Depuis qu’il a mis pied dans le monde du slam, beaucoup de choses se sont dites sur Abdoulaye Saidou, connu sous le sobriquet d’Althesse. La première chose qu’on remarque chez le slameur est son sourire et sa bienveillance. Il met toute son énergie dans son art pour attirer et émerveiller ses fans. C’est ainsi que l’artiste trouve toutes les valeurs sociétales qui l’animent : amour, trahison, humour, rire, passion… Âgé de 33 ans, marié et père d’un enfant, Althesse a su se démarquer dans le monde du slam à travers son amour pour l’art et les encouragements de ses proches.
Né dans un village de la commune rurale de Gouroual, Abdoulaye Saidou est passé par Téra et Tillabéry, avant de poursuivre ses études supérieures à l’université de Niamey où il a commencé par la scène de la place AB, pour des petites prestations entre camarades. À l’issue de ces scènes du donner et du recevoir, Althesse a contracté le virus du slam qui est devenu aujourd’hui son atout et son quotidien.
« J’étais venu à l’université en 2012 pour faire mes études et dans les années 2013 et 2014 à travers une émission ‘‘exprime toi’’, j’intervenais pour prendre la parole et parler ainsi sur plusieurs thématiques. C’est ainsi qu’à travers mes prestations sur le thème de l’amour, j’ai été surnommé ‘’Althesse le roi de l’amour’’ », a-t-il raconté.
Althesse est un homme grand de taille, peau noire avec des yeux noirs sur blanc et un sourire qui décline ses dents blanches. Par l’art, il touche à la problématique du vivre-ensemble, en particulier le cousinage d’où son premier album intitulé ‘’ Campagnard’’. « Quand j’ai commencé à faire du slam, je refais l’écriture en mettant un H, pour dire un althesse plus artistique. En 2017, j’avais déjà mon premier album intitulé ‘’Campagnard’’ », a souligné le slameur.
L’originalité est un atout pour le jeune artiste, qui a aujourd’hui à son actif deux albums qui séduisent de jour en jour les fans. Pour se démarquer dans le secteur de l’art, Althesse s’est fait un style qui le distingue au loin ; il s’agit de ses lunettes conçues avec des tiges de mil qui, selon lui, ne coûtent pas un rond et permettent en même temps de faire la promotion de sa culture.
« Avant de faire mon premier clip intitulé cousinage, je m’étais dit qu’il me fallait quelque chose pour me démarquer. Alors je m’étais dit que je n’avais pas besoin de porter quelque chose qui vient de l’extérieur et je suis retourné vers ce que je trouve original et avec lequel je jouais au village. J’ai pensé aux lunettes qui étaient des choses qu’on fabriquait facilement avec des tiges de mil parce qu’on n’avait pas les moyens de s’acheter des lunettes chères à hauteur de 500 voire 600 FCFA. Je me suis dit pourquoi ne pas faire de ça une marque de reconnaissance », raconte-t-il.
Althesse est un homme sociable, courtois, attentif, ce qui fait que ses œuvres reflètent toujours la réalité du vécu de son peuple. Il met son talent au service du bien en dénonçant ou en faisant la promotion de telle ou telle chose et pour combattre les mauvaises choses qui peuvent nuire à la coutume et à la tradition des Nigériens. « Ce que je crée, et exprime à travers mon slam vient toujours du quotidien des gens, de ce qu’ils vivent. Je tire toujours mon inspiration de mon entourage, je ne cherche pas loin », a-t-il rajouté.
Le travail bien fait finit toujours par payer. Ce qu’illustre Althesse avec son art car, il est l’un des tous premiers artistes nigériens à monter sur le podium du parlement du rire, le rêve de tous les comédiens et slameurs. Une fierté nationale pour le pays. La participation au parlement du rire, a-t-il mentionné, lui a permis de renforcer son expérience professionnelle. « Ça m’a permis de voir les coulisses d’une grande production, j’ai mis dans le slam mon côté humoristique. Au parlement du rire, je me suis senti parmi les gens que je considère déjà comme une famille. C’était frissonnant, j’ai connu un public très accueillant, j’ai vu aussi un monde de l’humour très solidaire et j’ai honoré le pays aussi », a-t-il dit fièrement.
Depuis quelque temps, le slameur s’est lancé dans une émission poème intitulé, 360, qui est une opportunité pour lui de mettre en lumière chaque jour un thème, sur le vécu des Nigériens. « Les gens ont tendance à dire que l’artiste ne vit pas de son art, il faut le dire en fonction du climat nigérien, je vis vraiment de mon art. Le Nigérien lambda n’est pas si aisé. Dans une société ou les gens sont en difficulté, toi, ton art arrive à te nourrir, je rends grâce car, le slam nourrit son homme. Il a payé mes études, il me permet de tenir une famille, d’avoir des projets. Ma plus grande difficulté, aujourd’hui, est de réaliser mon spectacle. Je veux réaliser un spectacle professionnel qui demande beaucoup de moyens et d’investissement. Ce n’est pas un concert, mais un spectacle et il faut beaucoup de choses », a mentionné le slameur.
Althesse est aimable tant sur le plan social que professionnel comme l’indique Abdoulaye, son petit frère qui vit actuellement sous la coupe du slameur. « Althesse, si je peux le dire, est un grand frère idéal qui s’occupe bien de sa famille, malgré son emploi de temps chargé. Je suis son petit de frère de sang, il fait de son mieux pour me donner un avenir meilleur en m’encourageant toujours à poursuivre mes études avec attention », témoigne-t-il.
« Altesse est quelqu’un de réglo, strict, qui sait ce qu’il veut, c’est vrai il est parfois casse pied mais, c’est un gars génial qui met du sérieux dans ce qu’il veut », a confié un de ses collaborateurs.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)