Le Basket-ball autrefois considéré comme une des disciplines sportives dans laquelle le Niger s’affirmait, semble perdre de sa vitalité depuis quelques années au grand désespoir des acteurs de cette discipline. Malgré un passé plus ou moins glorieux, avec des ressources humaines, du potentiel et des générations qui ont œuvré pour sa promotion au Niger, la balle au panier connaît aujourd’hui un déclin préoccupant caractérisé par un manque de compétition, la disparition progressive des clubs, etc. Les quelques rares clubs qui existent encore regorgent de talents naturels, mais beaucoup de ces jeunes espoirs ne parviennent pas à franchir les étapes nécessaires pour atteindre le haut niveau.
Actuellement la ligue de Niamey est la seule structure opérationnelle de la Fédération Nigérienne de Basket-ball (FENIBASKET). Dans ce contexte de léthargie prolongée et persistante du basket, la ligue de Niamey a pu initier une compétition dénommée ‘’Coupe de la ligue’’ en vue de rehausser le niveau et les capacités des basketteurs et maintenir à flot une discipline sportive agonisante. Des clubs de Niamey en dame et homme s’affrontent du 13 juin au 7 octobre 2024.
La ‘‘Dream Team’’ est l’une des équipes en dame engagées dans cette compétition. Cette équipe exclusivement composée des jeunes demoiselles est fondée sur le rêve et l’ambition d’assurer la relève du Basket-ball au Niger. Malheureusement, les joueuses évoluant dans la catégorie senior voient leur rêve s’estomper de jour en jour car, il n’existe pas suffisamment de compétitions pour s’exprimer véritablement. « Nous sommes une jeune équipe que nous avons créée avec les moyens de bord. Nous avons la meilleure équipe avec des jeunes talents », confie M. Nassirou Seydou, le coach de la Dreams Team qui déplore la situation actuelle du Basket-ball au Niger.
Pour Aminou Doulla, le président de la ligue régionale de Basket-ball, région de Niamey, cette discipline va très mal au Niger. Selon lui, si on n’y prend garde le basket-ball risquerait de sombrer à jamais. Heureusement, la ligue de Niamey considérée comme « la ligue phare » du pays tente de sauver la fédération. Sans la ligue de Niamey, estime-t-il, on ne parle pas de basket au Niger. Les compétitions de basket-ball se passent uniquement à Niamey. A l’intérieur du pays, cette discipline est pratiquement au poids mort. Il rapporte qu’il existe des régions où il n’y a même pas d’équipe de basket. Une situation qu’il trouve lamentable. « Nous sommes très satisfaits de l’organisation de cette coupe, parce que depuis notre élection à la tête de la ligue régionale il y a un an, c’est l’une des activités importantes que nous organisons. Ce sont les problèmes liés à la fédération qui nous ont vraiment bloqués. Comme d’habitude, la ligue de Niamey a toujours su relever des défis. C’est dans ce sens qu’on a initié d’abord une coupe d’animation en collaboration avec les clubs de la région de Niamey. Après cette coupe, nous avons aussitôt entamé la Coupe de la ligue qui se déroule présentement. C’est une façon donc de rehausser le niveau de jeu et des joueurs. Quand une coupe se termine, aussitôt une autre reprend, ça fera en sorte que les joueurs aient autant de compétitions. Ce qui leur permettra d’être en jambe parfaitement pour pouvoir affronter n’importe quelle compétition sous régionale », explique M. Aminou Doulla, président de la ligue régionale de basketball région de Niamey.
Pour répondre aux besoins des acteurs, conformément à son cahier de charges, la ligue de Niamey mise sur des projets et des initiatives. En effet, elle envisage de monter une équipe régionale compétitive qui va être en mesure d’affronter des clubs de la sous-région.
