Le Département de Bilma, environ 750 km de la ville d’Agadez, chef-lieu de la région, fait face à de multiples défis. Son enclavement (aucune infrastructure routière) et la difficile traversée du Sahara pour s’y rendre (terrain impraticable et le grand banditisme) sont les principales causes de l’augmentation des prix sur tous les produits et services payants. Une situation qui a trop duré. Ni les appels, ni les messages, ni les plaidoyers et moins encore les déclarations des populations et de la société civile locale, n’ont rien changé à la situation. Aujourd’hui, les prix de tous les produits de première nécessité font le double ou le triple des prix au plan national. Une situation qui s’explique en grande partie par le coût élevé du carburant.
Aujourd’hui, la question la plus préoccupante pour cette population, c’est la cherté du carburant et du gaz domestique. Tous les analystes au niveau local s’accordent sur le fait que le seul motif de cette cherté de la vie à Bilma, c’est le coût élevé du carburant dont le prix du litre varie selon les localités et les périodes de 1.000 fcfa à 2.500 fcfa, soit le double, voire le triple du prix à la pompe qui est de 540 fcfa. Le carburant est la principale condition pour les transports et les coûts des produits sont pratiquement liés au transport. D’Agadez à Bilma, chef-lieu du Département, la consommation du carburant est estimée à 480 litres aller-retour. Les frais de transport par passager sur l’axe Agadez-Bilma tournent autour de 50.000 fcfa pour les véhicules. Alors, qu’en est-il des destinations des localités comme Dirkou, Fachi, Djado par exemple ?
Depuis sa prise de fonction en qualité de préfet du Département de Bilma, le Cdt Amadou Torda fait de l’amélioration des conditions de vie de ses administrés une de ses principales priorités. Ainsi, outre les rencontres et les consultations qu’elle a engagées et qu’elle maintient au niveau régional avec le gouvernorat et le Conseil Régional, mais également et surtout avec les autorités municipales, les chefs coutumiers, les leaders religieux et les autres couches sociales des 4 Communes du département, la préfecture, sous la conduite du Cdt Amadou Torda, prospecte toutes les perspectives et les opportunités qui s’offrent à elle en vue de chercher les voies et moyens d’accompagner cette population très résiliente à tout point de vue.
Il faut noter que cette vaste portion du territoire national est principalement ravitaillée en certains vivres, produits et divers articles à partir d’Agadez et de la Libye. Ces derniers mois, la cherté des prix se fait sentir dans les foyers. Presque tous les produits, y compris ceux de première nécessité, c’est à dire les denrées alimentaires connaissent une flambée sans précédent. A titre illustratif, le sac de mil de 50 kg ou celui du maïs coûte en moyenne 20.000 fcfa sur le marché de Dirkou ; le litre d’huile de consommation humaine est à 1.400 fcfa ; le prix du sac de riz de 25 kg oscille entre 18.000 et 20.000 fcfa ; les aliments bétails (tourteaux, feuilles de haricots et son) sont rares et se vendent en moyenne à 14.000 fcfa les 50 kg dans le département.
Selon le Secrétaire général du département de Bilma M. Abbagana Elhadji, l’absence de station-service formelle fonctionnelle dans le département est l’une des principales causes des prix élevés des hydrocarbures. Cette fréquente rupture du carburant a favorisé la spéculation au niveau des points de vente ambulants. A cette situation s’ajoute l’insécurité sur les axes routiers où il arrive fréquemment que des camions transportant des vivres soient attaqués et pillés par des braqueurs, sans oublier le coût élevé des transports des marchandises. « L’insécurité dans le sud libyen perturbe gravement le ravitaillement du marché de Dirkou en produits provenant de la Libye. Cette drastique diminution de ravitaillement dudit marché depuis la découverte de l’or au Djado, fait que la plupart des camionneurs privilégient les axes directs : Agadez-Téhiyan (très grand marché situé à 70 km au Nord de Chirfa au Djado) et l’axe Libye-Téhiyan. Cette situation contribue à l’isolement du Sud Djado, de Bilma et de Fachi dans le circuit d’alimentation puisque ces communes se ravitaillent en particulier sur le marché de Dirkou », a déclaré le Secrétaire Général du Département de Bilma.
Les coûts ne sont pas moins prohibitifs pour le gaz domestique. En effet, une bouteille de 12 kg oscille entre 10.000 et 12.000 fcfa à Dirkou ; 15.000 fcfa au Djado. Cette situation impact négativement les cultures maraichères parce que les motopompes fonctionnent à base du Gaz. Dans la perspective de trouver une solution à la hausse des prix du carburant et du gaz, l’espoir de la population de Bilma repose sur les épaules bienveillantes du PDG du Groupe SOS, qui a été sensible récemment à la préoccupation de cette même localité en lui offrant une ambulance neuve. « Pour le ravitaillement régulier en carburant et en gaz domestique du marché de Dirkou nous comptons sur l’opérateur économique Elhadji Assalih Ari dit Saley Boss, en collaboration avec le Conseil Régional et les autres autorités et personnalités, avec l’appui de l’armée pour assurer la sécurité des camions. Cette mesure permettra, dans l’immédiat, de freiner la spéculation des prix des hydrocarbures dans le département et par l’effet d’entrainement se répercuter sur les prix de transport des marchandises et des passagers. Ce qui contribuera de fait à la baisse en particulier, des prix des produits alimentaires pour le plus grand bonheur des populations locales », a expliqué M. Abbagana Elhadj.
Cette heureuse perspective de rendre disponible le carburant et le gaz à Dirkou par la construction d’une station de vente de carburant (essence-gasoil) et l’implantation d’un dépôt permanent du combustible gazeux, est fortement attendue par la population éprouvée déjà par plusieurs autres préoccupations. La mise en service d’une station permettra également de mettre définitivement fin aux spéculations et aux récurrentes ruptures de ces produits.
Il faut noter que, par simple coïncidence de l’aboutissement des démarches des autorités, ou par effet de l’information, l’un des opérateurs téléphoniques (Zamani) a rétabli ses services dans la commune Urbaine de Bilma. En effet, le vendredi 1 mars 2024, un reportage a été publié dans les colonnes de l’hebdomadaire Sahel Dimanche, de la même date, faisant cas des difficultés des habitants de Bilma pour communiquer avec le reste du pays suite à la coupure de tous les réseaux durant plusieurs mois.
Ali Maman ONEP/Agadez