
Omar Yéli, président régional de la Plateforme paysanne à Agadez

« Nous avons espéré ces Assises depuis longtemps. Ce retard est compréhensible parce qu’on connait le contexte dans lequel notre pays se trouve depuis la prise du pouvoir par les militaires le 26 juillet 2023. Nous avons vu depuis que le CNSP a pris le pouvoir, il lutte sur plusieurs fronts et c’est ce qui a fait peut-être que ces Assises n’ont pas pu être tenues à temps. Nous attendons beaucoup de ces Assises, notamment des recommandations fortes, réalistes et réalisables. Avec tout ce que nous avons vécu, ces Assises doivent être un déclic pour revenir à la raison et regarder en face notre cher pays. C’est vrai que tout le monde souhaite la démocratie, mais il faut aussi être prudent avec nos politiciens. Il ne faut pas précipiter les choses et leur donner l’occasion de revenir tout détruire. Nous ne souhaitons plus un retour en arrière, il faut qu’on avance maintenant. Nous espérons qu’à ces Assises, les gens vont se dire la vérité et prendre des engagements clairs pour le peuple. Nous avons fait preuve d’une grande capacité de résilience, donc toutes les décisions doivent être prises au nom de ce peuple qui a tout donné et qui espère mieux pour le développement du pays. Il faut que les participants à ces Assises fassent preuve de patriotisme. Il faut que tout le monde se ressaisisse pour être un vrai patriote et de véritables panafricains. Pour ce qui est du délai de la transition, je pense que les Assises doivent réfléchir et proposer un délai raisonnable aux militaires pour la conduite d’une transition réussie. Je pense que, par rapport à ce délai, on doit tenir compte de l’AES ».
Ary Issaka Ousmane, fonctionnaire à Niamey

« Nous attendons des Assises Nationales des propositions pertinentes qui puissent permettre d’améliorer la gouvernance dans tous les secteurs. Pour moi, des propositions doivent être faites sur les pouvoirs coutumiers, l’administration publique et les marchés publics.
Sur les pouvoirs coutumiers, je pense que la méfiance et l’insécurité se sont accentuées depuis que les ‘’maigari’’ ou chefs de village, les chefs de canton ont cessé de rester aux côtés de leurs administrés, préférant rester en ville et déléguer leurs fonctions à des représentants. Cette situation a engendré une insécurité et même favorise aujourd’hui le terrorisme. Il faut des mesures pour fixer les chefs sur leurs trônes au sein de leurs communautés.
Sur le service public, il faut savoir qu’entre l’administration civile et militaire, la seule différence c’est la tenue et les armes. Mais, au Niger, malgré un bon statut de la fonction publique, le non-respect des dispositions entraîne la confusion dans les nominations et les promotions. Ce qui biaise le respect de la carrière. Il faut revenir à l’application stricte des textes, en nommant les plus méritants en fonction de l’ancienneté au grade, et de leurs compétences à tous les niveaux.
Sur les marchés publics, l’Etat peut exécuter les achats qui ne dépassent pas un milliard de franc CFA par les biais des responsables administratifs. Pour les grosses dépenses ou travaux excédant le milliard, ou impliquant des structures (multinationales pour des travaux dont l’exécution demande une expertise qui n’existe pas au Niger), on peut lancer un marché public ».
Ousseini Daouda, président du Conseil Régional de la Jeunesse de Tillabéri

« C’est le reflet d’un intérêt national et patriotique, sous deux angles singulièrement. D’abord sous l’angle politique, ces Assises Nationales sont l’illustration indiquée d’un pays ayant une histoire très riche, mais dont la gloire n’a pas suffisamment été soignée par certains choix politiques. C’est dire en effet que, depuis les indépendances, la trajectoire n’était pas forcément adossée aux aspirations du peuple. On en avait la preuve en 1991. Près de 35 ans de pratique de la démocratie, nous sommes comme à la case départ. Nous sommes encore là, pour des causes censées être ficelées par nos aînés. Ensuite, sous l’angle social, le peuple nigérien, malgré les divergences ayant impacté son progrès politique et économique, fait preuve d’un esprit d’unité et de cohésion enviable. C’est pourquoi, il n’a jamais eu de difficultés à honorer les grands rendez-vous, chacun se situant au-dessus de son intérêt personnel pour le grand bonheur de la mère patrie. Unis pour une cause commune ».
ONEP