Décrier certaines pratiques liées au phénomène de la mendicité dans une société comme la nôtre où l’islam et l’esprit de solidarité commandent l’humanisme et la générosité, est un exercice difficile. Pour la simple raison que des voix vont vite s’élever pour vous taxer d’être l’adepte d’une vision anti-sociale, égoïste, voire contraire aux valeurs de l’islam. Pourtant, en matière de mendicité, il existe des pratiques tordues qui font recettes à Niamey, et qui méritent d’être bien décriées, voire interdites. Ce ne sont pas les exemples par trop illustratifs de cet état de fait qui font défaut.
Vous avez certainement eu à faire, au moins une fois, à ce mendiant, un gaillard bien en forme et sans le moindre signe de handicap, officiant aux environs de la Place du Petit Marché. Celui-là ne manque pas de toupet dans la manière d’aborder les passants. J’en ai fait moi-même l’amère expérience ! En effet, un jour où je me suis arrêté à la Station-service sise en face du Score, j’eus la malchance de trouver sur mon chemin cet homme bien portant, la cinquantaine bien sonnée, et qui aspire envers et contre tout à faire une carrière bien remplie et très alléchante dans la mendicité. S’affichant gaillardement devant moi, il me tendit la main en lançant : ‘’saddaka !’’.
L’approche était tellement inélégante qu’à un certain moment, j’ai cru qu’il s’agissait d’une agression. En fait, nous n’en étions pas très loin. ‘’Irkoye ma dongonandi’’, lui ai-je répondu, comme pour lui dire gentiment que je n’ai rien à lui offrir. Visiblement irrité par cette réponse, notre mendiant d’un autre genre adopta un air farouche en m’assénant une de ces cinglantes remontrances : « donc vous, les gens de Niamey là, vous ne connaissez que le pouvoir de l’argent, et non celui du Bon Dieu qui vous donné l’argent, wala ? Tô, on verra ça dans l’autre monde !… ».
Devant une telle imposture, je n’ai pas eu d’autre choix que de lui suggérer que, tout gaillard et si bien portant qu’il, il ferait mieux d’aller chercher un vrai travail au lieu de venir agresser les gens. Ce à quoi il me rétorqua qu’être mendiant, c’est aussi un métier.
Et voilà tout le problème ! Il se trouve qu’à Niamey, des gens bien portant, parce que obnubilés par le goût du gain facile, ont décidé de vivre et de s’enrichir sur le dos des autres personnes qui, elles, triment quotidiennement au travail pour gagner leur pitance. Sachant qu’aucune société qui aspire au progrès ne saurait cautionner la fainéantise d’une bonne partie de ses bras valides, la récente mesure des autorités de la Ville de Niamey visant à interdire certaines formes de mendicité qui frisent l’arnaque mérite d’être encouragée et soutenue.
Assane Soumana(onep)