
Colonel Elhadj Ousmane Mahaman, ministre de l’Agriculture et de l’Élevage
Mr. le ministre beaucoup d’initiatives ont été prises dans notre pays en vue de parvenir à une autosuffisance alimentaire mais force est de constater que cet objectif n’a pas encore été atteint. S’agit-il au départ d’un problème de bon diagnostic ou bien ce sont les solutions qui n’ont pas été à la hauteur de l’objectif poursuivi et recherché ?
Si nous regardons bien de 1960 au 26 Juillet 2023, nous pouvons à peu près relever 5 à 6 courants d’actions qui ont été faits. La période Diori (paix à son âme), un homme visionnaire qui, avait un budget de 25 à 30 milliards maximum. Vous savez qu’au sortir des indépendances Diori n’avait pas un budget de mille milliards ? C’est à peine 25 voire 30 milliards pour former les Nigériens, sécuriser les nigériens. Il y a eu une centaine de sociétés avec un budget de 25-30 milliards, c’est un homme visionnaire. S’il était resté avec sa vision jusqu’aujourd’hui, le Niger serait le Dubaï de l’Afrique. Cette période consistait à développer l’agriculture céréalière. Si vous vous rappelez, la culture du mil et du sorgho était développée. Ensuite des cultures de rente le niébé et d’arachide d’où la SONARA. Donc nous étions des bassins de production d’arachide. Plus tard des raisons autres justifieront cela. Ça c’est une période un peu de relance mais les sécheresses consécutives ont freiné l’élan.
La période 1974, la prise du pouvoir par le CMS, c’est la période qui ressemble un peu à maintenant, c’est la période de grandes aménagements hydro-agricoles, le Président Seyni Kountché a eu la vision d’aller pas uniquement vers les cultures pluviales mais en irrigué d’où la création de l’ONAHA. Cette mission d’aménagements des grands espaces est un héritage de cette période. Ensuite le programme d’ajustement structurel qui est venu liquéfier tous les efforts faits par le Niger. Le boom de l’uranium étant passé, ce qui a tué toutes nos sociétés. Normalement en ajustement structurel, si c’est sérieux encore une fois la question de souveraineté, si c’était sérieux on allait restructurer les sociétés ; les mettre sur les rails. Même, si on l’enlève du domaine public, il part dans le domaine privé mais avec un accompagnement. Aucune n’existe les sociétés. Celles que vous avez l’habitude de réciter à l’école primaire vous les avez vu n’existent plus. Ça c’est parce qu’on n’était pas souverain, on agissait selon le diktat des institutions financières.
Normalement un programme d’ajustement structurel doit aller avec des programmes structurants. C’est pourquoi j’ai dit qu’il est difficile de juger les actions des gens. Ensuite la période 2000-2010, a connu un peu ce qu’on appelle la stratégie de développement durable qui s’est un peu intéressée au développement économique et qui a aussi produit un peu le résultat d’aujourd’hui. Je n’en juge pas. Ensuite nous avons eu la période 2010-2023 d’où la planification au Niger est arrivée par la stratégie de développement durable et de croissance inclusive (SDDCI), PDES (plan de développement économique et social), l’Initiative 3N allez-y voir le résultat. Vous êtes mieux placés que moi en tant que journaliste d’investiguer là-dessus. Voilà un peu le contexte de politique mené. Mais, dès qu’il y a une fermeture de frontières, tous les Nigériens se sont mis à dire que le riz manque. C’est dire que ces politiques n’ont pas donné de résultats escomptés.
Et que feriez-vous différemment aujourd’hui, quelle politique agricole envisagez-vous de mettre en place pour y parvenir monsieur le ministre ?
