L’opération de vente à prix modéré des céréales est en cours dans toutes les régions du Niger, suite au lancement national solennel fait à Filingué, en marge de la 7ème édition du festival Dokin Iska. Cette année, la vente ne se fait plus sous la conduite des municipalités, même si elles ne sont pas exclues de l’organisation, mais sous l’autorité et la supervision des gouverneurs et des préfets. Aussi, en plus du tonnage régulier prévu pour combler l’indisponibilité des céréales pendant la soudure, des acquisitions supplémentaires ont été faites et continuent progressivement, sur fonds propres de l’Etat, afin d’atténuer les difficultés de la vaillante population nigérienne éprouvée, d’abord par un déficit de production, puis par l’embargo. Dans cet entretien exclusif, le Directeur Général de l’Office des produits vivriers du Niger (OPVN), le Colonel Sidi Mohamed explique les enjeux et les particularités de la présente opération vente à prix modéré.
Monsieur le Directeur Général, la vente à prix modéré des céréales vient de débuter sur l’ensemble du pays, alors que la dernière campagne agricole a été déficitaire et que les ménages nigériens subissent une cherté généralisée de vie. expliquez nous les enjeux de cette opération.
L’Office des produits vivriers du Niger (OPVN) est l’un des outils qui garantissent la souveraineté alimentaire. Nous sortons d’une période extrêmement difficile. L’embargo injuste imposé à notre pays a accentué l’envolée des prix des produits de première nécessité dont les céréales. Nos commerçants qui, pour certains la citoyenneté, l’amour du prochain, le sens du devoir patriotique, ne sont que vains mots, n’ont pas permis d’amoindrir, d’assouplir la contrainte à notre vaillante population. L’opération de vente à prix modéré c’est surtout pour permettre à cette vaillante population de faire face à la période de soudure. Comme vous venez de le dire, la saison passée a été déficitaire. Et c’est une tradition, chaque année de procéder à cette opération de prix cassé, à travers tout le pays, en cette période difficile, afin de permettre aux ménages de pouvoir supporter et surmonter la soudure. Le lancement national est intervenu solennellement au début du mois de mars 2024, à Filingué, en marge de la 7ème édition du festival Dokin Iska. Après, cela a été suivi d’une série de lancements de l’opération dans toutes les régions. C’est au total 120.000 tonnes de céréales qui seront vendues, progressivement en 7 phases, entre mars et septembre 2024. La tonne de mil, maïs tout comme celle du sorgho, revient à 130.000 FCFA, en raison de 13.000 FCFA le sac de 100kg, soit un peu plus de 50% de réduction par rapport au prix actuel du marché. Le sac de 25 kg de riz est vendu au citoyen à 13.500FCFA.
Au regard du contexte particulier, est-ce que l’OPVN a pu s’approvisionner et acquérir le stock nécessaire pour pouvoir répondre à la hauteur des attentes ?
Il est question pour nous d’assurer les tonnages nécessaires de produits vivriers à même de combler le gap du besoin du pays. Tout à fait ! L’effort de l’Office des produits vivriers du Niger pour la mise à disposition des céréales est fait en amont. Les stocks ont été reconstitués, suites aux précédentes opérations, sous l’impulsion du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani et du Premier ministre M. Ali Mahaman Lamine Zeine. Tout le gouvernement s’est attelé à créer, chacun des secteurs et services en ce qui le concerne, les conditions pour la réussite de cette opération de vente à prix modéré. Les stocks ont été pré-positionnés bien avant, dans toutes les régions. La reconstitution des stocks a été prompte et les produits vivriers sont en quantité et en qualité suffisante, à des prix battant toute concurrence.
Quelles sont les dispositions prises pour que l’opération puisse profiter véritablement aux ménages, sans risque de voir des lots finir dans les magasins des véreux commerçants ?
Dans le temps, la tâche était confiée aux collectivités décentralisées. Les ventes se faisaient dans les mairies. Nous avons changé, cette fois ci. Aujourd’hui, la vente se fait sous l’autorité des gouverneurs et des préfets. Ils sont tenus de veiller à ce que ces céréales ne soient pas revendues, que l’opération puisse profiter justement et équitablement aux populations. La vision du Président d CNSP par rapport à cette opération c’est de voir tout se faire dans la transparence. Que chaque nécessiteux en bénéficie. Les orientations ont changé. Le ton est donné par le Chef de l’Etat. L’opération est lancée. Toutes les dispositions sont prises afin que les céréales parviennent à ceux à qui elles sont destinées, pour que la vente à prix modéré des céréales soit transparente, juste et équitable.
Le riz reste et demeure l’un des produits les plus consommés par les populations nigériennes. Quel est le défi qui se pose à l’OPVN par rapport à ce volet ?
Pour le riz, au-delà du stock initialement prévu, l’acquisition de plusieurs tonnages supplémentaires continue. La vente se poursuivra, jusqu’à un équilibre des prix sur le marché. C’est une question qui préoccupe. Il y a des solutions à court, moyen et long terme. La vente à prix modéré en est l’immédiate. Vous voyez, la semaine dernière la réhabilitation des périmètres irrigués de Diffa a été lancée. Pleines d’autres initiatives concrètes sont envisagées. L’Office national des aménagements hydro-agricoles (ONAHA), Riz du Niger (RINI) le ministère de l’agriculture, l’OPVN et toutes les structures nationales du domaine, nous sommes à pied d’œuvre pour la souveraineté alimentaire.
Quelles sont, entre autres, les particularités de l’opération de vente à prix modéré de cette année ?
La vision du CNSP, la vision du Chef de l’Etat, comme je disais tantôt, c’est de faire en sorte que les céréales, ces produits de première nécessité soient accessibles partout dans le pays, à tous et de manière juste, équitable et dans la transparence. C’est un moment très particulier. Nous en sommes conscients. Nous suivons avec beaucoup d’attention et de près la vente où qu’elle se fasse. Et nous ne dérogerons sur aucune des dispositions, pour que personne ne puisse toucher à un grain, en dehors du citoyen à qui il est destiné. Nous avons renforcé les capacités dans nos différents magasins, sur l’ensemble du territoire national.
Quelles sont vos attentes par rapport au comportement des citoyens et comme ?
Nous demandons à la population d’avoir des comportements citoyens, responsables. Un citoyen responsable, c’est un citoyen qui est conscient de l’enjeu, parce que cette période-là c’est une période de quête de la souveraineté nationale. Notre pays traverse une période extrêmement difficile. Comme j’ai l’habitude de le dire, la souveraineté a un prix, nous devons rester unis et solidaires, faire corps face à toute adversité, face à toute contrainte. Le combat, il est loyal. Il est dur certes, mais nous allons l’emporter. Il nous faut travailler. Un pays ne peut se développer lorsque les gens ne se lèvent pas pour travailler. Nous allons faire tout de nous-mêmes. Nous allons acquérir tout de nous-mêmes au lieu de tendre la main à d’autres pour qu’ils nous aident à nous nourrir. Nous devons le faire nous-mêmes et nous devons trouver les moyens pour produire et nous nourrir nous-mêmes. Notre pays est vaste, avec d’énormes potentialités agro-sylvo-pastoraux et halieutiques. Nous allons nous nourrir nous-mêmes. C’est nous qui allons le faire. La responsabilité citoyenne est fondamentale pour la quête constante de la souveraineté.
Propos recueillis par Ismaël Chékaré (ONEP)