Le chômage est l’un des défis les plus importants aussi bien pour les jeunes diplômés que pour l’Etat, et par ricochet pour la société toute entière. Au Niger, la majeure partie de la population est essentiellement jeune et est confrontée au manque d’emplois. En 2023, l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi (ANPE) a enregistré 51.847 demandeurs d’emploi (41.226 hommes et 10.621 femmes) contre 48.794, soit une hausse de 6 % par rapport à 2022. Cette hausse est constatée aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Ne disposant plus de repères temporels pour structurer son emploi du temps et le rythme de sa vie, le chômeur est très souvent confronté au désoeuvrement, à l’angoisse et au vide existentiel.
Cette évolution spectaculaire de la demande d’emploi nécessite des mesures d’accompagnement à l’endroit des demandeurs. Un fléau grandissant et aux multiples causes et conséquences car, aujourd’hui la plupart des jeunes veulent travailler dans des bureaux et les demandeurs d’emploi dépassent significativement le nombre d’entreprises existantes. En effet, par manque de prise de conscience, certains jeunes préfèrent vagabonder que de chercher un travail. Ainsi, parmi les conséquences de cette situation, on peut citer entre autres la délinquance juvénile, le vol, le banditisme, l’exode rural et l’insécurité.
Fort heureusement, conscients de l’incapacité de l’Etat à donner un emploi à tous les jeunes, certains d’entre eux ont décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat. C’est le cas de M. Amadou Kabirou, titulaire d’une License en Finance Banque qui a embrassé provisoirement le métier de chauffeur de taxi en attendant des lendemains meilleurs. « J’ai obtenu ma licence depuis 2018, malheureusement jusqu’à présent, je n’ai pas eu la chance de m’en servir. J’ai fait une seule fois un stage. J’ai déposé un peu partout des dossiers qui sont restés lettres mortes. Aujourd’hui, même avoir le stage est devenu difficile pour moi, donc j’ai décidé de prendre un taxi pour pouvoir joindre les deux bouts », a -t- il expliqué.
Les difficultés liées à l’emploi ne concernent pas que les hommes. Les femmes subissent aussi la dure réalité. C’est le cas de Mme Mohamed Amina, femme au foyer et titulaire d’un master en comptabilité. « J’ai soutenu mon master en 2016, après le service civique en 2021, je me suis retrouvée au chômage. C’est vraiment désespérant de passer des années à étudier pour au final se retrouver au chômage. Même si je dis à mes enfants que j’ai été à l’école, ils me demandent pourquoi je ne travaille pas. Ce qui fait que maintenant je suis une femme au foyer », déplore-t-elle.
Selon le bulletin statistique annuel 2023 de l’Agence Nigérienne pour la Promotion de l’Emploi (ANPE), 9.648 offres d’emplois sont parvenues à l’agence en 2023 contre 9.509 en 2022, soit une hausse de 1%. Sur les 9.648 offres d’emplois reçues, 9.395 sont satisfaites sur les marchés de l’emploi, ce qui donne un taux de satisfaction de 97 % en 2023. Le taux de placement des demandeurs d’emploi qui est le rapport entre les offres satisfaites et les demandeurs d’emploi est égale à 18 %. Autrement dit, sur une population de 100 demandeurs d’emplois inscrits, seulement 18 sont placés en entreprise en 2023. Les différents acteurs sur le marché du travail doivent redoubler d’efforts pour renforcer la création d’emplois.
L’Université Abdou Moumouni est l’un des plus grands centres de formation au Niger où sortent des milliers de diplômés qui, malheureusement, n’arrivent pas à s’insérer sur le marché du travail. Au sein de l’Université se trouve le centre incubateur qui est une structure d’accompagnement à la création et à la promotion de l’entrepreneuriat en milieu estudiantin. Selon M. Souleymane Abdoulaye, responsable de la communication marketing du centre incubateur, en 2023 l’incubateur de l’UAM a reçu 73 porteurs d’idées de création d’entreprise, malheureusement, dit-il, le centre ne peut accompagner que 12 promoteurs. Ainsi, parmi ces 12 promoteurs il y a seulement 7 qui ont émergé. « Le gouvernement doit investir dans des programmes de création d’emplois pour contribuer à stimuler la croissance économique et créer des opportunités d’emploi ; cela peut inclure des investissements dans les infrastructures, les programmes d’éducation et de formation, ainsi que le soutien aux petites entreprises », a conclu M. Souleymane Abdoulaye.
Mariama Souley (stagiaire)