Le transport du pétrole brut nigérien, le Meleck, via la République du Bénin, pour l’export est encadré par trois (3) accords principaux. Il s’agit de:
- l’Accord bilatéral entre la République du Niger et la République du Bénin, relatif à la construction et l’exploitation d’un système de transport des hydrocarbures par pipeline du 23 janvier 2019;
- l’Accord de Gouvernement Hôte, relatif à la construction et à l’exploitation d’un système de transport des hydrocarbures par pipeline entre la République du Bénin et la West African Oil Pipeline-Bénin Company S.A du 5 août 2019;
- et la Convention de Transport entre la République du Niger et la West African Oil Pipeline-Niger Company, relative au système de transport des hydrocarbures par canalisation; NIGER-BENIN projet Pipeline Export Niger-Benin (PENB) du 15 septembre 2019.
Ces accords qui encadrent le système de transport des hydrocarbures entre le Niger et le Bénin n’ouvrent nulle part le blocage pour quelque motif que ce soit du fonctionnement régulier du système de transport. Aucune circonstance n’est reconnue à une partie prenante à ces contrats d’entraver ce transport. Même un éventuel conflit entre le Niger et le Bénin ne saurait, de droit, justifier une entrave au fonctionnement du système du transport.
C’est dire qu’aucun lien ne peut être fait entre la fermeture par le Niger – pour raison de sécurité – de sa frontière avec le Bénin, et le fonctionnement régulier du système de transport des hydrocarbures par pipeline entre le Niger et le Bénin.
Ainsi, dispose l’article 22.4 des conventions signées par les deux pays avec WAPCO.
Mais que constatons-nous? Depuis le 26 juillet 2023, date de l’avènement du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le Président Patrice Talon multiplie les violations des accords que son pays a souscrits, en usant de subterfuges discréditant sa signature, renforçant ainsi les très mauvais préjugés distillés par les ennemis de l’Afrique sur le non-respect des engagements librement pris.
Alors que le premier navire devant charger le brut nigérien à partir de la plateforme de Sémé était annoncé pour le 16 mai 2024, le Président Patrice Talon a fait convoquer l’Administration de WAPCO-Bénin pour lui notifier l’interdiction d’entrer dans les eaux territoriales béninoises.
La suite de cet épisode malheureux est connue de tous.
Sur proposition de la partie chinoise, acceptée par les Autorités nigériennes, le ministre béninois de l’Energie, de l’Eau et des Mines était à Niamey le 27 mai dernier, dans le cadre de la troisième réunion du comité Inter- Etats de pilotage du Système de Transport par Pipeline, conformément à l’article 10.4 de l’Accord du Gouvernement Hôte.
En marge de cette réunion le ministre béninois a dit être porteur d’un message du Président Patrice Talon au chef de l’Etat.
Sous le prétexte que le Président du CNSP, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, n’a pas accordé une audience audit ministre, ce sont les Inspecteurs nigériens basés sur la plateforme de chargement des navires que la Police béninoise a chassés de leurs postes de supervision et de contrôle.
Pire, le mercredi 5 juin 2024, c’est une équipe de WAPCO-NIGER en mission officielle de supervision et de contrôle des chargements sur demande expresse et insistante de la CNPC, qui est kidnappée par les autorités béninoises sur la plateforme de Sémé, au mépris notamment des dispositions de l’article 29.6 de l’Accord du gouvernement Hôte (AGH).
Il s’agit de :
- Mme Aminou Hadiza Ibra, Directrice Générale Adjointe de Wapco-Niger;
- M. Ismael Cissé Ibrahim, Inspecteur Pétrolier;
- M. Mousbahou Dan Kané, Inspecteur Pétrolier;
- M. Saidou Harouna Oumarou, Ingénieur pétrolier, cadre de Wapco Niger;
- M. Abdoul Razak Djibo, Ingénieur pétrolier, cadre de Wapco Niger.
Il convient de souligner que les trois premiers ont été précédemment mis à la disposition de Wapco Niger par le Ministère du Pétrole.
Toutes ces personnes Kidnappées et gardées en otage ont pourtant pris un vol régulier en accomplissant toutes les formalités aéroportuaires au départ de Niamey comme à l’arrivée à l’aéroport international Cardinal Bernadin Gantin de Cotonou.
C’est par un communiqué de presse du procureur spécial près la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) de Cotonou en date du 6 juin 2024 que le monde entier a appris avec stupeur que ce kidnapping suivi de prise d’otage serait justifié par une prétendue planification d’actes d’atteinte à la sûreté de l’Etat du Bénin.
Les Nigériens et les Chinois se seraient ainsi associés en terre béninoise pour porter atteinte à la sûreté de l’Etat du Bénin en sabotant leurs propres biens!
Comme vous pouvez le constater aisément, sous l’instigation de puissances étrangères, le Président Patrice Talon multiplie les provocations dans la droite ligne de ses agissements hostiles à l’encontre de notre pays, le Niger
A l’évidence, le Président Patrice Talon manœuvre en terrain découvert.
Refusant de prendre en compte les impératifs de sécurité nationale du Niger, il ne dit mot des bases abritant des forces françaises subversives de déstabilisation installées au Bénin, le long de notre frontière commune, bases à partir desquelles les vrais terroristes formés et équipés par des puissances étrangères, mènent des raids meurtriers contre nos forces de défense et de Sécurité et nos populations civiles.
Les chantages, les manœuvres dilatoires et tout récemment le kidnapping suivi de prise d’otage, ne sont en réalité que des pièges usités que le Président Patrice Talon utilise aujourd’hui pour pousser le Niger à la faute et donner ainsi un prétexte à ses commanditaires pour stopper la conquête de la souveraineté et de l’indépendance du Niger et, au-delà, des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
Conquête que les peuples de nos pays sont déterminés à rendre irréversible avec le soutien de tous les peuples épris de paix et de dignité.
En tout état de cause, le Niger entend prendre toutes les dispositions pour obtenir la libération sans conditions de ses citoyens pris en otage, défendre ses droits et préserver ses intérêts vitaux.
De même, la République du Niger et son peuple tiennent pour seul responsable le Président Patrice Talon de toute violation de l’intégrité physique et morale de ses citoyens.
Enfin, il revient à la République Populaire de Chine, partenaire stratégique dans l’exploitation du pétrole nigérien, de prendre ses responsabilités en s’engageant clairement dans le respect de toutes les clauses contractuelles.
Merci de votre attention.