Le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies, M. Antonio Guterresa rencontré hier dans l’après-midi à l’Assemblée nationale une délégation de parlementaires nigériens composée des présidents des groupes parlementaires, conduite par le 1er Vice-président, M. Kalla Ankouraou. Les échanges au cours de cette rencontre qui s’est déroulée en présence du ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, M. Hassoumi Massaoudou ont porté sur la situation sécuritaire préoccupante ayant engendré un contexte humanitaire très difficile au Niger et dans les pays du Sahel notamment la zone des trois frontières. Au cours des échanges, le diplomate onusien a rassuré les parlementaires de l’engagement de l’ONU à investir dans les filets de sécurité sociale et le développement durable au bénéfice des populations meurtries par l’insécurité de tout genre.
Après avoir présenté l’Assemblée nationale à la délégation onusienne, le 1er Vice président du parlement nigérien M. Kalla Ankouraou a indiqué que le Niger mène depuis plus d’une décennie un légitime combat contre la pauvreté et une guerre aussi absurde que meurtrière. En plus des deuils répétitifs, la conséquence visible est la multiplication des camps des réfugiés et de déplacés internes qui fragilisent les équilibres économiques des zones concernées. «Le terrorisme constitue la problématique centrale dont le traitement conditionne le développement économique et social de nos Etats. Il constitue une source d’instabilité pour les institutions de l’Etat tout en engendrant de graves conséquences économiques. Il a réussi à créer un cercle vicieux entre pauvreté et violence», a-t-il déclaré.
Selon M. Ankouraou, les parlementaires sont résolument impliqués dans la recherche des voies et moyens pour en venir à bout. C’est ainsi que l’Assemblée nationale soutient les stratégies de riposte du gouvernement tout en restant dans le cadre strict de ses prérogatives constitutionnelles. Elle participe aux missions de terrain pour sensibiliser les populations sur la paix, la sécurité, la cohésion et l’unité nationale. Au niveau de la zone sahélienne dans son ensemble, sur proposition de l’Assemblée nationale du Niger, les parlementaires des pays composant le G 5 Sahel se sont retrouvés à Niamey en juillet 2018 pour créer un comité interparlementaire afin d’accompagner et de soutenir les efforts des gouvernements dans la lutte commune. Il s’agissait ainsi de s’assurer que le G 5 se construit sous le regard populaire dans les conditions d’un contrôle démocratique responsable.
Le premier vice-président de l’Assemblée nationale a aussi fait cas de la question de la sécurité alimentaire soulignant que la dernière campagne agricole a été largement déficitaire en raison de la conjugaison de nombreux facteurs dont le changement climatique. Ainsi a-t-il dit, la disette a déjà commencé et risque de se transformer en famine dans de nombreuses zones du pays. «Si la communauté, ne nous appuie pas conséquemment pour y faire face en constituant des stocks suffisants de vivres, dans les six mois à venir cette question alimentaire risque même d’occulter le péril terroriste. Si elle n’est pas prise en charge avec les moyens appropriés, elle peut servir de terreau fertile aux terroristes toujours aux aguets pour proposer aux jeunes d’illusoires solutions à leurs difficultés quotidiennes », s’est inquiété M. Kalla Ankouraou.
En réponse aux préoccupations du parlement nigérien, le Secrétaire Général de l’ONU a dit que sa tournée en Afrique de l’Ouest intervient après un tour effectué en Ukraine, plus particulièrement dans la capitale, Kiev, où il a constaté de visu, les dégâts causés par l’invasion russe. Il a indiqué que son combat en Afrique est de combattre le terrorisme en se basant sur des forces africaines robustes comme le G 5 Sahel. Toutefois, fait-il constater, les crises de coups d’Etat ont fragilisé les pays sahéliens. «L’Afrique de l’Ouest a été encore un peu plus déstabilisée par les coups d’État militaires survenus successivement au Mali (août 2020 et mai 2021), en Guinée (septembre 2021) et au Burkina Faso (janvier 2022). Le Niger a pu vraiment s’unir pour mener le combat contre l’insécurité. Il a pu contenir les avancées des groupes terroristes. L’obligation de la communauté internationale est d’investir au renforcement des forces militaires de les doter en équipement», a estimé M. Guterres.
Pour permettre aux pays du continent de faire face à la menace terroriste, le SG de l’ONU a dit que les institutions financières internationales doivent mettre en place en toute urgence des mesures d’allègement de la dette afin que les gouvernements puissent éviter le défaut de paiement et investir dans les filets de sécurité sociale et le développement durable pour leurs populations. Pour M. Antonio Guterres, l’Afrique était le continent où il y’avait, pendant des décennies, une croissance économique la plus forte au monde, mais avec «les inégalités et les injustices auxquelles nous avons assisté aux dernières années. Aujourd’hui, elle est la grande victime d’une succession de crises, sécuritaire, climatique etc.», a-t-il dit.
Enfin pour le SG de l’ONU, l’Afrique n’a rien à voir avec la guerre en Ukraine, mais elle sera victime. C’est pourquoi les Nations Unies ont mis en place un comité de pilotage aux réponses globales. Le comité est dirigé par Mme Amina Mohamed, Secrétaire Générale adjointe de l’ONU qui va présenter un certain nombre de solutions en matière alimentaire, d’énergie, de logistique et d’allocation de fonds significatifs pour juguler les problèmes.M. Antonio Guterres a réaffirmé la solidarité de l’institution onusienne au peuple nigérien en tant qu’alliée sans condition parce que le pays est bien organisé et en train de mener un grand travail qu’il faut appuyer.
Seini Seydou Zakaria(onep)