Comment Zinder vit-il la fermeture de la frontière nigéro-nigériane ? La réponse du directeur régional du Commerce et de la Promotion du Secteur Privé de Zinder, M. Abdou Gado Aboubacar, est surprenante mais sans équivoque : « bien qu’officiellement la frontière soit dite fermée, il n’en demeure pas moins que les relations commerciales continuent d’être entretenues entre nos deux pays. En effet, seuls les flux et volumes des transactions économiques ont connu un ralentissement ou une baisse, au vu de la manière dont s’effectuent à présent les opérations d’importations. Si avant la fermeture de la frontière, les produits et les personnes entrent et sortent sans entraves majeures, de nos jours, les chargements des marchandises sont effectués en territoire nigérien qui est approvisionné à travers les petits moyens de transport. De ce fait, les commerçants ont adopté un système de groupages de marchandises consistant à charger dans un seul camion plusieurs types de produits et de propriétaires différents pour déclarer à la douane les produits dont les quantités sont plus visibles ».
Outre cette « stratégie de contournement», « une autre situation qui est aussi observée est l’approvisionnement considérable de la ville de Zinder en produits de large consommation provenant de l’Algérie (probablement au moyen de la fraude vu le contexte d’insécurité et à défaut de statistiques officielles). Il s’agit essentiellement des produits comme les pâtes alimentaires, le lait en poudre, la farine de blé, l’huile végétale, la tomate et semoule, etc. ».
Certes, selon Abdou Gado, « cette pratique n’assure pas à l’Etat un recouvrement efficace des droits et taxes à l’importation d’autant plus que seuls certains articles sont pris en compte au dédouanement. Ce qui, même sans évaluation, constitue ou présente un manque à gagner important ». Mais, se réjouit-il, « si dans le passé les échanges commerciaux de la Région s’effectuaient en majorité avec le Nigéria, face au développement des NTIC et des potentialités explorées, la Région a diversifié ses partenaires et entretient désormais des relations commerciales avec des pays européens, asiatiques et dans certains cas avec les Etats Unis ».
Evoquant les types d’activités commerciales exercées à Zinder, le directeur régional du Commerce et de la Promotion du Secteur Privé indique que « les activités commerciales exercées au niveau de la Région de Zinder au plan interne, dont une grande partie exerce dans l’informel, relèvent du domaine du petit commerce, du Commerce Général et même de certains commerces règlementés, vente des produits manufacturés et/ou des produits de grande consommation, la commercialisation des productions agro-sylvo-pastorales et des prestations des services. En commerce extérieur, les importations portent beaucoup plus sur les produits industriels et les exportations de la Région concernent essentiellement les produits agropastoraux, (le bétail et niébé) et, avec la présence de la SORAZ, les produits pétroliers ».
Reste que, et c’est heureux, « le commerce transfrontalier avec le Nigéria est largement développé et entretenu à travers une Cellule Technique Locale mise en place dans le cadre de la CEDEAO chargée d’améliorer les échanges commerciaux et la sécurité alimentaire dans le Corridor Zinder-Daura Jigawa-Kano et a pour mission d’instaurer un dialogue permanent et constructif et conduire des plaidoyers autour des thématiques en lien avec la promotion des échanges transfrontaliers », selon Abdou Gado.
Notons que c’est le Service Départemental du Commerce, installé depuis 1981, qui a été érigé en Direction Régionale en décembre 2012 par arrêté 080/MC/PSP/SG. Cette direction, qui compte un effectif de dix (10) agents toutes catégories socioprofessionnelles confondues, dont six (6) cadres, deux (2) auxiliaires et trois (3) appelés du service civique national, « a pour mission essentielle l’information, la sensibilisation et l’encadrement des opérateurs économiques sur les règles et techniques de commerce et conformément à ses attributions, elle est chargée entre autres de l’application de la législation en matière de commerce, prix et protection des consommateurs ; l’instruction des dossiers relatifs à l’exercice de certaines activités commerciales ; la collecte et l’exploitation des données relatives au commerce et à la promotion du secteur privé ; le contrôle de l’exercice des professions commerciales, industrielles et des prestations des services ; la promotion du secteur privé et la lutte contre la vie chère ; la répression des fraudes économiques et financières ; la lutte contre la vie chère et la concurrence déloyale ».
Par Sani Soulé Manzo, Envoyé spécial à Zinder