Justement, je vais vous expliquer encore un peu le Niger. Si vous regardez la carte du Niger, je vous ai dit tantôt sur le plan pluviométrie pratiquement, si vous regardez la zone productive s’est rétrécie. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que sous pluie nous ne pouvons plus produire de céréales parce que pour boucler le cycle des céréales, il faut 60 à 100 jours. Or nos saisons de pluie tournent au maximum autour de deux (2) mois. Mais, on ne va pas rester les bras croisés. Avec l’intelligence qu’on a, il faut aller vers la petite irrigation, vers la grande irrigation et mettre en branle toutes ces politiques pour véritablement être souverain sur le plan alimentaire y compris bien sûr sur le plan fourrager et production végétale. Notre vision, l’alternative à cette situation c’est qu’il faut développer l’irrigation sous toutes ces formes ; la grande irrigation, la petite irrigation, les cultures de décrue. Il nous faut des retenues d’eaux, des barrages. Il faut véritablement reprendre toutes ces politiques et aller vers l’irrigation. En un mot c’est cela l’alternative, il n’y a pas d’autres.
Quelle politique envisagez-vous pour promouvoir une véritable industrie agro-alimentaire au Niger ?
Dans le développement d’un pays, en tout cas dans le domaine de l’agriculture que j’ai à ma charge, il faut de la production. Il faut produire, mais aussi conserver, transformer et commercialiser. Ce qui nécessite une industrialisation. Notre première option, c’est d’avoir la capacité productive, aménagement des grands espaces, voir où il y’a une possibilité d’irrigation pour sécuriser et produire. Pour cela, on a besoin de l’engrais, des semences, des outils de mécanisation. Il faut aussi de l’eau, mais on n’a pas de problème d’eau pour l’irrigation, le problème ce sont les semences, l’engrais. Il faut également améliorer la recherche avec l’INRAN pour avoir des semences améliorées, adaptées à nos contextes et qui ont un rendement élevé. Aujourd’hui nous sommes en train de faire un certain nombre d’actions pour améliorer cette situation. Mais si vous produisez beaucoup et que vous ne transformez pas, ce serait du gâchis. Ainsi, en même temps que nous allons produire, il faut transformer. Nous avons un projet d’un (1) milliard de dollar pour accompagner les producteurs dans la production à travers l’irrigation, (production fourragère et alimentaire). Ensuite en même temps, dès qu’on a eu une capacité productive qui peut drainer une industrie, il faut aller vers la création d’industries laitières, des abattoirs, des industries de transformation de tomate par exemple, de canne à sucre, de blé. La question du développement durable du Niger passera par l’industrialisation, par le développement agricole. Le seul domaine où on peut créer aujourd’hui un (1) million d’emplois c’est le secteur agricole. Il faut investir, ce n’est pas en un jour que cela se fera. Les actions de développement ont pris des siècles ailleurs. Nous, nous allons faire mieux. L’urgence du temps est là, on va agir. Mais cela passe véritablement par l’industrialisation. Il faut former pas des diplômés, des ingénieurs, des cadres de terrain. Ça ne vous étonnerait pas que, dans un pays comme le Niger qui a soixante-deux (62) millions de bétail toutes espèces confondus, des ingénieurs agronomes, des docteurs vétérinaires, des cadres supérieurs de génie rural disent qu’ils sont en chômage, en train de croiser les bras ? vous trouvez que c’est normal ? Si cela a lieu, c’est parce que le cadre institutionnel n’existe pas, c’est parce que l’aspect global n’est pas créé. Aujourd’hui si vous sortez ingénieur agronome, s’il n’y a aucune institution financière qui doit vous accompagner, si la question foncière n’est pas réglée parce que tout est lié, vous risquerez d’être au chômage. Donc, il faut revoir la réforme sur la question foncière pour que l’accès à la terre soit possible aux jeunes, parce qu’ils (les jeunes) n’ont pas de terre. Nous sommes en train d’élaborer une grande réforme dans ce sens qu’on va proposer au gouvernement. Il faut que la terre soit également accessible aux femmes. Il faut qu’il y ait un accompagnement en termes d’accès financier. Aujourd’hui les banques sont toutes commerciales, la BAGRI est là mais son taux est exorbitant. Il faudrait qu’on ait des micros finances et des banques comme la BAGRI qui doivent être redimensionnées, qui doivent accompagner les producteurs avec des taux bien étudiés pour que les jeunes puissent aller à la terre. Je vous assure qu’on n’aura pas de problème d’emplois si on s’intéresse à ces questions que je viens d’évoquer.
