
Au cours de la plenière de restitution des recommandations
Après des jours de réflexions sur des thématiques bien définies, la Commission Nationale chargée de conduire les travaux des Assises Nationales pour la refondation a invité les sous-commissions à une dernière séance plénière avant la clôture des Assises. Cette séance se veut un cadre de restitution par les présidents ou rapporteurs des cinq (5) sous-commissions, des recommandations auxquelles ont abouti leurs travaux.
C’est dans une salle où l’excitation et l’impatience se lisent sur les visages que les rapporteurs des cinq (5) sous-commissions ont de manière successive présenté les recommandations issues de leurs travaux pour une meilleure refondation du Niger. Ces recommandations, note-t-on, ont pris en compte les préoccupations des Nigériens aussi bien en milieu urbain que rural.

De la sous-commission n°1 qui traite de la thématique ‘’Paix, sécurité, réconciliation nationale et cohésion sociale’’, les recommandations ont été articulées autour des points comme la prévention, le renseignement, le maillage du territoire, les ressources humaines, la logistique, les conditions de travail, etc. En effet, pour une meilleure refondation du Niger, cette sous-commission souligne la nécessité de renforcer les activités civilo-militaires, de lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes, de faire la promotion des activités de développement communautaire, de créer des opportunités d’éducation pour lutter contre la radicalisation, de promouvoir la réinsertion à travers des apprentissages en milieu carcéral. A ces recommandations s’ajoute l’organisation d’un forum inclusif sur la paix, la prise en compte de la nécessité de protéger les chefs traditionnels, de bannir la discrimination sous toute ses formes, de créer des unités mobiles d’intervention rapide ainsi que des compagnies et forces de contrôle sur toutes les frontières.
De la refondation politique et institutionnelle du Niger, la sous-commission n° 2 a fait un état des lieux des problèmes institutionnels au Niger qui sont notamment, l’absence d’institutions fortes et pérennes, l’inadaptation de certaines institutions aux réalités socio-économiques, politiques et culturelles du Niger, la non application des textes en rigueur, le sous-emploi de la jeunesse, la forte politisation de l’administration, le non- respect des critères objectifs entre autres. Pour pallier ces problèmes, la sous- commission a proposé d’instituer un mécanisme pour la pérennité des institutions républicaines, de créer un ministère de la refondation nationale en vue de travailler pour un changement des mentalités. La sous-commission recommande aussi d’instaurer un système électoral biométrique, d’admettre le multipartisme, prévoir un mécanisme permettant la suppression d’office de tout parti politique n’ayant pas obtenu un siège de député ou de conseiller municipal ; limiter le nombre de députés à 100. Il est aussi question d’assurer le financement des élections à 100 % sur fonds propres de l’Etat, de mettre en place un système d’évaluation semestrielle des agents publics, de créer un organe de suivi de la mise en œuvre des recommandations issues des Assises Nationales.
Relativement à la chefferie traditionnelle, les membres de la sous-commission ont proposé d’ériger l’Association des Chefs Traditionnels du Niger en une Haute Autorité de la Chefferie Traditionnelle.
Toujours pour un Niger nouveau, les membres ont demandé à ce que soit revalorisée et refondée l’institution militaire, de restaurer et restructurer le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, de fixer le nombre de départements ministériels à vingt (20) , d’investir le Président du CNSP pour le doter du titre de Président de la République, d’admettre l’éligibilité des membres du CNSP aux prochaines échéances électorales, d’initier des reformes spécifiques concernant la jeunesse, de dissoudre les partis politiques, de combattre le trafic d’influence et en fin, de supprimer les immunités et privilèges de juridiction.

Pour un essor économique et un développement durable, la sous-commission n°3 a, pour sa part, formulé des recommandations pour améliorer les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, des mines, d’améliorer la gestion des ressources, de promouvoir l’entreprenariat, l’industrie, le commerce et l’hydraulique, mais aussi pour améliorer la qualité des études au Niger et celle du cadre de vie des populations dans la dignité et la souveraineté absolue.
Des deux dernières sous-commissions (n°4 et 5) qui traitent respectivement de ‘’Géopolitique et environnement international’’ et de ‘’Justice et des droits de l’homme’’, les contributions ont également été très pertinentes aussi bien pour préserver les intérêts du Niger que pour promouvoir un engagement public de l’exécutif et du législatif à respecter l’indépendance de la justice et l’exécution des décisions des cours et tribunaux. Des recommandations ont aussi été formulées dans le domaine de la justice sociale afin que certains contentieux qui sont à la traine, comme l’assassinat du Président Baré Mainassara, les scandales politico-financiers de ces dernières années (Uranium-Gate, MDN Gate, Affaires Mont Greboun, Mont Baguezane, etc), soient définitivement résolus. Il est aussi recommandé de rendre justice aux candidats admis aux concours des douanes, du Ministère des Affaires Etrangères et du ministère des Finances ; d’accorder une grâce aux militaires condamnés pour tentative de déstabilisation, de rendre justice aux enseignants contractuels de l’Enseignement non encore recrutés, aux anciens travailleurs de la COMINAK, etc.
Par ailleurs, les sous-commissions ont recommandé de conduire la transition pour une durée de cinq (5) ans renouvelable.
Rahila Tagou (ONEP)