Selon les acteurs du Basket-Ball, les difficultés de la fédération ont impacté les activités à plusieurs niveaux. Le Niger a suffisamment d’athlètes mais la gestion du secteur entrave leur carrière. « Le grand problème repose sur la tutelle, je veux dire le ministère en charge des Sports. Notre ministère a la plus grande part de responsabilité dans le fait que le sport en général va mal au Niger. Pour le cas particulier du basket, il y a le manque crucial de soutien. Je suis très clair là-dessus, le ministère en charge des sports ne soutient pas certaines disciplines sportives. Ensuite, je reviens accuser notre propre fédération qui brille par son incapacité à rehausser et animer le Basket-ball. La saison passée n’a pas été clôturée par la fédération et la nouvelle saison qui devrait commencer n’a pas aussi été ouverte. Nous nous sommes donc retrouvés dans une impasse. Nous ne savons même pas dans quel cadre ou dans quelle saison inscrire nos activités. C’est ce qui nous a mis un peu en retard pour pouvoir commencer cette coupe. Et Dieu merci, par la suite, le ministère a pu réagir en mettant en place un comité de gestion qui va s’occuper du basket. Nous profitons de cette occasion pour relancer nos activités. Il y a aussi le manque crucial de sponsors. Nous avons eu du mal à débuter nos compétitions », précise Aminou Doulla. Aussi, invite-t-il la commission de gestion à un travail positif notamment le toilettage des textes, l’organisation des élections propres, transparentes et dans le temps imparti, des acteurs compétents, capables de diriger cette fédération.
M.Aboubacar Issa Yamoussa, encadreur pédagogique en éducation physique et sportive, secrétaire général de la ligue régionale de Basket-ball de Tahoua témoigne qu’également la discipline est en léthargie dans leur région depuis plusieurs années. Pourtant sa région, à l’instar des autres localités du Niger, regorge de potentialités pas des moindres dans cette discipline. Il estime que cette situation qui caractérise le basket-ball tire son origine dans le dysfonctionnement des certains maillons du secteur. « C’est tout à fait normal qu’une fédération qui n’a pas organisé de compétions de manière officielle, pas de championnats nationaux, tombe dans une léthargie », regrette M. Aboubacar Issa Yamoussa. Ainsi, il invite les encadreurs à redoubler d’effort pour promouvoir la discipline et bien préparer les athlètes aux différentes échéances. « Nous avons tendance à croire qu’au Niger le sport ne nourrit pas son homme. Les jeunes doivent travailler car, aujourd’hui la pratique du sport est devenue un métier », rassure-t-il.
La FENIBASKET suspendue : un Comité de Gestion mis en place
Suite à la léthargie constatée, et conscient de la situation réelle du basket-ball, le ministère de la Jeunesse, de la Culture, des Arts et des Sports, sur proposition de la Direction Générale des Sports, et en application de l’article 12 de l’arrêté No 53/MJS/C/SG//DGS/DSHN/DEPS/ MS du 25 avril 2012, a décidé de retirer la délégation de pouvoirs au Bureau Exécutif de la Fédération Nigérienne de Basket-ball (FENIBASKET) présidé par Mahamane Laouali Bourma dit Picasso le jeudi du 27 juin 2024. Suite à ce retrait de la délégation de pouvoirs, le ministère a mis en place un comité national de gestion provisoire pour conduire les activités de cette discipline jusqu’à la mise en place d’un nouveau bureau exécutif national de la FENIBASKET. Cependant, les ligues, districts et clubs des régions sont maintenus. Ils exerceront leurs attributions mais sous la supervision des directions régionales en charge des sports.
En juillet dernier, le comité de gestion des activités du basket-ball a été mis en place avec un cahier de charges bien défini par le ministère de tutelle. Il s’agit de faire une relecture de tous les textes généraux de la FENIBASKET, le règlement officiel des compétitions, la mise en place de tous les organes de base, l’organisation de l’élection du bureau fédéral, etc.