Monsieur le Ministre de manière très concrète, comment développer un programme prioritaire de transformation du potentiel agro-pastorale conformément aux objectifs de la souveraineté alimentaire que nous recherchons ?
Je viens de le dire. Si nous regardons l’histoire c’est la révolution industrielle qui est venue après le développement agricole. Je suis en train de vous séquencer, nous allons produire et placer des industries autour de cette potentialité que nous avons. Par exemple, la région d’Agadez est une région propice à la production d’agrumes nous sommes en train d’envisager la création d’une usine de transformation d’agrumes sur place. A Diffa, j’étais surpris, quand j’ai vu les chiffres avec les services régionaux de l’environnement où nous produisons cinquante milles (50.000) tonnes de poissons. 50.000 tonnes de poissons ce n’est pas rien, mais cette production part vers les pays voisins. D’où le projet que nous avons initié, que nous sommes en train de développer avec l’appui du Fonds de solidarité pour que ce poisson fumé ne part pas dans des pays voisins mais qu’il puisse être aussi acheminé et vendu à Zinder, Maradi, Dosso et Niamey. Nous allons créer des comptoirs dans les régions que je viens de citer. Nous sommes en train d’orienter ce projet pour que les jeunes puissent avoir de l’emploi.
Ça aussi c’est au programme d’ici 2027 ? Puisqu’apparemment 2027 est devenu une année de référence pour avoir des résultats concrets ?
Pour le gouvernement tout ministre qui sera là doit œuvrer dans ce sens. C’est cela l’action du gouvernement. Ce n’est pas le ministre Ousmane qui est important, c’est l’orientation stratégique du gouvernement. Comment régler les questions que je suis en train de vous décrire, c’est de ça qu’il s’agit.
Monsieur le ministre pouvez-vous nous dire pour que les Nigériens le comprennent bien, la place de l’agriculture et de l’élevage dans l’économie nationale et comment œuvrer pour leur amélioration afin que ces deux secteurs contribuent véritablement à notre développement socio-économique du pays ?
Les deux secteurs contribuent pour un peu moins de 43 % au PIB, ils emploient 80 % de la population active qui ne vit que de ça, soit comme activité première ou secondaire. Est ce qu’on peut réfléchir autrement. Ensuite, nous avons 62 millions de têtes de bétail toutes espèces confondues. Le pays a un avantage comparatif, c’est le premier pays de l’Afrique de l’Ouest. Ensuite, nous avons des terres pâturables un peu moins de 700.000 kilomètres carrés d’espace pâturable avec tout le potentiel hydrique que je vous ai plutôt souligné. L’agriculture et l’élevage constituent le pilier du Niger. Donc, véritablement toute action qui veut que le Niger soit demain un pays développé, doit agir sur ces secteurs et c’est ce que nous sommes en train de vouloir faire avec les programmes de souveraineté alimentaire. Donc, il faut en plus de la production, aller vers l’industrialisation. Mais il faut aussi que l’agriculture ne devienne pas une agriculture consommatrice de ressources, du budget de l’Etat. Il faut qu’elle participe au développement, il faut fiscaliser à travers l’industrialisation.
Ça aussi c’est au programme d’ici 2027 ? puisqu’apparemment 2027 est devenu une année de référence ?
C’est une année de référence. Peut-être, je ne serai pas ministre. En tout cas, pour le gouvernement, tout ministre qui sera là, ça va aller dans ce sens-là. C’est ça l’action du gouvernement. Je vous dis, l’action du gouvernement ce n’est pas le ministre de l’Agriculture Ousmane qui est important, c’est l’orientation stratégique du gouvernement. Comment régler les questions que je suis en train de vous décrire. Donc, c’est de ça qu’il s’agit.
