Riche de son histoire, le Sultanat de l’Aïr est un grand symbole de l’unité de toutes les confédérations touarègues. Incarnation de la paix et du vivre ensemble, le sultanat de l’Aïr constitue, de nos jours, une véritable inspiration pour la culture de la paix et de la solidarité pour les sociétés modernes. Ce Sultanat a un véritable ancrage dans les valeurs religieuses (l’islam) portées et prônées par l’Amenokal Wan Aïr (Sultan de l’Aïr). Ainsi ce bref historique est un synopsis de la très grande histoire du Sultanat de l’Aïr.
Les migrations Touaregs dans l’Aïr ont commencé au XIème siècle. Elles seraient en relation avec le passage des Beni Hilal et Beni Soleim en Tripolitaine autour de 1050, et avec les guerres qui ravagèrent l’Afrique du Nord dans les siècles suivants. Les premières confédérations à s’y installer sont les Sandals, les Kel Gress et les Kel Ewey, venant toutes d’Aoudjila, oasis du golf de syrte. Ensuite sont arrivées à des périodes diverses, les groupes des Kel Ferwan, les Kel Faday et les Kel Tamat. L’anarchie intérieure et les menaces extérieures incitèrent le peuple Touareg à chercher une solution durable au problème d’unité et d’identité. Les religieux très influents au sein des confédérations créées prirent le problème en main et proposèrent une solution alternative à celles jusqu’ici adoptées sans succès.
Compte tenu du comportement des confédérations qui n’acceptent pas la suprématie de l’une d’elles sur les autres, la solution trouvée est de chercher un chef à l’étranger. Ce chef doit descendre d’une monarchie qui est reconnue respectée par des nombreux peuples dans le monde. C’est ainsi qu’il fut décidé d’aller chercher un Sultan dans un pays lointain. Les confédérations qui furent à l’origine de la mise en place d’un sultan alternatif se donnèrent comme nom les Sandal qui sont : Itéseyens, Inoussoufa, Ilissawen, Kel Ewey, Kel Gress et Kel Fadey.
Une forte colonne de quatre cent guerriers affronte de multiples difficultés pour accomplir cette périlleuse mais combien noble mission. Une petite fraction de sept éléments parvint à rencontrer le souverain de la Sublime porte (empereur Turc) et l’informa des problèmes qui ruinent son peuple là-bas aux confins du Sahara. Sensible à tant de sollicitude, le monarque désigna l’un de ses fils Younous. Escorté d’une importante suite constituée de sa garde et de ses courtisans, le sultan étranger parvint dans l’Aïr où le peuple Touareg le reçut avec les honneurs dus à son rang. Des cérémonies furent ainsi organisées pour son intronisation et les délégations des différentes confédérations furent conviées à cet événement historique et solennel. Les grandes confédérations s’attribuent les tâches suivantes : les Ittessayen issus de Bachal, font porter le turban ; les Kel Gress issus de Kouwal apportent et étalent le lit sur lequel le Sultan est enturbanné ; les Illissewen, font porter le boubou ; les Kel Ewey issus de Tchougous assurent l’acceptation et la protection.
Ces quatre actes expliquent les quatre lances autour du lit d’intronisation du Sultan de l’Aïr. Le pacte «Sandal», c’est-à-dire le pacte qui tue celui ou ceux qui ne le respectent pas. Les termes du pacte sont : Il est le chef de toutes les confédérations de l’Aïr. Vous lui devez allégeance. Il est votre chef spirituel. Il est l’imam de vos imams. Vous devez assurer sa sécurité. Vous avez le devoir de le mettre à l’abri du besoin. Il règle vos litiges. Seuls les descendants doivent prétendre au siège du Sultan des Touareg de l’Aïr. Ses sages décisions doivent être exécutoires. Et que la malédiction soit sur ceux et celui qui n’exécutent pas ce pacte. Les termes du pacte sont solennels et explicites, ils déterminent le comportement que doivent adopter les confédérations envers le souverain de l’Aïr. Les autres doivent adhérer au pacte de façon volontaire comme simples adhérents ou se ranger sous la protection d’une confédération signataire du pacte.
Ali Maman
Source : M. Abdourahamane Elh Aboubacar TOURAOUA