au dur régime d’un climat impitoyable.
Quoi qu’on en dise, les populations autochtonesne l’ont pasconnuautrement tout comme le CEA (Commissariat français à l’énergie atomique, qui, dans les années 50, dans le cadre de la mission qui lui avait été confiée en 1945 par son père fondateur, le général De Gaulle) a découvert la province uranifère du Niger. Entre autres missions, le CEA devait découvrir et exploiter les minerais nécessaires au programme nucléaire français en devenir. Ce qui fut fait en métropole, puis dans les anciennes colonies françaises, et, notamment, à Madagascar, au Gabon et au Niger. C’est ainsi que les équipes du CEA ont mis en évidence la nouvelle province uranifère d’importance mondiale au Niger dont plusieurs gisements découverts ont été considérés exploitables dans les années 60.
La découverte du gisement d’Arlit en 1965-66 a déterminé la création d’Arlit (en 1969) puis d’Akokan (1978) deux villes à proximité des mines et de l’usine de traitement du minerai (uranate).
La Compagnie générale des matières atomiques (Cogema) devenue AREVA en 2006, a d’abord commencé l’exploitation de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr) créée le 2 février 1968 qui a produit son premier lot de «Yellow cake » en Janvier 1971,puis celle de la Compagnie minière d’Akouta (Cominak) dont la création remonte àJuin 1974 et dont la production a démarré en Août 1978. La première exploite des carrières à ciel ouvert à environ 7km au nord-ouest d’Arlit et la seconde des gisements souterrains à environ 6km au sud-ouest.
Arlit, créée ex-nihilo, comprend la cité Somaïr, le quartier administratif (la sous-préfecture qui gère une très vaste circonscription) et la « ville induite » construite sur un plan en damier avec un marché et de nombreux commerces. D’après E. Bernus « Arlit comprenait 9 394 habitants en 1977 ; Akokan, qui exploite le gisement d’Akouta, possède de 6 à 7 000 habitants, soit, au total, un complexe industriel regroupant plus de 15 000 hommes, originaires de tout le pays. Le personnel employé en 1984 par les deux sociétés était de 1 330 à Arlit (Somaïr) et de 1959 à Akokan (Cominak).
Les Nigériens ont été attirés par ce nouvel eldorado et toutes les facilités offertes par la COGEMA notamment des salaires plus élevés et la priorité dans les recrutements.
Arlit est l’exemple type d’une ville minière. En 1978, déjà Arlit et sa sœur Akokan disposaient de quelques infrastructures : écoles, hôpitaux, réseaux d’adduction d’eau potable, deux(2) magasins d’alimentation, deux(2) clubs-restaurants, quatre (4) salles de cinéma, des terrains de sport etc. En ces temps tous les produits manufacturés provenaient de la métropole. Ce qui a valu à Arlit, le surnom de ‘’petit Paris’’. Un nom qui lui sied bien à l’époque.
Les deux cités minières où habitent cadres et ouvriers,sont non seulement l’illustration parfaite de villes minières, mais offrent surtout l’image contrastée de certaines villes industrielles africaines tant au niveau des quartiers styles HLM,avec de maisons uniformes des ouvriers et les belles villas des cadres. En effet la différence est remarquable entre ces habitations hiérarchisées à cette époque qui a suivi la naissance des sociétés minières. Les sociétés minières ont crée un environnement qui fait oublier parfois la rigueur du milieu désertique. Dans l’ensemble, ces cités constituent un cadre de vie luxueux et attrayant.
En matière de transport il n’existait à Arlit que deux (2) taxi, une land-rover car et une Peugeot 404.Même le plus vieux métier du monde n’a pu s’installer que tardivement dans ces cités où la vie des agents est réglée au rythme des usines françaises. C’est pendant les années du boom de l’uranium, que la ville a amorcé son développement et la population a afflué surtout à l’ouverture de la mine à partir d’AKOUTA. Une cité induite est venue se greffer comme un champignon formant des bidonvilles appelés ‘’Boukoki’’ habités de gens attirés par l’espoir de trouver un emploi pour une vie meilleure. Une partie importante de la population, notamment les nomades, se livrent au petit commerce ou au jardinage.
Pour soulager ses populations, les sociétés minières ont mis en place un aménagement hydro-agricole dénommé AMIDAR (Aménagement Hydro-agricole d’Arlit) aux techniques ultra sophistiquées (irrigation par gravitation, aspersion, goutte à goutte). Le département d’Arlit s’est développé grâce à l’exploitation de l’uranium par les filiales d’AREVA. Ila débuté bien avant la naissance des mouvements de la « société civile » au Niger.La mise en exploitation de l’uranium a été confiée, en plein accord avec l’État du Niger, aux deux sociétés minières, suite aux négociations qui ont eu lieu en 1967 et 1968 et qui d’ailleurs ont abouti à leur création.
Sur la base des conventions de longue durée entre l’État du Niger et ces sociétés, renouvelées à plusieurs reprises, la région bénéficie d’appui à l’initiative locale.La signature de l’Accord du 26 mai 2014 entre AREVA et l’Etat du Niger a marqué le départ pour de nouvelles relations fructueuses à travers lesquelles d’importants projets ont été initiés pour le financement des infrastructures scolaires et sanitaires et leur équipement en matériel et en médicaments ; soutien aux activités génératrices de revenus, au sport et à la culture.
Aujourd’hui le décor a changé à Arlit. Un financement d’environ deux milliards neuf – cents millions (2 900 000 000) de francs CFA a permis de réaliser des travaux de bitumage sur près de 13 kilomètres dans la ville d’Arlit qui dispose désormais des routes goudronnées reliant les deux cités industrielles. Des voies pavées ont aussi été réalisées dans le cadre de l’appui à la voirie urbaine.
D’autres voies ont été goudronnées et équipées de feux optiques par AREVA et l’on ne circule plus dans la poussière qu’autrefois soulevaient les véhicules. La cité minière est devenue attrayante. Il suffit de se pavaner sur l’artère principale qui traverse la ville pour s’en convaincre de ces réalisations faites dans le cadre du développement durable. La préfecture dispose d’une clôture et la ville a une tribune officielle acceptable.
Abdoulaye Harouna ONEP Agadez