M. le ministre, pouvez-vous nous dire pour que les nigériens le comprennent bien, les places de l’agriculture et de l’élevage dans l’économie nigérienne, et comment œuvrer pour l’amélioration afin que ces deux secteurs contribuent véritablement à notre développement socio-économique ?
Les deux secteurs contribuent à moins de 43 % au PIB, emploient 80 % de la population active, qui le vivent soit comme activité première ou secondaire. Est-ce qu’on peut réfléchir autrement ? Ensuite, nous avons 62 millions de têtes toutes espèces confondues. En avantage comparatif, c’est le premier pays en Afrique de l’Ouest. Ensuite, nous avons des terres pâturables ; un peu moins de 700.000 km2 d’espaces pâturables, avec tous les potentiels hydriques que je vous ai dit plutôt. Mais, c’est l’Agriculture et l’Elevage qui sont le pilier du Niger. 80 % de la population, qu’est-ce qu’il faut faire ? puisqu’ils vivent de ça, si on ne s’occupe pas de ça, donc véritablement toute action qui veut que le Niger soit demain un pays, doit agir là. Et c’est ce que nous sommes en train de vouloir faire avec le programme de souveraineté alimentaire. Donc, ce programme de souveraineté alimentaire va faire quoi ? Il faut aller vers l’industrialisation, le développement des abattoirs, des laiteries, produire et transformer tout le produit. Maintenant, qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut aussi que l’agriculture ne devienne pas une agriculture consommatrice de ressources du budget de l’Etat, il faut qu’elle participe, il faut fiscaliser à travers l’industrialisation ; pour que l’Agriculture en même temps qu’elle participe à 43 % au PIB, participe aussi à la constitution des recettes de l’Etat.
M. le ministre, la promotion des cultures de rentes est plus que jamais une nécessité, vous êtes d’accord avec moi, comment développer une approche spécifique de promotion de culture de rentes et de produits d’élevage sur les marchés nationaux, régionaux et internationaux ?
Oui. Dans notre programme, nous avons identifié un certain nombre de filières sur les produits de rentes. Déjà, nous avons l’arachide et le niébé et l’oignon qui étaient des produits qui ont plus ou moins pris un pas. Nous sommes un pays aussi qui a tendance à produire de la tomate. Nous sommes un pays aussi qui est en train de s’investir à se spécialiser dans le sésame. Nous sommes aussi un pays qui est connu pour le souchet, bref l’oignon, le niébé, l’arachide, le souchet, il faut les accompagner. D’abord un, en disponibilisant des semences adaptées avec des rendements, avec l’INRAN bien évidemment, ensuite, il faut les accompagner en intrant (engrain) pour que véritablement ça puisse mieux aller. Troisièmement, il faut mécaniser notre agriculture pour que ça puisse aller, c’est ça l’objectif de ce programme. C’est un programme, ce n’est pas un projet. Voilà un peu, en quelques temps on va investir dans ces questions-là, la question des produits de rentes.
L’agriculture et l’élevage au Niger ne sont pas que des activités de production, il s’agit toute à la fois d’une culture qui prend en compte nos us et coutumes, et d’une façon de vivre, quelle politique et quelle mesure envisagez-vous pour concilier nos cultures et la nécessité d’une grande production dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage ?