Pour Ousmane Seydou, le secrétaire général du comité mis en place par le ministère en charge des Sports, les principales raisons de ce déclin du basket-ball nigérien sont multiples à commencer par la non tenue des assises et l’inexistence des compétitions, etc. Selon lui, le basket-ball, autrefois populaire, a également souffert d’un problème de leadership favorisant ainsi le dysfonctionnement du bureau fédéral. En effet, les nouvelles générations semblent moins attirées par cette discipline. Pourtant au même titre que les autres disciplines, le basket était l’une des spécialités sportives les plus pratiquées au Niger. « Il n’y a pas si longtemps, le Niger était présent dans toutes les compétitions, régionales et internationales. L’AS Niger par exemple a participé à deux reprises au Africa Basket Ligue (BAL). En basket, les pays sont regroupés en zone et le Niger a toujours joué les premiers rôles dans sa zone. Mais faute de compétions nationales, à cause de la léthargie et du dysfonctionnement du bureau fédéral, tout s’est arrêté. Aujourd’hui on ne parle plus de compétition, nous avons tout perdu. Or, une discipline sportive doit être pratiquée par l’ensemble des amateurs qui s’érigent vers le professionnalisme. En dehors des clubs de Niamey qui s’organisent tout s’est arrêté », regrette-t-il.
Une journée de réflexions pour la relace définitive du Basket
Pour inverser cette tendance et relancer définitivement le basket, le comité chargé de gérer le basket-ball souhaite repenser sa stratégie en créant un cadre de réflexion pour faire les états généraux sur la problématique du basket-ball au Niger. « Pour briser ce signe indien qui veut que tous les 5 ans le ministère retire la délégation à la fédération, cette fois ci, nous allons organiser une journée nationale de réflexion où nous allons faire venir tous les acteurs, notamment les athlètes, les dirigeants, les personnes ressources, etc. pour une relance définitive du basket-ball. Nous avons compris que ce n’est pas seulement une question de texte, c’est beaucoup plus une question de personne. Il faut trouver un mécanisme pour mettre fin à ces pratiques. Il ne faudrait pas qu’on ait un bureau élu qui, au lieu de faire la promotion de la discipline, contribue même à éloigner les acteurs. Si vous avez remarqué dans cette léthargie, ce qui est grave, c’est que tous ceux qui ont contribué à faire le basket, les joueurs, les sponsors, etc. ont tous quitté le milieu du basket. Plus personne ne s’intéresse au basket. Nous ambitionnons de corriger tous ces problèmes et trouver les mécanismes pérennes au profit de la jeune génération », déclare Ousmane Seydou, avant de dévoiler des projets de valorisation des athlètes, des campagnes de sensibilisation pour raviver l’intérêt du public et attirer les jeunes vers le basket.
Le déclin du basket ball dans un pays pourtant riche en ressources humaines est un signal d’alarme. Pour éviter de voir cette discipline s’éteindre, le comité de gestion doit se donner les moyens afin d’exécuter son cahier des charges à travers des actions concrètes et concertées. Le potentiel est là, il ne reste qu’à lui donner les moyens de s’exprimer pleinement, car le Niger a été un pays de grands athlètes, basketteurs à l’image de l’actuel Premier Ministre, ministre de l’économie et des Finance, SE. Ali Mahamane Lamine Zeine, appelé affectueusement Maitre ou Baban Yara par les fans, Mahamadou Dambo, Fati Barkiré, Aissa Jordan, Hantou Goukoy, Pako, Yatakala, Bachir Sadou, Abdou Labo, etc.
Abdoul-Aziz Ibrahim (ONEP)
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Leyla Mounkaila Chipkaou, une basketteuse pleine d’avenir
Dans le monde du sport particulièrement en basket-ball, rares sont les talents qui émergent avec autant de grâce et de détermination que Leyla Mounkaila Chipkaou. A seulement 23 ans, cette jeune athlète est en train de se frayer un chemin dans le Basket-ball, alliant passion, travail acharné et une forte volonté pour attendre le plus haut sommet.
