L’utilisation des canaris pour la conservation de l’eau était une pratique traditionnelle couramment utilisée dans les foyers, notamment dans les zones où l’accès à l’eau potable est limité. Les canaris étaient considérés comme des réservoirs d’eau naturels car fabriqués à partir de matériaux locaux et ne nécessitent pas d’énergie supplémentaire pour stocker l’eau. Ils offrent une solution durable et respectueuse de l’environnement pour stocker l’eau dans les zones rurales et urbaines du Niger. Cependant, force est de constater que ces dernières années les bidons d’huiles de 25 litres ont remplacés de façon progressive les canaris dans les foyers, les fada et même dans les mosquées.
Les canaris sont de grands récipients en argile généralement fabriqués à la main. L’eau stockée à l’intérieur s’infiltre lentement à travers les pores de l’argile, ce qui permet de la maintenir fraîche par évaporation et de la rendre plus accessible pour une utilisation ultérieure. L’utilisation des canaris pour la conservation de l’eau au Niger est une pratique traditionnelle et efficace dans les zones rurales et urbaines où les ressources en eau sont limitées. Elles permettent de stocker de grandes quantités d’eau, souvent suffisantes pour répondre aux besoins quotidiens des ménages notamment pour la consommation.
En outre, l’eau stockée dans les canaris conserve sa fraîcheur et reste protégée des contaminants extérieurs. Cependant, il est important de prendre des précautions supplémentaires pour s’assurer que l’eau stockée reste potable et sans contamination en vue de protéger la santé des utilisateurs. Et il convient de noter que les canaris ne sont pas adaptés pour stocker de l’eau potable à long terme, car l’argile poreuse peut rendre difficile la prévention de la contamination bactérienne. Par conséquent, il est préférable de consommer l’eau stockée dans les canaris dans un délai relativement court pour éviter tout risque pour la santé.
Une revendeuse de canaris rencontrée au niveau du rond-point Police Secours où elle étale ses produits et y loge affirme que la durée de la conservation de l’eau avant d’être fraîche est de quelques minutes. Elle précise que l’eau conservée dans un canari n’a pas la même saveur que celle conservé dans un bidon. Cette commerçante se plaint que la vente est déficitaire ces derniers temps. « Nous achetons ces canaris à Boubon, puis nous les transportons jusqu’ici pour les revendre. Mais, ces derniers temps vraiment on n’arrive plus à écouler nos produits comme il y a 6 ans de cela », dit-elle. Pourtant, les prix des canaris restent inchangés et varient en fonction de la taille du canari, de sa qualité et de la teinture faite autour pour l’embellir.
Il est indéniable que l’utilisation des bidons d’huile à la place des canaris pour conserver de l’eau peut sembler une solution de rechange, mais elle peut présenter certains problèmes. Les bidons d’huile peuvent ne pas être aussi résistants ou durables que les canaris conçus spécifiquement pour le stockage de l’eau. Ils pourraient se fissurer, se déformer ou s’endommager plus facilement, menant à une perte d’eau précieuse.
L’utilisation des bidons d’huile en lieu et place des canaris destinés à la conservation de l’eau a des enjeux économiques importants pour les ménages. En effet, les bidons coûtent moins chers que les canaris. Cette situation peut impacter directement le métier de potier qui perd une source de revenus. L’utilisation des bidons précédemment pour stocker de l’huile peut entraîner une altération de la qualité de l’eau. Des résidus d’huile pourraient entrer en contact avec l’eau, provoquant un goût ou une odeur désagréable, voire une contamination.
Les canaris sont généralement fabriqués à partir de matériaux durables comme l’argile, ce qui leur confère une plus grande longévité. Les bidons d’huile, quant à eux, sont en plastique et peuvent se dégrader plus rapidement en raison de l’exposition aux intempéries, aux rayons ultraviolets ou à d’autres facteurs environnementaux. Cela peut entraîner des coûts supplémentaires pour remplacer régulièrement les bidons d’huile endommagés.
Un revendeur des bidons rencontré au niveau du marché Dolé explique comment il arrive à écouler sa marchandise. « Mon souci, c’est de revendre seulement ; pour l’utilisation ça m’importe peu. Nous achetons les bidons de type jaune-clair de 25 litres à 1000 FCFA et le jaune- foncé à 750 FCFA. Et nous transportons ces mêmes bidons à Sokoto au Nigéria en cas de mévente ici au Niger », dit-il.
Dans certains endroits, les bidons d’huile peuvent être plus facilement disponibles et accessibles que les canaris. Cela peut faciliter l’approvisionnement en réservoirs pour la conservation de l’eau, en particulier dans les zones où l’infrastructure de distribution de l’eau est limitée. Les bidons d’huile étant principalement utilisés pour stocker de l’huile, ils peuvent contenir des résidus et ou des substances potentiellement nocifs qui pourraient contaminer l’eau. Il serait donc nécessaire de mettre en place des mesures de nettoyage et de purification pour assurer la salubrité de l’eau, ce qui peut entraîner des coûts supplémentaires en équipement et produits de purification.
Il est essentiel de mener une analyse approfondie des coûts, de la durabilité et de la qualité de l’eau avant de prendre une décision sur l’utilisation des bidons d’huile en lieu et place des canaris. « Je livre de l’eau dans les maisons qui n’ont pas pu se munir d’un robinet. Et je vends le bidon de 25 litres à 25 FCFA, et pour l’hygiène des bidons vraiment j’essaie de faire de mon mieux en rinçant les bidons chaque matin », souligne un revendeur d’eau communément appelé ‘’GA RUWA’’.
Dans l’ensemble, il est fortement recommandé d’utiliser des réservoirs d’eau conçus spécifiquement pour le stockage, tels que les canaris, qui sont adaptés à cet usage et qui garantissent la sécurité et l’hygiène de l’eau sur le long terme.
Rabiou Dogo Abdoul-Razak (ONEP)