Merci. Pour illustrer votre question, lors de mes grandes tournées de suivi de la campagne pastorale, j’ai rencontré un groupe de pasteurs au Nord Est d’Abalak. J’étais avec le gouverneur de Tahoua, on s’est arrêté. Je les ai questionnés sur la situation de la campagne, c’était dur, c’était vraiment dur l’année 2023-2024 sur le plan pastoral. J’ai dit mais, vous avez à peu près une centaine de têtes, vous aurez dû vendre les cinquante plutôt, économiser l’argent et quand la saison passera vous rachèterez sur le marché. Vous savez ce qu’ils m’ont dit ? Ils m’ont dit M. le ministre, c’est vous le ministre, j’ai dit oui. L’un d’entre eux m’a dit M. le ministre si j’avais vendu les cinquante, les cinquante restants allaient périr par inondation. Je n’aurai pas de quoi les reconstituer. Moi, j’allais lui donner une leçon de stockage pour reconstituer, lui, il m’a donné une leçon d’économie. Souvent, nous, on part à l’école, on apprend et on pense que les us et coutumes de la façon dont nos bergers, nos parents gèrent les animaux, par exemple, ils ne sont pas bien, tandis que c’est toute une école. Il faut aller vers eux, questionner pour voir que c’est véritablement une culture qu’il faut concilier avec le savoir qu’on a eu, pour véritablement savoir. Ils ont le savoir. Pour les pratiques culturales, j’ai lu dans un livre écrit par Pasternak un Israélien qui a séjourné à l’ICRISAT, certains agronomes le connaissent. J’ai vu dans son livre les « ailles », dans la région de Maradi, ils l’ont fait, c’est une technique de retenu d’eau au pied par exemple du mil. On fait un petit cercle, l’eau stagne et ça filtre au niveau du pied, ça alimente la plante. La première année, on les a accompagnés dans la région de Maradi, ils ont fait, ils ont eu une bonne production. La deuxième année, deux ans plus tard, quand j’étais revenu, ils ne font plus de les « ailles ». J’ai posé la question, pourquoi ? Ils disent, on a bien produit, on a fait mais, le mil est devenu moins cher, donc on perdait beaucoup. C’est pourquoi on n’a pas voulu faire pour produire inutilement. C’est une école. Donc, vraiment, il ne faut pas négliger nos paysans, ils ont véritablement une science, ils ont toute une philosophie et des pratiques. Ce qu’on a appris à l’école, mélangeons avec ce que nos producteurs font pour véritablement avoir. Questionnons-les. Je pense que c’est ça qu’il faut faire à l’avenir ; avec nos cadres de formation ils doivent avoir cette formation pratique pour pouvoir véritablement améliorer les choses. Mieux, je ne sais pas si vous vous rappelez il y a quelques années, une dizaine d’années ou moins même, il y a eu beaucoup d’importations de tracteurs la CAIMA ? Est-ce que vous avez l’habitude de tourner, vous allez voir que des cadavres. Vous savez pourquoi ? Parce qu’on n’a pas consulté ceux pour qui on a commandé. On n’a pas adapté, ce n’est pas adapté. D’abord c’est cher, les pièces de rechange. Mais, un paysan qui a un hectare, s’il doit louer un tracteur à 500.000, le revenu net d’un hectare ne peut pas dépasser 300.000F. Allons y voir nos producteurs, nos parents, nos paysans pour discuter avec eux, allons pas à pas pour adapter.
M. le ministre, pouvez-vous nous dire les mécanismes que vous avez mis en place afin de minimiser l’impact environnemental sur les productions dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, avez-vous pensé à concilier la production agricole avec le développement urbain et l’environnement ?
Si nous regardons dans la période 1950-1967ou 68, l’isohyète 400 mm se trouvait à Diffa, Nord Gouré, Sud Tanout, Sud Aderbisanat, Tahoua. Si vous regardez encore l’isohyète 400 à partir des années 1990, sur la carte il faut revérifier, vous allez voir. Vous allez voir que l’isohyète se trouve Est Magaria, Zinder, Tessaoua, Konni, Sud Tillabéri. A peu prêt en 20 ans, l’isohyète 400 s’est déplacé de 150 à 200 mm au Sud. Dans les années 60, nous avons à peu près pendant 4 mois de saison de pluie. A partir de 90 nous avons deux à deux mois et demi de pluies. C’est ça les inondations. En peu de temps vous avez beaucoup de pluies. Donc, ça veut dire quoi ? Les zones cultivables sous pluies se sont séchées ; elles s’amenuisent. C’est l’impact environnemental, les changements climatiques. Qu’est-ce qu’il faut faire ? le ministre en charge de l’environnement, vous a beaucoup expliqué sur tous ce qui est récupération des terres, qu’on est en train de faire sur les glacis et tout ce qui s’en suit. Véritablement, il faut être en lien avec ce ministère de l’environnement et les projets et programmes sont en train de récupérer ces terres pour soit reverser dans la production agricole, soit en se lançant dans la foresterie, dans la récupération des terres que nous sommes en train de faire. C’est l’action qu’il faut mener pour pouvoir véritablement récupérer cette terre. Au Niger, nous avons dans le domaine agricole des terres pauvres, très pauvre. Des terres pauvres et dégradées, il faut les récupérer et les reverser. Il ne faut pas les laisser. Le ministère en charge de l’environnement fait beaucoup d’actions dans ce domaine.
