Le 3ème vice-président de l’Assemblée nationale, M. Zakara Karidjo, a présidé, hier à l’hémicycle, l’ouverture d’une journée parlementaire sur la protection des civils dans les conflits armés au Niger. Le thème de la journée est : « Rôle des parlementaires pour la prise en compte de la protection des civils et la limitation des dommages qui leurs sont causés dans le cadre légal au Niger ». Cette journée d’information s’est déroulée en présence du président de la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH), de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP), du directeur de programme Afrique de l’ONG Center for Civilians in Conflict (CIVIC) et de plusieurs invités.
Au cours de cette journée parlementaire, il était question ; des concepts clés de la protection des civils selon l’approche CIVIC ; de limitation des dommages aux civils ; de la présentation du cadre d’évaluation des politiques et pratiques des Etats et de leurs engagements à mieux prévenir et répondre aux dommages causés aux civils.
En procédant à l’ouverture des travaux de la rencontre, le député Zakara Karidjo a indiqué que l’Assemblée nationale, représentation du peuple par excellence dans sa composition et sa diversité, apprécie à sa juste valeur les efforts que déploie l’ONG CIVIC au Niger et particulièrement dans les zones en proie à l’insécurité et au terrorisme où les populations civiles sont les premières victimes de toutes sortes d’exactions. Le terrorisme, a-t-il dit, était circonscrit dans un seul pays ; il est devenu aujourd’hui un fléau dans l’espace sahélien, particulièrement dans la zone des trois frontières communément appelée Liptako-Gourma composée du Niger, du Mali et du Burkina Faso. A ces trois pays, il faut ajouter le Tchad et dans une moindre mesure la Mauritanie. « Aujourd’hui, des pays côtiers comme le Togo et le Bénin, sont également affectés », a-t-il ajouté.
Cependant devait-il indiquer, les politiques et les stratégies déployées par le gouvernement ont permis d’observer une légère accalmie sur les différents fronts. Mais force est de constater depuis la fin de la saison des pluies, on observe un certain regain d’attaques terroristes. « Le dernier exemple en date, qui continue de soulever des interrogations et des émois, est l’attaque du poste de police de Tamou, ayant occasionné deux morts suivie de la riposte des forces de défense et de sécurité (FDS) jusque dans le refuge supposé des terroristes à savoir le site d’orpaillage de la localité, où l’on déplore malheureusement plusieurs pertes en vie humaines de civils », a-t-il rappelé.
Le 3ème vice-président de l’Assemblée nationale souligne que, le Gouvernement dans sa mission d’assurer la paix, la sécurité et la quiétude sociale aux populations, a eu l’aval de leur institution sur plusieurs textes de loi allant dans le sens de l’amélioration continue de leurs conditions de vie, ainsi que la continuité des activités socio-économiques des populations. Mais, force est de constater que malgré tous les efforts fournis, « les populations civiles continuent d’être les premières cibles des mouvements des groupes armés. A titre illustratif, rien que dans la région de Tillabéri, en ce mois de Novembre 2022, on dénombre plus de 800 écoles qui demeurent fermées, et plus de 168 000 personnes déplacées internes. Les populations civiles continuent de subir le lourd tribut du conflit, tantôt forcées de se déplacer, ou d’obtempérer, ou tantôt prises entre les feux des opérations militaires, des attaques des groupes armés ou des groupes d’auto-défense », a-t-il déploré.
Le député Zakara Karidjo a en outre salué la mission de l’ONG CIVIC dont l’objectif est d’envisager un monde dans lequel aucun civil n’est blessé dans un conflit, et soutenir ces mêmes civils dans la recherche d’une protection. « Nous saluons l’approche constructive de CIVIC qui s’est déjà engagé auprès du Gouvernement du Niger à travers la signature d’un protocole d’entente avec le Ministère de la Défense Nationale. Un protocole qui vise à renforcer la stratégie et les outils de protection des populations civiles, les actions de sécurité pour le retour de la paix et de la stabilité dans les zones de conflits au Niger », a-t-il expliqué.
Auparavant le représentant du Comité Interparlementaire G5 SAHEL, M. Souley Dioffo a indiqué que, le thème de la rencontre intéresse particulièrement leur institution dans la mesure où le suivi, le contrôle des législations et du respect des règles et principes de protection des civils dans les conflits armés est une préoccupation majeure. Selon lui, dans le contexte de guerre contre le terrorisme, le Comité interparlementaire a d’ailleurs élaboré un plan d’action prioritaire dont l’axe stratégique numéro 1 est consacré au contrôle parlementaire du secteur de la sécurité dans l’espace G5 Sahel.
Le député Souley Dioffo a en outre regretté que le droit international régissant la protection des civils dans les conflits armés traite principalement des conflits armés classiques. La situation est plus complexe dans le cas de la lutte contre le terrorisme notamment en Afrique subsaharienne. Les civils subissent des effets néfastes des mesures prises par nos gouvernements dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. C’est le cas par exemple: des couvre-feux, de l’instauration de l’état d’urgence, de l’interdiction de circulation avec les motocyclettes et les tricycles dans certaines localités ou de la délimitation de zones dites de guerre contraignant ainsi les populations à s’y éloigner etc. « Les populations civiles subissent plus, les effets néfastes de la guerre surtout dans le contexte actuel de la guerre dite asymétrique au Sahel », a-t-il regretté. Aussi, a-t-il espéré que cette journée de réflexion contribue à la mise en œuvre de leur plan d’action prioritaire triennal.
Par Seini Seydou Zakaria(onep)