Là, ça commence vraiment à bien faire ! Vous avez sans doute remarqué qu’à Niamey, et peut-être même dans les autres villes du Niger, les jeunes filles ont dégoté une nouvelle trouvaille, cette fois-ci très plaisante et moins coûteuse, pour agrémenter les réjouissances de mariage. Nous parlons ici de cette nouvelle partie de détente dénommée ‘’party kaouyawa’’ où la ‘’partie (ou le jeu) des villageoises’’.
Cette pratique consiste, pour les amies de la jeune mariée à organiser, à la veille du mariage, une belle fête au cours de laquelle elles s’habillent, chantent et dansent en style typiquement villageois. Chacune s’habillant selon son identité ethnique ou son inspiration, les jeunes filles offrent un spectacle très coloré d’un Niger en miniature, avec les modes vestimentaires et les maquillages de presque tous les groupes ethniques du pays. Avec ces habits et les maquillages traditionnels, vous aurez du mal à reconnaitre votre propre fille. Et pour chanter et danser, les jeunes filles n’ont pas besoin de dépenser gros en faisant appel aux services d’un orchestre ou de joueurs de tam-tam. Il leur suffit de taper dans de gros bidons vides et de taper des mains, comme ça se passe à la place publique du village, pour créer une belle ambiance. Prises d’une certaine euphorie, elles exécutent des pas experts de danse traditionnelle, sans trêve ni répit jusqu’à épuiser leurs énergies.
Il est vraiment heureux de constater que cette même jeunesse citadine, qui est déjà partie trop loin dans l’acculturation en adoptant des pratiques aux antipodes de nos traditions culturelles, ait pris conscience par elle-même de la nécessité de faire un retour aux sources. Car, cette mode de ‘’party kaouyawa’’ actuellement très en vogue à Niamey n’est rien d’autre que l’expression d’une volonté manifeste de nos jeunes sœurs de s’investir en faveur de la préservation, la promotion et la valorisation des valeurs traditionnelles très riches que nous ont léguées les ancêtres.
Parce qu’elles ont réalisé que nous sommes allés très loin en nous éloignant de notre propre culture, les jeunes filles ont créé le ‘’party kaouyawa’’. Il nous revient à tous de les encourager dans cette initiative qui doit faire tâche d’huile partout au Niger, et même chez les hommes. Car, elle participe d’un élan visant à redonner à nos valeurs culturelles toute leur authenticité et leur vivacité. N’oublions pas que, comme l’a dit le célèbre chanteur mauricien Bruno Raya, «un peuple sans culture, c’est comme un arbre sans racine». Et pour ça, bravo les filles !…
Assane Soumana(onep)