M. le ministre, le Niger est par excellence un pays d’élevage vous l’avez assez souligné, malheureusement très souvent dans nos politiques publiques, le développement du secteur agricole, au lieu de se faire simultanément avec l’élevage a été plutôt envisagé sans prendre en compte ce dernier secteur, dans la même lancé, j’ai envie de vous poser donc, cette question de savoir quelles sont les mesures que vous envisagez pour un développement simultané et harmonieux de l’agriculture et de l’élevage au Niger?
Oui. Souvent on a tendance à privilégier la production végétale. Parce que c’est juste direct aux humains. Je vous ai dit encore une fois, les humains n’attendent pas. On a tendance à mettre l’animal un peu derrière. Peut-être c’est ça votre constat, mais ce n’est pas vrai, ce n’est pas du vrai. Toutes les politiques qui ont été menées, ont consistées à la fois le développement végétal et animal. N’oubliez pas le projet Niger Centre Est, le grand projet qui a concerné le domaine de l’élevage. Aujourd’hui, dans le cadre de PACIPA par exemple, nous, nous sommes en train de faire les aménagements je vous ai dit 40.000 hectares, sur les 40.000 hectares, 85 % seront destinés à la production végétale alimentaire et les 15 % vont être destinés à la production fourragère, soutenir l’alimentation des animaux, autant que nous ne pouvons pas produire les céréales, autant le pâturage, s’amenuise. Donc, il faut forcément irriguer pour produire du fourrage pour les animaux. L’alimentation des animaux est une condition importante. Donc, il faut aussi pour concilier, c’est là où la complémentarité intervient. Vous vous rappelez à notre enfance, il y a un contrat entre un agriculteur et un éleveur, on a amené les animaux dans les champs, puisque la jachère n’est plus possible. Il y a un contrat, donc le résidu de culture, les animaux broutent, il y a le fumier pour fertiliser les champs. Mais depuis, les animaux n’ont plus droit à ce résidu. On coupe immédiatement et on vend. La complémentarité entre agriculteur et éleveur a disparu. C’est un peu cela, maintenant, il faut produire à partir de fourrages, on a de luzerne, on a des variétés qui sont adaptées à notre environnement. On va propulser, mais aussi on ne néglige pas l’élevage. Je vous ai parlé tantôt de création des industries laitières, des abattoirs. Nous sommes par exemple, en pourparlers avec des privés qui s’intéressent à faire l’abattoirs à Maradi. Nous sommes en train de voir comment aussi faire un abattoir spécialisé en viande caméline dans la région de Zinder sur le programme qu’on a, dans le cadre de PACIPA ; je pense que nous allons avancer. Aussi, nous avons actuellement des missions sur le terrain dans le cadre du projet PADILAV, ça veut dire que pour la production filière lait et viande. Très bientôt, les études sont en train d’être conduites, nous allons lancer ce projet qui va prendre en charge cette question de filière développement, l’aspect industrie développement de filière animal.