Originaire de Niamey, Leyla Mounkaila Chipkaou a découvert sa passion pour le basket-ball dès son jeune âge. « Depuis mon enfance j’aime le sport, surtout le basket-ball. Je regarde des matchs de basket à la télé avec mon frère qui joue au basket. C’est ce qui m’a donné envie de commencer à jouer au basket. J’ai commencé à jouer au basket en 2015 dans le centre de basket du stade municipal avant de jouer dans de nombreux clubs tel que (Saham assurance, Magic, Girls, team Momo, et mon club actuellement Dreams team », confie-t-elle. « Je me prépare techniquement en travaillant dure pour atteindre mes objectifs. Mentalement, j’acqruiers toujours des nouvelles expériences pour progresser et atteindre mes objectifs », dit-elle.
Malgré son ascension, Leyla ne compte pas seulement de briller dans le sport. Elle est également une étudiante brillante alliant ainsi ses études et ses entraînements réguliers et constants. Actuellement étudiante en licence 2 en gestion des ressources humaines (GRH), elle a eu à participer à des compétitions internationales pour représenter le Niger. En 2019, elle a participé à un tournoi international en Côte d’Ivoire où le Niger s’est classé deuxième parmi 8 pays africains. La même année, elle a également participé à la 12ème édition des Jeux africains à Rabat au Maroc. « J’arrive à concilier le basket et les études parce que je planifie tout. Il y a les moments des études et les moments de faire le sport. Il suffit de s’organiser. Je m’entraîne 4 fois par semaine. La partie d’entraînement que j’aime surtout est celle des dribble et les cross over. La partie la plus difficile de l’entraînement est la partie des suicides. Avant un match important, j’essaie de ne pas trop me stresser mais de réfléchir sur comment je vais gérer le match sur le terrain », explique-t-elle.
En dehors du sport, Leyla se détend en regardant la télé et les sorties avec les amies. Sa famille joue un rôle important dans son parcours sportif surtout sa maman et son frère qui la motivent au quotidien. Elle entretient des très bonnes relations avec ses coéquipières et les coachs qui ont eu un impact significatif pour sa progression tel que coach Nassirou, coach Abba, coach Ponpidou, le défunt coach Momo, coach Abdoul Aziz dit Faya. « L’encadrement dans mon club actuel est excellent car, il est toujours caractérisé par la rigueur et l’intensité », dit-t-elle.
En vraie meneuse, très calme sur le terrain avec une excellente condition physique, Leyla impressionne par sa techniques impeccable, la conduite de son équipe, le contrôle du ballon et sa capacité à marquer des points. « Leyla est l’une des meilleures joueuses. Elle est l’avenir de cette discipline. Depuis qu’elle a commencé elle ne fait que progresser », témoigne le coach du club Dreams Team, M. Nassirou Seydou ancien basketteur international.
Pour faire une carrière exceptionnelle, Leyla s’inspire de ses idoles comme Iverson, Stéphane Curry et la française Aja William tout en gardant ses objectifs à court terme et à long terme en tête : être une icône leader nationale et internationale dans le monde des sports. « Dans les prochaines années j’aimerais me voir au sommet dans le basket-ball et être un exemple pour la génération à venir. Le succès dans ce sport représente pour moi l’atteinte de mes objectifs fixés. Si j’ai un conseil à donner à une jeune fille qui veut se lancer dans le basket-ball, je dois dire que ce n’est pas facile de s’adapter dans ce milieu-là, mais c’est une question de volonté et surtout de travail acharné. D’ici 5 ans j’aimerais me voir loin, je dirai en WNBA. Aussi, j’ai des projets et des rêves que je souhaite réaliser en dehors du basket : c’est d’entreprendre » confie la jeune basketteuse.
Abdoul-Aziz Ibrahim (ONEP)