Le narguilé ou la chicha est une pipe à eau utilisé pour fumer de tabac. La fumée inhalée est comparable à celle de la cigarette et expose potentiellement les fumeurs aux effets du tabac sur la santé. Ce produit est, de l’avis des spécialistes en la matière, plus dangereux que la cigarette car la chicha délivre l’équivalent de 50 cigarettes en monoxyde de carbone. Et dans une certaine mesure, si l’on prend le goudron, elle va délivrer l’équivalent d’une centaine de cigarettes.
Au Niger, malheureusement, la consommation de la chicha est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur surtout chez les jeunes. En plus d’être vecteur potentiel de maladies, ce produit contient de nombreuses substances nuisibles qui le rendent encore plus dangereux.
Ainsi, la plus part des consommateurs de ce produit sont des jeunes (hommes, femmes) âgé de 15 à 20 ans, contrairement à la génération d’avant. De nos jours c’est très rare de voir un groupe de garçon «fada» sans pour autant constater la présence du dispositif de consommation de la chicha. Les jeunes pensent que la chicha a une sensation agréable mais malheureusement trompeuse.
La consommation du narguilé est un fléau qui concerne aussi bien les garçons que les filles. Malgré l’interdiction de sa consommation par les autorités, la chicha continue à séduire beaucoup des jeunes. Par son mode de consommation qui utilise une même pipe pour plusieurs personnes, la chicha peut être une source de transmission de certaines maladies contagieuses comme la Covid -19, les hépatites, la tuberculose en plus des maladies respiratoires et les cancers auxquels elle expose les consommateurs de chicha.
Melle Yahaya Roukaya, biologiste et spécialiste en toxicologie appliquée, cite entre autres risques qu’encourent les consommateurs de chicha, le cancer de la bouche, des poumons et de la gorge. Cette spécialiste explique aussi que la chicha est encore plus dangereuse au plan social, car la fumée de la chicha est d’autant plus comparable à celle de la cigarette. «Prenons le cas d’un père de famille, celui-ci expose toute sa famille notamment sa femme et ses enfants aux maladies pulmonaires», explique-t-elle.
Elle ajoute que la consommation de ce produit peut conduire à la démence. «Cela est logique du moment où ces jeunes associent souvent la chicha avec de la drogue voire de l’alcool», a déclaré Mlle Yahaya Roukaya. Pour cette spécialiste en toxicologie appliquée, la consommation de la chicha par des jeunes va à l’encontre de notre société et cela déshonore certains parents.
Pour pallier ce fléau, la biologiste a exhorté l’autorité à prendre des mesures drastiques afin d’empêcher cette pratique. Les parents aussi doivent de leur côté veiller aux différentes fréquentations de leurs jeunes enfants et faire de la sensibilisation à travers les médias ».
Un jeune garçon consommateur de chicha qui a voulu garder l’anonymat nous explique comment se fait la préparation de chicha et pourquoi sa consommation. «La chicha est composée d’un petit réservoir recouvert d’un papier aluminium. Ensuite on place un ou plusieurs morceaux de charbon ardents qui consument le tabac, dont la fumée passe dans de l’eau pour enfin de compte être aspirée. La chicha donne une sensation agréable; elle est juste un moyen de distraction. Elle m’aide à oublier mes ennuis, le stress et quel que soit les problèmes qui me dérange», a-t-il confié.
Malgré l’interdiction de la consommation de la chicha dans les lieux publics aménagés par les autorités de la Ville à travers un arrêté datant du 16 septembre 2017, aucun changement n’est hélas observable sur le terrain. Les jeunes continuent à consommer sans gêne.
Nafissa Yahaya (ASCN)