Dans le département dont j’ai la charge, nous avons deux centres : l’IPDR de Kollo. Vous savez ça date de quand ? Sa création date de 1933 et qui a pratiquement formé tous les cadres et qui étaient techniciens, techniciens supérieurs. Aujourd’hui Nous avons introduit en 2024 le niveau supérieur pour que nous puissions véritablement former des techniciens supérieurs, la licence pour que nous ayons des cadres. Ensuite nous avons le centre de surveillance de Maradi, l’école d’élevage de Maradi qui a disparu. A l’époque, l’école formait les cadres de l’élevage qui sortaient avec un diplôme de niveau moyen. Après une année de formation, ils sont accompagnés parce qu’ils deviennent des relais communautaires, les plus proches. La même chose pour les écoles privées qui sont là un peu partout qui commencent à s’intéresser au développement rural et aux questions de développement agricole et animale. Maintenant, c’est l’adaptabilité, c’est cela le fond de votre question ? Est-ce qu’on ne va pas former des cadres, des commis qui sont là dans les bureaux ? Ça c’est le curricula. Nous sommes en train de voir avec la faculté d’agronomie pour avoir un curricula qui permettrait d’avoir des agents sur le terrain. Lors de la formation déjà, ailleurs j’ai vu que dès que vous commencez le Master, on vous donne un sujet pratique, c’est aller dans un champ, vous allez développer tout ce que vous avez appris. Encore la question foncière est telle que les gens ne s’intéressent pas à ces questions parce qu’ils n’ont pas eux-mêmes de terrain. C’est-à-dire nous n’avons pas des grands producteurs qui emploient ces techniciens. Les techniciens sont là. Il faut quelqu’un qui les emploie. Je pense qu’il faut revoir ces questions. L’école IPDR forme beaucoup des cadres. Je crois qu’en 2024, nous avons formé pratiquement un peu moins de 400 qui sont sortis cadres techniciens supérieurs qui sont redéployés sur le terrain qui accompagnent un peu nos producteurs à l’encadrement. C’est la question d’appui conseil-encadrement des producteurs qui est fondamentale et c’est cette question qui n’est pas bien prise en charge le plus souvent. Nous allons tentez de voir comment la circonscrire afin de pouvoir prendre en charge cette question.
Pour finir monsieur le ministre, nous sommes désormais dans une confédération de l’AES, avez-vous envisagez avec vos confrères du Mali et du Burkina une politique agricole et d’élevage commune ? Sinon quelles sont les actions que vous avez en communs dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage ?
Merci, c’est une question très importante. Nous avons pensé d’abord à mener des réflexions sur un développement agricole. J’ai mis en place il y a presque sept (7) mois un comité qui a travaillé sur la politique de la refondation de la politique agricole pour produire un document. Ils ont travaillé sur neuf (9) thématiques qu’ils nous ont proposées et qu’on va soumettre au gouvernement pour que tous les acteurs puissent se retrouver pour réfléchir sur quelle agriculture il faut dans notre espace. J’étais au contact avec mes collègues du Mali et du Burkina. Nous sommes en train de sortir de l’Union africaine, post Malabo et nous sommes sortis de la CEDEAO. Donc, il faudra véritablement réfléchir pour avoir une politique agricole commune. Puisque à l’époque dans la CEDEAO, nous sommes en train d’aller vers une politique agricole commune. Maintenant, nous, nous allons sur le terrain commun de confédération. Ce sont les populations rurales, qui ont les mêmes réalités, les mêmes conditions climatiques à peu près. Nous avons élaboré une stratégie à court terme où nos techniciens vont se retrouver et réfléchir sur la politique post Malabo à l’horizon 2020-2063 de l’Union africaine également pour que nous puissions être présents. La confédération puisse avoir sa propre politique et sur le chantier.
Monsieur le ministre quel sera votre mot de la fin et cela, je précise que cela fait votre deuxième passage si je ne me trompe pas à la tête de ce Ministère, alors quel est la différence entre le ministre d’avant et le ministre d’aujourd’hui ?
