3ème édition du Marché du livre par-ci ; 4ème concours « Talents littéraires » par-là ; parution d’un livre ailleurs : la littérature regagne peu à peu ses lettres de noblesse au Niger. Fort bien !
Mais, à l’évidence, la qualité fait défaut. Peu d’auteurs possèdent la langue française ; qui pis est, les maisons d’édition ou prétendues telles semblent manquer de « comités de lecture » à même de corriger les manuscrits, de bien les mettre en forme et/ou d’assurer la distribution des œuvres.
Les Abdoulaye Mamani et Boubou Hama, par exemple, n’avaient pas connu ces écueils. La faute à « pas de chance » ? Non ! Le mal pour nos jeunes auteurs vient de … la baisse du niveau scolaire.
Des preuves ? J’avais reçu, entre 2000 et 2015, des livres…illisibles que j’ai dû jeter à la poubelle par charité chrétienne et pour ne pas insulter l’intelligence des vrais lecteurs auxquels je devais les présenter. En fait, il n’y a qu’à suivre les radios et télévisions publiques et privées ainsi que les journaux et les réseaux sociaux pour mesurer l’ampleur du désastre : le nouvel Administrateur délégué devient dans la bouche de beaucoup de journalistes « le nouveau Administrateur délégué » ; les titres, fonctions et qualités des personnalités ou intervenants sont mal rendus et leurs noms écrits avec un luxe de mauvais goût. Que dire des paroles de nos chanteurs et de nos slameurs ? Beaucoup ajoutent à la confusion quant à la lettre et au sens des mots !
Pourquoi ce parallèle entre la littérature, la musique et la presse ? C’est que, chaque jour, les fautes grammaticales s’étalent à la Une de nombreux journaux et s’entendent sur les ondes de plusieurs stations de radiodiffusion et antennes de télévision. A croire que, là aussi, il n’y a pas de « filtres » alors qu’il existe dans « l’ours » de tous ces organes des rédacteurs en chef, secrétaires de rédaction et autres responsables censés relire les articles avant leur publication ou leur diffusion.
Quand on connait la fréquence à laquelle nos petites sœurs et petits frères, nos enfants et petits-enfants sont exposés à ce déluge de fautes grammaticales et de fautes de mauvais goût, on ne peut que s’inquiéter de la qualité des œuvres proposées à notre lecture et donc à notre essor intellectuel.
Même sans compter la paresse intellectuelle ambiante, il y a fort à parier que notre actuelle production littéraire aura du mal à se mettre au diapason des œuvres qui comptent…dans le monde. Car enfin, l’écriture est exigence. D’autant que la langue du « maître » honni que nous venons de chasser de la terre de nos aïeux peut servir de levier pour porter notre combat en faveur de la patrie au-delà de nos frontières.
Défense de la langue française ? Que nenni ! Pensez donc au grand Aimé Césaire qui avait, non pas possédé, mais dompté la langue du colon pour rédiger son « Discours sur le colonialisme » et des œuvres dramaturgiques qui comptent parmi les œuvres majeures de la littérature mondiale.
Messieurs les auteurs, écrivez peu mais écrivez bien. Il en va de la bonne santé de notre littérature !
Par Sani Soulé Manzo