
Commandant Efared Abdou
Les plastiques font partie intégrante de notre vie de tous les jours, mais leur utilisation n’est pas toujours adéquate, ce qui engendre un gaspillage de ressources essentielles et nuit à notre environnement. La consommation excessive de plastique et la mauvaise gestion des déchets représentent un danger croissant, conduisant à l’engorgement des décharges, la pollution des points d’eau et menaçant les écosystèmes, avec des répercussions négatives sur des secteurs cruciaux de l’économie. Dans cet entretien, le directeur départemental de l’environnement de Konni évoque, entre autres, les préoccupations relatives à l’environnement en ville et au niveau des communautés rurales, notamment les problèmes de gestion des déchets, la dégradation des sols, la surexploitation des ressources végétales, la coupe abusive du bois, les solutions envisagées pour y faire face.
La question de l’environnement a toujours été au centre des programmes et des plans de développement des pays. Quels sont les problèmes environnementaux auxquels est confronté le département de Konni ?
Merci beaucoup à l’ONEP de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur la situation de l’environnement au niveau du département de Konni. Tout d’abord, il faut distinguer l’environnement urbain, l’environnement au niveau de la brousse et des autres communes rurales notamment. La ville de Konni fait face à un problème majeur de gestion des déchets, publics et privés, qui sont souvent dispersés de manière irresponsable, allant jusqu’à transformer des mares en décharges. Les habitants génèrent une quantité considérable de déchets, rendant cruciale la question de leur traitement final, car il y a des difficultés dans leur collecte et leur élimination appropriée. Il est vrai que la mairie fait des efforts, mais ce n’est pas suffisant. La ville de Konni a été un foyer de choléra, et d’ailleurs qui est en train de sévir. En plus d’être une maladie hydrique, elle est aussi une maladie liée à la santé de l’environnement. La zone où cette maladie sévit le plus est le quartier ‘’Mou Wadata’’ un quartier qui est vraiment très insalubre. Dans cet endroit, se trouvent une mare où une grande partie des déchets produits par la population sont jetés, ce qui peut à la longue devenir un foyer pour les moustiques. Aussi, les gens utilisent l’eau de cette mare pour leurs besoins ménagers (baignade, lessive, vaisselle), presque tout ce qui est activité quotidienne. En plus de la question des déchets, à Konni comme d’ailleurs un peu partout dans nos villes, les systèmes d’évacuation d’eaux usées n’existent pas. Même à Niamey, les eaux usées sont directement déversées dans le fleuve. Et ici, les eaux usées vont directement dans les caniveaux qui sont initialement construits pour l’évacuation des eaux de pluie. À cela s’ajoute le manque d’entretien, car pour la majorité des cas les caniveaux ne sont pas curés. Nous sommes également confrontés à un problème de coupe abusive du bois par différents usagers.
La mauvaise gestion des déchets plastiques a des conséquences négatives sur la santé humaine et l’environnement ; alors, est-ce que la direction de l’environnement a prévu des mesures de recyclage de ces déchets pour protéger la population de Konni ? Si oui, est-ce qu’il y a des résultats enregistrés ?
La majorité des actions liées à la gestion des déchets se passent à Niamey, car nous n’avons pas de partenaire qui nous appuie dans cette initiative. La gestion relève de la mairie et cette dernière n’a pas les moyens. Nous n’avons pas d’unité de recyclage malgré que nous produisons chaque fois des déchets. Ces déchets, si nous avons l’unité, peuvent être recyclés en beaucoup de choses qui pourront servir la population. Par exemple, ils peuvent être transformés en pavés, en ustensiles de cuisine. Donc par rapport à cela, la ville de Konni a une très grande attente. Je lance un appel, pour qu’on nous appuie parce que les déchets provoquent d’énormes dégâts.
La dégradation des sols provoquée par la déforestation est un des problèmes environnementaux que vivent beaucoup de zones ; le département de Konni est-il affecté par cette situation ?
Dans le département de Konni, nous avons une importante concentration de la population qui a un grand besoin par rapport à la consommation du bois-énergie (de chauffe). Les gens sont obligés de se rabattre sur nos maigres ressources. Les éleveurs aussi abattent les arbres pour leurs besoins de pâturage et autres, ce qu’on appelle le pâturage aérien. Et de l’autre côté, Konni est une zone agricole, nous disposons des champs mais, malgré tout, il y a des espaces qui sont réservés aux éleveurs et ces endroits sont confrontés à d’innombrables problèmes. À cela, s’ajoute la dégradation des aires, c’est-à-dire qu’elles ne produisent pas la paille adaptée aux animaux. Le département de Konni dispose de beaucoup de mares (points d’eau), dans lesquelles est pratiquée la pisciculture. Mais, malheureusement, ces mares sont confrontées à de multiples problèmes dus à la pollution ou l’ensablement qui sont des obstacles pour le bon développement de la pisciculture et de la pêche. Voilà un peu le résumé des maux auxquels nous faisons face, car les problèmes sont énormes.
Quelles sont les solutions envisageables pour faire face à toutes ces préoccupations ?
Nous avons mis au point deux (2) mécanismes, à savoir la brigade qui mène des patrouilles pour arrêter et sanctionner les auteurs et co-auteurs, parce que la coupe du bois de manière illégale est une infraction punie par la loi. Nos agents font la brigade, la ronde, malgré la grande superficie du département, mais tout de même ils font des efforts.
La deuxième chose, c’est la sensibilisation. Nous menons constamment des campagnes de sensibilisation à l’endroit de la population pour les rediriger vers d’autres ressources alternatives telles que l’utilisation du gaz domestique, l’utilisation du charbon et un peu la promotion de ce que nous appelons la régénération assistée. C’est-à-dire qu’au niveau des champs, il y a des partenaires qui nous appuient pour sensibiliser et aider les propriétaires terriens à entretenir et à préserver les arbres qui s’y trouvent. Nous avons aussi des mesures incitatives, avec l’appui des partenaires, qui consistent à récompenser tous ceux qui entretiennent et préservent, ou plantent des arbres au sein de leurs champs ; et aussi à faire visiter (voyage d’études) aux autres les lieux où cette activité a réussi. Donc, voilà ce qu’on fait par rapport à cette coupe abusive du bois, et cela a commencé à porter des fruits, avec la sensibilisation par rapport aux méfaits du déboisement sur notre environnement, sur pratiquement toutes nos activités et même l’agriculture, les conséquences des changements climatiques qu’apporte la déforestation. Nous faisons beaucoup d’efforts, même si c’est un peu compliqué d’éradiquer le fléau. Mais quand même, nous continuons dans le processus de changement de mentalité, par rapport à cette question.
L’environnement est un secteur très important, toute activité que nous allons faire, tant que nous n’avons pas un environnement sain, cela peut compromettre notre développement. C’est pourquoi le Ministère de l’environnement, avant d’organiser une activité quelconque, effectue des études pour déterminer si l’activité n’aura pas des impacts négativement sur la santé, le bien vivre des gens. La question du changement climatique est aussi une réalité, c’est une réalité que nous visons. Cette année, la majorité des choses que nous avons vécues et que nous vivons sont liées à notre comportement, vis avis de notre environnement. L’environnement est vraiment un enjeu pour notre quotidien, nous devons le préserver et le protéger.
Interview réalisée par Fatiyatou Inoussa (ONEP)