Effectivement j’avais eu l’opportunité de gérer le Ministère de l’Elevage de 2011 à 2016. Je ne jugerais pas mes résultats. Allez y demander vous allez voir. Vous savez, on a tellement de potentialités. Dans mes lectures j’ai vu qu’on a une ressource qu’on appelle zéolithe. Alacime ça s’appelle. Ce zéolite alacime, c’est un fertilisant. Seul Dieu sait ce qu’on a comme tonnage dans la région d’Agadez. Même si c’est le Ténéré que vous prenez, vous mettez zéolithe, vous pouvez produire. Il y a eu des recherches qui ont été réalisées par un chercheur français dans les années 1950.
En perspective pour revenir à votre question, à mon avis, il faut régler la question foncière. J’ai dit que nous avons de grands espaces, mais nous ne pouvons pas produire. Il y a une réforme foncière véritable, une vraie révolution à mener. A ce titre j’avais mis un comité composé de plusieurs acteurs qui a travaillé pour harmoniser tous les textes depuis la création du code rural. Cette question, c’est un chantier important. Deuxièmement, c’est la mécanisation de l’agriculture, il faut mécaniser. C’est ce chantier que j’ai donné au Directeur général de la CAIMA pour nous proposer comment on va mécaniser notre agriculture et sortir du cercle vicieux de la dépendance. Deuxième élément, c’est le financement de l’agriculture. Je vous disais tantôt que nous n’étions pas souverains, pas parce que nous ne pouvons pas dire sur nos choix stratégiques. Aujourd’hui nous avons décidé d’être souverains. Il faut qu’il ait des ressources pérennes, nationales, pour financer l’agriculture.
Les économistes trouveront la solution. Il est temps que tous les nigériens mettent leur ingéniosité pour trouver des solutions. Troisième point à mon avis, c’est la recherche, il faut que la recherche agronomique puisse être faite à l’INRAN pour nous proposer des semences adaptées et avec des rendements forts.
Quel est l’état aujourd’hui de l’INRAN puisque vous parlez beaucoup de cet institut ?
Je pense qu’on ne peut avoir de développement sans la recherche. Est-ce qu’on peut pensez un domaine agricole sans l’INRAN ? C’est un pilier important pour nous. À ce titre je suis le vice-président du Conseil National de la Recherche Agronomique du Niger. Le Premier ministre étant président du Conseil National de la Recherche Agronomique du Niger. Ils ont proposé un programme autour de 80 milliards, ça été adopté. Je pense qu’ils vont mettre en œuvre pour véritablement redémarrer la recherche soit adoptée. Un autre point je pense après la mécanisation, je vous ai parlé des semences, il faut faire la recherche. Aujourd’hui j’ai au niveau du Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage un peu moins de 2500 cadres, y compris les auxiliaires. Entre 2025 et 2029, 35% partiront à la retraite. Vous avez posé tout l’heure le problème d’encadrement. C’est un chantier qu’il faut regarder. Au moment opportun, je proposerais au gouvernement et au Chef de l’État des mesures, bien qu’on soit dans un contexte difficile. C’est important, il s’agit de la survie du pays. Un autre point qui est important, c’est qu’en termes de perspective avenir qu’il faut regarder toujours dans le domaine agricole. C’est nos projets et programmes. Il faudra que ces projets et programmes qui sont là qui s’orientent vers la nouvelle vision. Nous avons dans le pipeline beaucoup de projets avec la BAD, avec la BAOD qui sont très avancés et qui démarreront In sha Allah 2025 notamment et qui vont nous permettre de faire beaucoup d’actions.
Pour finir, merci à vous vraiment. Je dois saluer la résilience du peuple nigérien. Vous savez si nous regardons au lendemain du 26 juillet, si nous regardons les agrégats macro-économiques du Niger avec le contexte tels que je vous ai décrit on ne peut être aujourd’hui là où nous sommes. Il y a peut-être trois éléments qui ont concouru à ce que nous soyons là. C’est la résilience du peuple nigérien qui a compris le message. Deuxième élément, c’est la gouvernance. Et le troisième Allah, c’est Allah ensuite nos prières. Cela doit continuer à aller dans ce sens et nous gouvernants, on doit être droit, pour que nous soyons en harmonie avec les populations et cela va nous permettre de réussir.
Script : ONEP